Les études sur la cigarette électronique sont-elles fiables ?

Publié le 28 novembre 2014 à 15h41
Les études sur la cigarette électronique sont-elles fiables ?

SANTE - Les critiques font feu sur une étude japonaise traitant de la cigarette électronique et de la couverture médiatique qui en a été faite. Alors, peut-on faire confiance aux études sur l’e-cigarette ? Quels critères faut-il retenir ? Eléments de réponse.

Les enquêtes scientifiques sur l’e-cigarette sont-elles toutes fiables ? Une nouvelle étude japonaise récemment parue affirmerait en effet que les liquides inhalés par les vapoteurs peuvent contenir des substances cancérigènes, en des quantités dix fois supérieures à celles des cigarettes classiques. Metronews  vous a mis en garde  contre la présentation exagérée de ces travaux, mais, plus généralement, que penser des études sur la cigarette électronique ?

Considérons l'enquête japonaise comme point de départ. "C’est un mauvais papier scientifique", affirme le professeur Bertrand Dautzenberg, président de Office français de prévention du tabagisme et autres addictions (Ofta). L'expert reproche aux scientifiques japonais de ne pas suffisamment avoir décrit les conditions de vapotage de ces cigarettes. "Ils ne disent pas si les cigarettes ont été fumées jusqu’au bout, or, une e-cigarette c’est comme une cocotte minute, quand il n’y a presque plus de liquide cela chauffe", et devient beaucoup plus cancérigène, critique le professeur Dautzenberg. Le Pr Konstantinos Farsalinos, rédacteur externe de l’étude japonaise, a d’ailleurs depuis désavoué l’étude, ou du moins la présentation qui en a été faite.

"Peu d’étude de bonne valeur scientifique sur l’e-cigarette"

Plus globalement, poursuit le professeur Dautzenberg, "il y a peu d’étude de bonne valeur scientifique sur l’e-cigarette", notamment parce que celle-ci n’est commercialisée à très grande échelle que depuis quelques années seulement. On accorde généralement une note de A à D aux études, D étant la meilleure note. Or, selon le président de l’Ofta, il n’existe actuellement aucune étude de niveau D sur l’e-cigarette.

En quelques clics sur Internet, on s’aperçoit d’ailleurs que ces études livrent des informations très contradictoires. Publié en 2011 dans le Journal of Public Health Policy, un de ces papiers  assurait par exemple  que les cigarettes électroniques contiennent "peu ou pas de produits chimiques susceptibles de présenter des risques sérieux pour la santé". Mais  une autre étude , publiée aux Etats-Unis en 2009 par la Food and Drug Administration, mettait quant à elle en garde contre la présence de composés toxiques,  comme le relevait le site FTVi.

L'indépendance en question

"Alors qu'une récente publication grecque tendait à prouver que l'utilisation de cigarette électronique limitait la pénétration d'air dans les poumons pendant une dizaine de minutes après absorption, une autre étude assurait qu'elle ne comportait aucun risque pour le cœur",  écrivait de son côté Le Monde  en 2012.

Reste, au-delà des enjeux scientifiques, que le marché de l’e-cigarette pèse près de 3 milliards d’euros dans le monde et pourrait atteindre 10 milliards d'ici à 2017 . En France, on estime qu'il s’élève en 2014 à 275 millions d'euros. Dans cette mesure, les enquêtes médicales sur l’e-cigarette peuvent-elles être indépendantes, et rester en dehors des pressions ou propositions indécentes des entreprises ? Selon un rapport de l’Ofta rendue public l’année dernière, environ 16% des 111 études études produites sur le sujet depuis 2009 avaient des auteurs ayant des liens connus avec le marché de l’e-cigarette. Près de 2% avaient des liens avec l’industrie du tabac. Toutefois, près de 82% des travaux publiés n’avaient aucun lien connu entre l'un ou l'autre camp.

Un gage d'indépendance, certes, mais qui ne suffit toujours pas à éclairer avec certitude le grand public sur les dangers ou non de la cigarette électronique. Pour le professeur Dautzenberg, une chose est néanmoins sûre : les données existantes sont suffisantes pour affirmer que l’e-cigarette est moins nocive que le tabac.


La rédaction de TF1info

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