Voiture folle à Marseille : le conducteur a-t-il voulu imiter les terroristes ?

Publié le 22 août 2017 à 9h00, mis à jour le 22 août 2017 à 9h23
Voiture folle à Marseille : le conducteur a-t-il voulu imiter les terroristes ?

MIMÉTISME - L'attaque à la voiture bélier qui a tué une personne ce lundi à Marseille est un nouvel exemple d'acte d'inspiration terroriste mené par un déséquilibré. Pour les spécialistes, deux mécanismes permettent d'expliquer ce phénomène, à savoir l'imitation et l'identification. Mais aussi une volonté d'accéder à la notoriété en très peu de temps.

Quelques jours seulement après l'attaque à la voiture bélier de Barcelone, un homme a foncé successivement sur deux abribus à Marseille ce lundi, tuant une femme et en blessant une autre. Si le mobile terroriste ne fait aucun doute dans le premier cas, il a été écarté par la justice pour le second. La raison ? L'auteur de l'attaque de Marseille rapidement interpellé, était soigné dans une clinique psychiatrique. La piste d'un déséquilibré serait également privilégiée selon des sources policières, dans le cas du vigile qui, il y a une semaine, quelques jours après l'attaque de Levallois-Perret, avait foncé avec son véhicule dans une pizzeria du village de Sept-Sorts, tuant une adolescente et blessant douze autres personnes. L'homme, qui avait absorbé une grande quantité de médicaments, ne s'est pas expliqué sur son acte. 

Peut-on pour autant parler de mimétisme ? Et si c'est le cas, quelle est la raison qui poussent ces personnes souffrant de troubles psychiatriques à s'inspirer des méthodes utilisées par les terroristes, à commencer par l'attaque à la voiture bélier ?

Pour Roland Coutanceau, psychiatre et criminologue, "cet aspect particulier du mode opératoire imprègne leur passage à l'acte mais n'est pas la clé du passage à l'acte. C'est simplement la manière dont ils ont choisi de détruire avant souvent de se suicider ou souvent dans un contexte dépressif. "Ainsi, selon lui, si certains déséquilibrés s'inspirent de la méthode, cette dernière n'est pour autant pas l'élément déclencheur. C'est ce qui explique en partie, selon lui, le fait que l'"on ne peut pas parler d'épidémie, ni de contagion."

Une volonté d'accéder à la notoriété

Pour, le Dr Samuel Lepastier, psychiatre psychanalyste, interrogé par Sud-Ouest "il y a un double phénomène : l’imitation et l’identification hystérique à autrui, qui vont de pair. Ce sont des gens qui n’ont pas toujours conscience de ce qu’ils font et qui se mettent à la place de l’autre pour récupérer les bénéfices de cette personne."

"Imitation" et "identification" seraient donc les deux mécanismes à l'oeuvre pour expliquer ce phénomène, mais vient s'ajouter un troisième. "Il y a des personnes qui passent leur journée devant la télé et qui se disent 'tiens, je vais faire parler de moi'," analyse Daniel Chomette, secrétaire général délégué du syndicat SGP de police au micro de LCI. Et de préciser : "On ne peut pas écarter le fait que c'est devenu quelque chose qui peut intéresser un certain nombre de personnes qui psychologiquement sont particulièrement fragiles."

Il n'en demeure pas moins difficile pour les psychiatres de déterminer à l'avance ces passages à l'acte, ces derniers précisant que face à un patient qui évoque une action violente, il n'est pas toujours évident de savoir si c'est une intention réelle ou si c'est  une provocation. 

Conscient et inquiet du phénomène, le gouvernement a lancé plusieurs concertations entre le ministère de la Santé et le ministère de l'Intérieur dont les membres des cabinets se réunissaient, lundi soir, Place Beauvau. Objectif ? Renforcer la vigilance des professionnels de santé en psychiatrie pour mieux identifier les prémices de radicalisation en milieu hospitalier et mettre en place des actions qui visent à tisser des liens entre les professionnels de la psychiatrie et la police.


La rédaction de TF1info

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