JEUNESSE - Une étude menée dans 15 pays dévoile que les stéréotypes de genre sont déjà solidement ancrés chez les enfants dès l’âge de 10 ans. Ce n’est donc selon ses auteurs pas chez les adolescents que les efforts pour les combattre doivent être menés, mais chez les plus jeunes.
Les nombreuses campagnes pour combattre les stéréotypes hommes/femmes chez les adolescents sont-ils inutiles ? C’est ce que tend à laisser penser une étude publiée dans le Journal of Adolescent Health et menée dans 15 pays*, dont la conclusion indique que ces stéréotypes s’ancrent tôt dans la conscience des enfants. Dès l’âge de 10 ans, ils différencient les comportements devant "normalement" convenir aux garçons ou aux filles.
L’étude souligne par la même occasion les dangers que représentent ces stéréotypes. "Les risques en matière de santé encourus par les adolescents sont déterminés par des comportements façonnés par les stéréotypes sexuels", rapporte Kristin Mmari, à l’origine de cette étude (menée en partenariat avec l’Organisation mondiale de la santé et l’université américaine Johns Hopkins).
Les filles passives, les garçons forts et indépendants
Selon elle, ces stéréotypes de genre peuvent notamment encourager les abus sur les jeunes filles, estimées plus "passives". Cela "fait courir un grand risque aux filles de quitter l’école précocement, de subir des violences physiques ou sexuelles, de se marier ou avoir un enfant précocement, être infecté par le VIH ou d’autres maladies sexuellement transmissibles", alerte l’étude.
Côté garçons, ils les poussent à passer du temps hors de la maison, sans surveillance, pour explorer le monde. Ils doivent également se montrer forts physiquement et indépendants, ce qui peut les pousser à se montrer violents ou à consommer des drogues.
Cibler les enfants pour un impact réel
"Nous avons vu des enfants très jeunes, que ce soit dans les sociétés les plus ouvertes ou dans les plus conservatrices, intérioriser très vite ces mythes selon lesquelles les filles sont vulnérables et les garçons forts et indépendants", pointe le directeur de l’étude. "Et ce message est constamment renforcé de façon quasi systématique par la fratrie, les camarades de classe, les professeurs, parents, tuteurs, proches, entraineurs ou membres du clergé".
Combattre les stéréotypes passerait donc par un ciblage plus précoce des enfants, avant l’adolescence. "Des milliards de dollars sont investis dans le monde dans des programmes de santé destinés aux adolescents mais qui ne vont pas les toucher avant 15 ans, ce qui est déjà trop tard pour avoir un vrai impact", conclut Kristin Mmari.
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*(L'étude porte sur 450 pré-adolescents, accompagnés de l'un des parents ou de leur tuteur et a été menée en Bolivie, en Belgique, au Burkina Faso, en Chine, en République démocratique du Congo, en Equateur, en Egypte, en Inde, au Kenya, au Malawi, au Nigeria, en Ecosse, en Afrique du Sud, aux Etats-Unis et au Vietnam).