Nord : un marché de Noël accueille un montreur d’ours et relance la polémique sur les spectacles d’animaux sauvages

Publié le 23 décembre 2016 à 17h32
Nord : un marché de Noël accueille un montreur d’ours et relance la polémique sur les spectacles d’animaux sauvages
Source : Capture écran/Youtube spectacle de l'ours Valentin

CONTROVERSE – Des associations de protection des animaux s’insurgent contre la venue prévue samedi à Hazebrouck, en Flandres, d’un spectacle de montreur d’ours.

C’est un spectacle qui devient de plus en plus rare, mais qui existe encore : celui de montreur d’ours. Cette année, pour les fêtes de fin d’année, la mairie d’Hazebrouck, dans les Flandres, a eu l’idée de faire appel à tout un panel d’animaux sauvages pour animer la ville : dromadaires, chiens-loups…. Mais une des animations fait plus particulièrement hurler les associations de défense des animaux. Celle de Valentin, ours noir du Canada,  au programme des festivités du samedi 24 décembre devant l’Hôtel de ville.  

Une pétition mise en ligne le 17 décembre dernier avoisine déjà les 40.000 signatures. Les associations à l’origine du texte dénoncent un "triste spectacle où des animaux sont exploités pour notre simple 'plaisir'", et demandent son annulation. Elles pointent notamment les conditions de vie "contraires à la nature" de cet ours, qui se retrouve "privé d’hibernation", soumis au bruit et à l’agitation alors que l’animal est par nature "solitaire et discret". Plus généralement, les associations rappellent les traitements que subissent ces animaux domestiqués et s’inquiètent d’observer une "recrudescence des spectacles présentant des animaux sauvages depuis quelques années" :  "Le dressage repose généralement sur la privation de nourriture", écrivent-elles. "Des coups sont donnés pour "casser l'instinct sauvage" de l'animal en cas de refus d'obtempérer. Ils restent enfermés la plupart du temps dans leur cage, transportés sur de longues distances."

Le maire ne reculera pas

D’après France Bleu, même certains élus, comme l’adjointe en charge de l’Environnement Isabelle Beuraert, condamnent cette pratique, jugée "digne du Moyen-âge".  Mais le maire d'Hazebrouck, Bernard Debaecker, ne souhaite pas faire marche arrière.  "Pour lui, c’est surtout un moyen de faire plaisir aux enfants de la commune", écrit France Bleu. "Il avait d'ailleurs déjà fait venir un ours il y a une vingtaine d'années alors qu'il était président de l'union commerciale." Il y a trois ans, la venue du même dresseur d'ours à Calais avait déjà été dénoncée par une association. 

A l’époque, la Ville s’était justifiée en assurant qu’elle s’était enquise des conditions de vie des animaux présentés.   "Contrairement à de nombreux autres animaux, l’ours présenté n’a pas les dents limées, ne possède pas de muselière, ni d’anneau ", indiquait alors la municipalité de Calais dans La Voix du Nord. Elle signalait que le dresseur sollicité était détenteur "d’un label délivré par l’association française de protection des animaux de travail. Cette labellisation est le fruit du travail d’une fédération de protection animale ". La loi n'interdit en effet pas ce genre de représentation publique, à condition que l'ours ne soit pas maltraité et que le dresseur respecte les consignes de sécurité.

Valentin, ours star

Valentin l’ours noir et son dresseur Frédéric Chesneau ne sont en effet pas des inconnus. L’ours  est même une vraie petite star, habitué des plateaux de cinéma et des pauses photos pour les publicités. Avec son maître, il écume aussi les petites villes pour donner des représentations. 

Au cours de ses spectacles, le dresseur ne se prive d’ailleurs pas d’envoyer des petites piques à ses détracteurs. Comme le montre cette vidéo où l’on voit Valentin brouter gentiment l’herbe, détendu. "Alors il paraît que les spectacles avec les ours ne devraient plus exister, que les ours sont terrorisés à la vue des humains", glisse le dresseur au public. "Ah ben oui. On voit quand même que cela ne lui pose pas trop de problème. Il est né au milieu des humains. Valentin, tu viens me voir ? Allez, mon loulou." 

Une autre émission explore les relations du dresseur et de son animal. Devant la caméra, le dresseur revendique un dressage dénué de toute violence. "Il n’est pas question de recourir aux méthodes classiques de dressage, avec les coups de bâton", assure-t-il. "Je suis son copain, celui qui amène les choses agréables, je ne fais jamais les choses désagréables. Il n’a pas de muselière, pas d’anneau dans le nez, c’est un ours qui a tout ce qu’il faut pour se défendre s’il a envie." Sa méthode à lui, pour faire obéir son ours… Ce sont les bonbons au coca, dont il empiffre la bête. "Notre relation est basée sur la récompense, mais quand je souhaite la donner"... et les petits surnoms et caresses, dont il régale son animal.

Le spectacle de samedi est donc maintenu, mais pourrait être un peu animé. Le collectif Elan a décidé d’organiser une action samedi à Hazebrouck, pour "soutenir l'ours Valentin" en se promenant autour de la représentation pour faire signer la pétition. "Nous serons calmes et même silencieux", promettent-ils sur Facebook. "Nous ne scanderons pas de discours. L'ours étant déjà assez stressé comme ça. L'objectif est que tout se déroule dans le calme, que l'on récolte des signatures et que les personnes exposées au spectacle de l'ours soient en même temps exposés à notre message."

VIDEO. Ils installent des caméras sur les animaux sauvages pour filmer leur quotidienSource : Le Petit JT

La rédaction de TF1info

Tout
TF1 Info