Croix retirée d'une statue de Jean-Paul II à Ploërmel : la Pologne crie à la censure

Publié le 28 octobre 2017 à 22h32, mis à jour le 29 octobre 2017 à 15h25
Croix retirée d'une statue de Jean-Paul II à Ploërmel : la Pologne crie à la censure

LAÏCITÉ - Au nom de la séparation des Eglises et de l'Etat, le Conseil d'Etat a ordonné à Ploërmel, une commune du Morbihan, de retirer une croix surplombant une statue de Jean-Paul II. Une décision qui a fait réagir sur Twitter... mais aussi les autorités polonaises.

Le Conseil d'Etat a confirmé mercredi l'injonction, prononcée en première instance puis annulée en appel, de retirer une croix surplombant une statue de l'ancien pape Jean-Paul II installée sur une place de Ploërmel. La commune du Morbihan, qui compte environ 9.000 habitants, a six mois pour procéder au retrait, la statue en elle-même n'étant pas remise en cause. "Dès lors que la croix constitue un signe ou un emblème religieux au sens de l'article 28 de la loi du 9 décembre 1905 et que son installation par la commune n'entre dans aucune des exceptions ménagées par cet article, sa présence dans un emplacement public est contraire à cette loi", a expliqué le Conseil d'Etat.

La Fédération morbihannaise de la libre pensée et deux habitants de la commune avaient saisi le tribunal administratif de Rennes après le refus implicite du maire de retirer le monument, d'une hauteur de 7,5 mètres, don de l'artiste russe Zourab Tseretel et installée en 2006. Le 30 avril 2015, le tribunal avait enjoint au maire de Ploërmel de faire procéder, dans un délai de six mois, au retrait du monument de son emplacement. 

Une décision annulée le 15 décembre 2015 par la cour administrative d'appel de Nantes qui invoquait une erreur de droit. Le Conseil d'État a en partie donné raison au tribunal administratif en estimant que la croix était contraire à la loi de 1905, qui interdit "d'élever ou d'apposer aucun signe ou emblème religieux sur les monuments publics ou en quelque emplacement public". Contrairement au tribunal, il estime en revanche "que l'arche ne saurait, par elle-même, être regardée comme un signe ou emblème religieux" au sens de la loi. Le Conseil d'État ne se prononce donc pas sur le retrait de la statue en elle-même, la délibération la concernant étant devenue définitive.

Nous sommes heureux de constater que la justice défend la laïcité et la loi de 1905."
Président de la Fédération morbihannaise de la libre pensée

André Le Béhérec, président de la Fédération morbihannaise de la libre pensée, s'est réjoui de cette décision dans Ouest-France. "Nous sommes heureux de constater que la justice défend la laïcité et la loi de 1905. C’est une reconnaissance du droit du privé en rapport avec l’ordre public" a-t-il déclaré.

Quant à l'ancien maire de la ville, Paul Anselin, il a regretté cette décision. "N’est-ce pas un précédent pour enlever toutes les croix mises en place après la guerre ?" interroge-t-il. "En attendant, c’est un coup de massue, une peine terrible. Au-delà de Ploërmel, cette statue est un symbole." "Notre association va organiser une marche interreligieuse en soutien à la statue en décembre, en veillant à aucune récupération politique" a-t-il également annoncé dans Ouest-France.

L'actuel maire de la commune regrette cette décision

L'actuel maire de la commune, Patrick Le Diffon, a quant à lui encore quelques espoirs pour sauver la statue. Selon lui, elle a plus de sympathisants que de détracteurs. Il a indiqué que cette décision "pourrait nous amener à déplacer la statue en rétrocédant l’œuvre à un privé à condition que sa visibilité soit égale. Enfin, je n’exclus pas de porter l’affaire devant la Cour européenne des droits de l’homme". Son prédécesseur lui reprochait d'ailleurs d’avoir refusé l'idée de l’association "Touche pas à mon pape" qui se proposait de racheter le terrain afin qu’il devienne privé. Ainsi, la statue aurait pu conserver sa croix.

"Cette décision est scandaleuse"
Nicolas Dupont-Aignan

Sur LCI, Nicolas Dupont-Aignan a jugé cette décision "scandaleuse. Cette croix, elle est dans l’espace public , elle fait partie de l’histoire du pays. Alors on va enlever toutes les croix qui sont dans notre pays, au détour des petits chemins de campagne, sur des monuments ? On va raser les églises ? Mais enfin, ils sont tombés sur la tête ! Je ne suis pas pour mettre des croix partout (...) mais le signes qui traduisent notre culture et notre histoire…. (...) Ces gens sont complètement fous, vraiment j’insiste là-dessus."

Samedi, de nombreux internautes ont réagi sur Twitter (et notamment des personnalités politiques) pour critiquer la décision à l'aide du hashtag #MontreTaCroix. 

La Pologne, pays d'origine de l'ancien pape, a elle-même réagi samedi par la voix de sa Première ministre : "Le gouvernement polonais tentera de sauver de la censure le monument de notre compatriote, et nous proposerons de le transférer en Pologne, en cas d'accord des autorités françaises et de la communauté locale", a déclaré Beata Szydlo à l'agence PAP.


La rédaction de TF1info

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