L'extrême droite, amie des animaux : vraiment ?

Anaïs Condomines
Publié le 27 avril 2017 à 10h22, mis à jour le 27 avril 2017 à 11h10
L'extrême droite, amie des animaux : vraiment ?

BIEN PRATIQUE – Populistes et autres frontistes, grands défenseurs des animaux ? Oui, quand ça les arrange. Car sous la défense farouche de la dignité animale existe une sensibilité à géométrie variable fort utile.

Ce jeudi 27 avril sur France Inter, Florian Philippot, vice-président du Front national, a réaffirmé la volonté de son parti d'interdire l'abattage rituel en France. "Ce n'est pas nouveau. La production en France devra respecter certaines normes, notamment en ce qui concerne le bien-être animal (...) ça nous semble être le sens de la modernité" a-t-il expliqué. Une préoccupation qui certes est assez ancienne, et ne se cantonne d'ailleurs pas seulement aux frontières du FN.

Autre exemple, en septembre 2013. Un fait divers circule en masse, accusant des personnes d’origine immigrée de tuer des chats avec des pétards, dans la ville de Roubaix (Nord). L’information suscite les réactions indignées des défenseurs des animaux. Mais il s'agit en réalité d'un "hoax" inventé de toute pièce et hébergé sur le site d’extrême droite dreuz.info.com.

Et ces militants sont bien loin d'être les seuls à faire reposer un discours stigmatisant sur la base d'une défense acharnée des animaux. De la même manière, le Bloc Identitaire (groupuscule d’extrême droite)  revient régulièrement et toujours très longuement sur la viande halal et sur "la souffrance, la longue agonie des animaux", une pratique qui, selon le groupe, sert "à financer la construction des mosquées". Fabien Engelmann, maire Front national d’Hayange (Moselle), se prête lui aussi à l'exercice. On se souvient notamment d’un tweet, daté de 2015, où chacun pouvait le voir prenant la pose à côté de quatre moutons, "rescapés de l’Aïd el-Kébir".

Un discours plein de contradictions

Une soudaine amitié pour les moutons qui n’empêche pas ce même édile de célébrer dans sa ville... la fête du cochon. Alors, cette posture n’est-elle qu’une récupération politique en bonne et due forme ? Pour Bénédicte Laumond, doctorante en sciences politiques au centre Marc-Bloch en Allemagne, il s’agit plutôt d’un procédé "bien utile".

Interrogée par LCI, elle explique : "Le lien entre l’extrême droite et la défense de la cause animale n’est pas nouveau. C’est une mécanique qui s’observe d’ailleurs dans différents pays européens. En France, il s’illustre par exemple à travers le combat de Brigitte Bardot, très proche du Front national et qui défend bec et ongles la cause animale."

Un discours plein de contradictions, comme le détaille la sociologue : "On entend rarement les élus FN défendre la cause vegan. Par ailleurs, ils peuvent aussi bien soutenir les pêcheurs et les chasseurs, pas forcément exemplaires en matière de cause animale. En fait, ils voient la défense de la dignité animale au prisme de leurs intérêts politiques." Un phénomène connu donc, enraciné et pas si anecdotique qu'il n'y paraît.


Anaïs Condomines

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