Mon père est un "monstre" : les incroyables confessions du fils de Michel Fourniret

par Maud VALLEREAU
Publié le 21 mars 2014 à 13h36
Mon père est un "monstre" : les incroyables confessions du fils de Michel Fourniret

TEMOIGNAGE - Selim est l'enfant de Michel Fourniret, condamné à la réclusion criminelle à perpétuité pour sept meurtres commis entre 1987 et 2001. Pour la première fois, celui qui a grandi à l'ombre d'un tueur en série se confie à VSD.

Il porte le prénom d'un "taulard", l'ex-compagnon de cellule de son père. Son parrain est un braqueur et enfant, il a servi d'appât pour mettre en confiance les victimes de ses parents. Selim est le fruit de l'union diabolique du plus célèbre tueur en série français, Michel Fourniret, et de sa complice, Monique Olivier. Comment vivre avec un tel héritage ? C'est la question qu'un journaliste de VSD est allé poser à ce jeune homme de 25 ans, qui vit aujourd'hui dans le sud de la France sous une nouvelle identité. Une interview fleuve et édifiante sur cette enfance passée avec "l'Ogre des Ardennes"...

Quand on lui demande ce que font ses parents dans la vie, Selim dit répondre : "ils sont morts". Pour lui, il n'a plus de famille : "Ma mère est devenue une inconnue. En aidant mon père à commettre ses crimes, elle a clairement fait son choix. Elle aurait très bien pu ne pas le suivre dans son délire et le quitter. Mais non ! Elle l'a aidé. C'est impardonnable." Il se souvient de ce 26 juin 2003 , où il rentre de voyage scolaire. Il a alors 14 ans. "Sur le chemin retour, ma mère m'a glissé : "Ton père n'est pas là. Il ne va pas revenir avant un certain temps". Le reste, il le découvrira à la télé. Michel Fourniret, qui vient d'être arrêté, sera condamné en 2008 à la perpétuité pour le meurtre de quatre mineures et de trois jeunes femmes.

"J'ai vécu dans le mensonge"

"J'étais loin de m'imaginer qu'ils s'étaient tous deux servis de moi bébé pour appâter une de leurs victimes (Elizabeth Brichet, en 1989)", raconte-t-il au magazine. Longtemps, il a porté le poids de la culpabilité : "Ma vie avec papa et maman : un univers factice (…) J'ai vécu dans le mensonge. Je m'en suis voulu d'avoir pu être aussi naïf. Je savais pertinemment que mon père était bien moins cool que ceux de mes camarades qui prenaient toujours le temps de jouer avec leurs enfants".

Après l'arrestation de sa mère en 2004 pour complicité de crimes - elle sera également condamnée à la perpétuité -, l'adolescent en état de choc est livré à lui-même. Au bout d'une semaine, son oncle paternel finit par venir le chercher. Mais il veut l'envoyer en pension : "Il disait ne pas vouloir abriter sous son toit le fils d'un criminel 'qui est sûrement pareil'", se souvient-il, amer. Son salut, il le devra à son demi-frère maternel, qui l'amène vivre chez lui. "Grâce à lui, je me suis replongé dans les études". Ce père "colérique" à la "personnalité écrasante", il dit ne l'avoir jamais beaucoup aimé. Mais si Michel Fourniret s'est décrit lui-même comme un être dénué de tout 'sentiment humain', son fils nuance : "Il a beau se présenter comme un individu doté d'un QI supérieur, il n'en demeure pas moins un être humain". Et de glisser : "Tout le monde a des sentiments". Mais à la question de savoir si lui aussi pense, comme la police, que le tueur en série peut être encore lié à des meurtres non élucidés, le garçon répond lucide : "C'est fort possible. Je suis certain qu'il n'a pas tout avoué."


Maud VALLEREAU

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