"Portiez-vous un soutien-gorge jeudi ?" : une députée canadienne dénonce le harcèlement sexiste

Anaïs Condomines
Publié le 9 décembre 2016 à 19h27, mis à jour le 9 décembre 2016 à 19h38
"Portiez-vous un soutien-gorge jeudi ?" : une députée canadienne dénonce le harcèlement sexiste
Source : Capture d'écran Twitter

SEXISME ORDINAIRE – Michelle Rempel, une députée canadienne, a reçu une lettre anonyme lui conseillant de "cacher sa peau" et de porter, comme les hommes, chemise et cravate. Un courrier qui illustre bien le harcèlement et le sexisme ordinaire dont elle est victime.

Au début du mois de décembre, Michelle Rempel, une députée conservatrice de la Chambre des communes, au Canada, a reçu une missive fort sympathique. Une lettre anonyme – écorchant son nom de famille au passage – et lui donnant des conseils… sur sa manière de se vêtir. Aussitôt, elle poste ce courrier sur les réseaux sociaux.

"Personne ne remarquera votre nuque découverte ou votre décolleté si vous portez une chemise et une cravate comme vos homologues", explique ainsi le corbeau. "Si on peut les voir, c’est que vous le voulez bien. Ne vous étonnez donc pas que les hommes hétéros regardent. Cachez votre peau et les gens vous regarderont dans les yeux. Portiez-vous un soutien-gorge, jeudi dernier ? La Reine n’a jamais porté de vêtements suggestifs et elle est respectée à travers le monde entier. Ou alors, inspirez-vous de Michelle Obama. Je regarde les filles, je regarde les filles… et vous n’êtes pas si mal à regarder. Qu’est-ce que vous disiez, déjà ?"

"Je ne suis plus surprise, simplement agacée"

Contactée par LCI ce vendredi 9 décembre, Michelle Rempel, engagée dans la lutte contre le sexisme en politique, l’assure : ce genre de lettres anonymes, elle en reçoit en moyenne une fois par semaine. "Beaucoup plus régulièrement encore, j’en reçois d’autres qui me traitent de ‘pute’", ajoute-t-elle. "Je ne suis plus surprise, simplement agacée. Je ne laisse plus cela m’atteindre. Mais il faut vraiment que ça cesse."

Ces insultes ou leçons de morale – illustrations parfaites d’un sexisme ordinaire bien installé –, elle en reçoit tout autant sur les réseaux sociaux, à travers ses mentions Twitter notamment. En octobre 2015, elle est même parvenue à faire condamner un homme, originaire de Toronto, à six mois de prison. Le tribunal avait alors estimé que les messages adressés à la députée étaient "ouvertement menaçants pour son intégrité physique et sexuellement explicites". Par la suite, les six comptes Twitter de cet homme de 40 ans, avec lesquels il harcelait Michelle Rempel, ont été supprimés. Mais bien d’autres ont pris sa place depuis.

Le gouvernement s'engage dans une campagne contre le "sexisme ordinaire"Source : Sujet JT LCI
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