Maisons closes : ces Françaises qui passent la frontière pour se prostituer en Belgique

Publié le 12 mars 2017 à 20h02
Maisons closes : ces Françaises qui passent la frontière pour se prostituer en Belgique

SEPT A HUIT - Elles sont mères de famille, étudiantes, anciennes employées... Pour elles, la prostitution apparaît comme un moyen de s’extraire rapidement de la précarité. Voici le témoignage de Françaises qui expliquent pourquoi elles passent la frontière pour offrir leurs charmes en Belgique.

Rita n’aurait jamais pensé pousser un jour la porte d’une maison close. Il y a trois ans, cette Française de 42 ans a pourtant rejoint un bordel en Belgique. Un pas difficile à franchir, dicté selon cette mère de famille par l’impasse financière dans laquelle elle se trouvait. Dans sa vie "d’avant", elle et son mari tenaient un restaurant dans le sud de la France. La construction d’une rocade écarte la clientèle, le restaurant ferme. Une spirale infernale se met en marche. Chômage, endettement … 

Rita voit la prostitution comme une solution, la seule qui lui permette de rembourser rapidement un emprunt de 40.000 euros "Au début, je pensais que je n’allais pas y arriver" confie-t-elle à l’équipe de SEPT A HUIT, mais reconnaît : "Quand on voit la première fois l’argent qu’on touche, en si peu de temps, on se dit 'bon allez , mets des œillères et avance". 

Dans un bordel proche de la frontière, elle enchaîne désormais de longues journées : de 10 heures du à 1 heure du matin, les clients défilent. Rita se présente jusqu’à 30 fois par jour à des inconnus – des chefs d’entreprise, des VRP pour la plupart. Son revenu mensuel moyen avoisine les 5.000 euros.

Les Françaises représenteraient 60% des effectifs dans les bordels frontaliers

Comme elle, des centaines de Françaises se prostituent en Belgique où la prostitution dans des maisons closes y est légale. Elles représenteraient même 60% des effectifs dans les bordels de la zone frontalière. Une solution provisoire pour se relancer dans la vie.

Maya est un autre exemple de ce phénomène. Cette Marseillaise de 23 ans a débarqué "en urgence" dans un bar à champagne non loin de la frontière franco-belge. Son obsession : financer rapidement des études couteuses que ses parents ne peuvent assumer.  "Quand on est étudiant difficile de bien gagner sa vie. Il faut toujours sacrifier quelque chose. Ça soulage vraiment quand vous n’avez plus la boule au ventre de savoir si vous allez pouvoir payer le loyer à la fin du mois. " 

En un mois et demi, elle a fidélisé 4 clients qui reviennent régulièrement. "Je n’ai aucune raison d’être triste, j’aide des hommes" estime la jeune femme. Quant à de possibles séquelles psychologiques, Maya rétorque : "C’est un risque à prendre", ajoutant qu’elle espère arrêter la prostitution dans trois mois

Reprendre une vie normale... pour ne plus mentir à ses enfants

Rita, elle se montre beaucoup moins catégorique sur la légèreté des conséquences psychiques qu'entraîne la prostitution. Elle mesure la gêne, les non-dits, la honte qui se sont installés entre elle et son mari. Décrocher, retrouver une vie normale, c’est son rêve le plus cher. Ne serait-ce que pour ne plus mentir à ses enfants. Pour eux, elle est actuellement simple serveuse quelque part en Belgique... 


La rédaction de TF1info

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