Loyer, nourriture, coiffeur, café… Paie-t-on vraiment plus cher à Paris qu'en province ?

par Sibylle LAURENT
Publié le 14 avril 2016 à 14h04
Loyer, nourriture, coiffeur, café… Paie-t-on vraiment plus cher à Paris qu'en province ?

LE SAVIEZ-VOUS ? - L'Insee publie une nouvelle enquête sur les écarts de prix entre la région parisienne et le reste de la France. Sans trop de surprise, il apparaît qu'un Francilien dépense plus qu'un provincial. Combien économiserait-il s'il partait en province ? Sur quels types de dépense les changements sont-ils les plus importants ? Metronews vous propose de démêler le vrai du faux sur la question.

On le sait, mais c'est (une nouvelle fois) confirmé : en plus du métro, du nuage de pollution, des espaces étriqués, les Parisiens doivent se coltiner les prix plus chers. Une toute nouvelle enquête de l'Insee détaille les dernières données en matière de prix sur tout le territoire. Combien un Francilien économiserait-il s'il déménageait en province ? Sur quels types de dépenses gagnerait-il de l'argent ? Ou, à l'inverse, dépenserait-il plus ? Metronews vous détaille tout cela, sous forme de vrai/faux.

► L'écart de prix entre Paris et la province n'est pas si élevé que ça
FAUX.
La différence de prix entre la région parisienne et le reste de la France est importante, d'environ 8, 8% d'après l'Insee.  

► Un tiers de la différence de prix est dû au coût des loyers
VRAI.
 Franciliens, vous l'avez constaté : un loyer parisien coûte environ 50% plus cher en région parisienne que dans le reste de la France. C'est d'ailleurs dans ce domaine que l'écart de prix est le plus fort entre Paris et la province. La différence est en revanche plus faible (+ 6, 1%) pour les autres dépenses liées au logement, comme l'eau, le gaz ou l'électricité (les prix sont les mêmes sur tout le territoire), mais aussi sur les services, les réparations, où les écarts de prix sont plus substantiels.

► Il y a peu d'écart sur les dépenses de santé
ÇA DÉPEND CE QU'ON REGARDE. En moyenne, les dépenses concernant la santé sont 6,5% plus chers à Paris que dans le reste de la France. Donc, pas si éloignés. Mais dans le détail, c'est plus nuancé. Ainsi, l'écart de prix est quasi nul pour les médicaments, dont les prix sont grosso modo les mêmes sur tout le territoire. En revanche, les prix grimpent vite à Paris sur tout ce qui est de l'ordre des services de santé (+12%). "Cela traduit notamment le caractère plus fréquent des dépassements d'honoraires en région parisienne", indique Ronan Mahieu, chef du département des comptes nationaux à l'Insee.

► Les Parisiens doivent payer plus cher pour le secteur des loisirs ou de la culture
VRAI.
Paris, ville lumière, ville de culture, OK. Mais pour ça, il faut payer. Pour ce secteur, l'écart de prix est de 6, 6%, en faveur de la province. Si les produits culturels ont relativement le même prix, c'est sur les services (réparation des appareils, services de loisirs culturels et sportifs…) que les Parisiens doivent débourser davantage : + 16, 2%. Quand même.

► Aller chez le coiffeur est bien plus cher à Paris qu'en province
VRAI
. Les prix des salons de coiffure, comme les "autres biens et services" tels que les assurances habitations, ou les actions sociales, sont supérieurs de 9, 9% dans l'agglomération parisienne. Pourquoi donc, alors qu'une coupe de cheveux ne varie évidemment pas d'une région à l'autre ? Sans doute, là encore, le coût du foncier. "Les coiffeurs ont besoin d'un local, qu'il faut louer, et qui est plus cher", explique Ronan Mahieu. "Cet état des lieux joue dans le mode de fixation des prix." Un raisonnement qui marche pour tous les services.

► En matière d'alimentation, les Parisiens paient là encore beaucoup plus cher
FAUX.
Surprise, il y a finalement peu de différences sur ce que l'Insee appelle "le bloc alimentation" : + 6%, que ce soit pour la nourriture à domicile ou au restaurant. Le prix des cafés et des restaurants ne dépassent ceux de la province "que" de 5, 4%. Le différentiel est de même ordre pour les produits alimentaires et les boissons non alcoolisées (+ 6, 4%). Cette "petite différence" peut s'expliquer "par le coût du foncier et du transport, mais aussi par les marges commerciales, qui peuvent intégrer un service rendu plus important", détaille Ronan Mahieu. Exemple : le produit vendu sera peut-être plus cher dans un magasin qui ouvre de 7 heures à 23 heures, que dans un établissement à l'amplitude plus réduite.

► Les transports sont moins chers à Paris
FAUX.
 La différence de prix n'est pas si grande, mais les usagers de l'agglomération parisienne paient 5,7% de plus que dans le reste de la France en matière de transports. Si l'écart est faible pour le transport individuel (voiture neuve, réparation ou carburant), il est plus marqué pour les transports collectifs locaux (+6, 9%). Un écart en partie dû à un maillage et une offre plus denses en région parisienne, d'où un service facturé plus cher. Ah, ce petit plaisir du métro, à l'heure de pointe...

► Il n'y a pas d'écart de prix sur les meubles, l'équipement ménager, l'entretien de la maison
VRAI
. Quand un Parisien a un appartement (même petit), et qu'il veut le meubler, il s'en sort (presque) aussi bien qu'ailleurs. L'écart de prix est modéré : + 4, 2%. En fait, l'explication est simple : ces biens sont les plus souvent vendus par de grandes enseignes nationales, qui proposent des prix homogènes sur tout le territoire. C'est d'ailleurs la même logique pour les vêtements et les chaussures (+2, 9% à Paris par rapport à la province), et le secteur des communications (envois postaux, téléphonie ou internet), et encore les boissons alcoolisées, à cause de la réglementation.


Un petit résumé...
Un petit résumé... - Insee


Au final, ces différences entre Paris et le reste de la France s'expliquent presque toutes à cause d'un même facteur : le coût du foncier. Ce qui crée un vrai cercle vicieux. "Le fait que les terrains constructibles soient plus rares en région parisienne élève le prix du foncier, ce qui se répercute sur les loyers des entreprises, et donc par conséquent dans le surcoût de certains services", détaille Ronan Mahieu. 

> D'après une étude de l'Insee, réalisée sur des prix prélevés en mars 2015. 100 000 relevés de prix ont été fait sur ce mois, croisés avec des tarifs collectés directement auprès d'organismes publics et privés, et l'enquête logement 2013.

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Sibylle LAURENT

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