Manifs contre la loi Travail : comment sont payés (ou pas) les grévistes ?

Publié le 11 mai 2016 à 21h30
Manifs contre la loi Travail : comment sont payés (ou pas) les grévistes ?

LE NERF DE LA GUERRE – Sept syndicats, dont la CGT et FO, appellent à nouveau à manifester contre la loi Travail jeudi 12 mai, avant de remettre le couvert à deux reprises mardi et jeudi prochains. Au total, cela fera sept journées d'action en deux mois et demi contre ce texte. Un sérieux manque à gagner pour les salariés qui y prennent part.

"Ce n'est pas facile de faire grève parce qu'on risque de perdre sa place. Pour des salariés qui gagnent le Smic, perdre une journée de salaire, ce n'est pas facile", déclarait mercredi matin sur Europe 1 le leader de la CGT, Philippe Martinez, tout en appelant à "durcir" le mouvement contre la loi Travail.

Au total, avec la journée d'action prévue jeudi 12 mai , à laquelle viennent de s'ajouter les dates des 17 et 19 mai, les salariés auront été appelés à manifester à sept reprises pour demander le retrait du texte de Myriam El Khomri. Or, ceux qui y participent savent trop bien que prendre part à des manifestations ou à des grèves coûte cher. Metronews fait le point sur l'impact des journées d'actions contre la loi travail sur la fiche de paie des grévistes.

► La dure loi des retenues de salaire…
Entre les lycéens, les retraités, les manifestants qui ont posé un jour de congé ou de RTT (ou un arrêt maladie pour les petits malins), il est très difficile de savoir combien de personnes, dans les rangs des manifestants contre la loi Travail, sont effectivement des salariés qui exercent leur droit de grève. Mais une chose est sûre : ceux qui le font ne sont pas payés. "Lorsque l'on est en grève, le contrat de travail est suspendu", nous explique Stéphanie Lecocq, experte en droit social à l'Institut supérieur du travail (IST).

Et ce, que l'on soit salarié du public ou du privé, même si les règles pour calculer la retenue sur salaire diffèrent : en résumé, dans le public, on perd 1/30e de son salaire mensuel si l'absence dépasse une demi-journée, alors que, dans le privé, la retenue est strictement proportionnelle au nombre d'heures manquées.

 Les grévistes peuvent-ils néanmoins être payés ?
Toutefois, nuance Stéphanie Lecocq, après une grève longue, des discussions entre syndicats et direction s'engagent pour négocier un accord de fin de conflit. "Afin d'éviter que les grévistes ne voient leur fin de mois plombées, il peut alors y avoir un étalement des jours non payés sur plusieurs mois, la possibilité de poser à la place des jours de congé ou de RTT, voire même un paiement partiel des jours de grève, mais cela ne se fait plus aujourd'hui".

Dans le cas de manifestations d'ampleur nationale comme celles contre la loi El Khomri, ces types de négociations sont "plus délicates", note Stéphanie Lecoq, mais elle estime néanmoins que de telles contreparties (poser des RTT par exemple, en aucun cas une rétribution même partielle des jours de grève) pourraient être trouvés "au cas par cas entre le salarié et les RH" dans les entreprises, et au niveau collectif via les syndicats dans le public.

"Il y a des salariés qui participent aux mobilisations contre la loi Travail et qui défendent en même temps des revendications propres à leur entreprise, souligne de son côté Maurice Marion, responsable communication de la CGT joint par metronews. Le syndicaliste donne l'exemple des cheminots, parallèlement en lutte pour leurs conditions de travail , ou de "ceux qui se battent contre la fermeture de leur boîte ou leur licenciement, que l'on retrouve régulièrement en tête de cortège dans les manifestations en territoire". Pour eux, des arrangements devraient pouvoir plus facilement être trouvés lors des négociations de fin de conflit internes aux entreprises.

► Et peuvent-ils être dédommagés par les organisations syndicales ?
Seul un syndicat, la CFDT, propose depuis de nombreuses années à ses adhérents une " caisse de grève ", qui peut leur permettre d'atténuer le coût d'une mobilisation en leur versant une rémunération minimum. Manque de chance, elle ne fait pas partie des organisations appelant à manifester contre la la loi Travail. "Peu importe, si un membre de la CFDT participe aux journées d'actions contre la loi Travail, il peut être dédommagé par cette caisse, à hauteur d'une vingtaine d'euros par jour de grève, car il suffit d'être adhérent au syndicat pour bénéficier de ce service", assure toutefois Stéphanie Lecoq.

Et pour les autres organisations ? "Nous n'avons pas de dispositif de solidarité mis en place automatiquement, mais lors de grèves longues dans une entreprise, nos structures lancent régulièrement des appels aux dons pour soutenir les salariés et leur permettre d'aller au bout de leur lutte", indique Maurice Marion. Mais dans le cas de journées d'action nationales comme celles contre la loi El Khomri, rien de tel n'est prévu à la CGT.

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Gilles DANIEL

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