Nantes : le premier resto tenu par des trisomiques lance un appel pour pouvoir ouvrir avant Noël

par Sibylle LAURENT
Publié le 25 novembre 2016 à 12h59, mis à jour le 25 novembre 2016 à 17h45
Nantes :  le premier resto tenu par des trisomiques lance un appel pour pouvoir ouvrir avant Noël
Source : Le Reflet

L’INITIATIVE - A Nantes, le projet du Reflet, un restaurant dont l’équipe est composée en majorité de personnes trisomiques, s’installe doucement. Avant d’ouvrir d’ici à quelques semaines, l’association lance un appel en ligne pour aider à financer les tables de l’établissement.

Les travaux sont lancés, l’équipe est recrutée et… le timing tenu !  C’est le dernier coup de collier pour le Reflet, ce projet de restaurant dont l’équipe est composée en majorité de personnes trisomiques, qui doit ouvrir d’ici Noël à Nantes. 

Mais avant l’ouverture, cette équipe "extra-ordinaire", comme elle se présente elle-même, lance un dernier appel : aider à financer la fabrication des tables du restaurant, spécialement conçues pour pouvoir permettre aux personnes trisomiques de prendre plus facilement la commande. Une collecte a été lancée sur Ulule samedi dernier, qui a d’ores et déjà fait un démarrage… extraordinaire : 70% du montant total de 12 000 euros a déjà été récolté. 

Car dans ce restaurant, tout l'ameublement a été repensé, sous la houlette de Flore Lelièvre, instigatrice du projet, et architecte d'intérieur. Ont ainsi été dessinées de tables, dans lesquelles sont encastrées des visuels des plats à la carte, sous forme de polaroïds, ainsi qu'un tampon-encreur et une feuille, qui servira au client à tamponner ses choix. une solution qui lève le frein des possibles difficultés poiur lire ou compter des personnes handicapées. Simple, mais il fallait y penser. Le montant total de la fabrication s'élève à 7 891 euros, auxquels s'ajoutent le coût des cadeaux du financement en ligne, et de leur envoi. Et au vu du succès de la cagnotte en ligne, il semble que le budget sera bouclé avant la fermeture, dans 18 jours... et que les tables seront prêts pour le premier service !

le Reflet

Ouverture avant Noël

Pour le reste, l’installation du Reflet avance bien, très bien. Même si les impressionnantes photos de murs cassés postées sur la page Facebook du projet peuvent inquiéter, Flore est définitivement confiante. "Les travaux suivent leurs cours. On est bien, on sera dans les temps !" L’idée est d’ouvrir une ou deux semaines avant Noël. L'équipe est recrutée, composée pour l'instant de quatre personnes trisomiques, encadrées par un gérant et un chef.

Promis, l’endroit sera beau, design, soigné, et adapté à cette équipe extra-ordinaire : en cuisine, les postes de travail seront assis, et un code couleur-chiffre permettra de communiquer facilement avec les différentes zones de la salle. Les assiettes ont été moulées avec des empreintes de mains, pour apporter de la stabilité dans le service des plats. Et autour des fameuses tables, sur lesquelles seront installées des photos numérotées des plats, ce sera au client de passer sa commande, en tamponnant son choix de menu sur une fiche. 

Il faut découvrir et de s'habituer à vivre avec la différence !
Flore Lelièvre

Le Reflet s'installera rue des Trois-Croissants, en plein centre-ville de Nantes.  C’était une condition indispensable, pour les porteurs du projet. S’installer là où les gens vivent, circulent, travaillent. D’abord pour intégrer ces personnes trisomiques, souvent cantonnée à des milieux médicalisés, à la société, via un travail en "milieu ordinaire". Surtout, aussi, pour que n’importe quel passant, et pas juste les clients sensibles au handicap, puisse pousser la porte et… vivre autre chose qu’un simple repas : "une aventure humaine", promet Flore Lelièvre. Rien que ça. Tout ça !

Car ce restaurant, basé sur la slow-food avec des menus concoctés par des chefs, a un objectif ambitieux : faire changer le regard sur le handicap. Ce sera donc "un lieu de partage, où l’on vient à la rencontre de l’autre", promet Flore Lelièvre, qui a elle-même un frère atteint de trisomie. Un lieu où l’on vient pour discuter, prendre le temps, se découvrir. La jeune femme en est convaincue : "Des personnes porteuses de trisomie travaillant en milieu ordinaire, il y en a ! Et ceux qui travaillent à leurs côtés ont souvent le même constat : ce sont des personnes joyeuses, au contact direct, et qui arrivent tous les matins avec le sourire". 

Car elle le sent : ce n'est pas forcément des préjugés qui retiennent les gens d'aller à la rencontre des personnes handicapées. Mais plutôt "une gêne, la peur de ne pas savoir comment faire, ou se comporter." Alors son objectif est clair : "Faire disparaître ce sentiment, en permettant à la société de découvrir et s'habituer à vivre avec la différence".

> Pour participer à la cagnotte Ulule, c'est par ici.

> Pour découvrir la page Facebook du Reflet et suivre ses actualités

VIDEO. "Ce n’est pas toi que j’attendais", le livre-témoignage d'un père face à la trisomieSource : JT 20h Semaine
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Sibylle LAURENT

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