Qui est Mathias Depardon, ce photojournaliste emprisonné un mois en Turquie, "ce pays qu'il adore" ?

Publié le 9 juin 2017 à 16h36
Qui est Mathias Depardon, ce photojournaliste emprisonné un mois en Turquie, "ce pays qu'il adore" ?

PORTRAIT - Le photojournaliste français Mathias Depardon, arrêté pendant un reportage dans le sud-est de la Turquie, où il a été détenu pendant un mois, est en route vendredi pour Istanbul d'où il sera expulsé vers la France.

Il n’a été médiatisé que très récemment. Pourtant, cela faisait un mois, depuis le 8 mai, que le photojournaliste Mathias Depardon était incarcéré en Turquie. 

Le jeune homme, âgé de bientôt 37 ans, était installé dans le pays depuis cinq ans. A son compte, des reportages photos pour divers magazines, tels que le Monde Magazine, Monocle, Elle, Internazionale, The Sunday Times Magazine, ou encore LObs. Lorsqu’il a été interpellé, il réalisait un sujet pour National Geographic dans le sud-est du pays. 

En immersion dans le pays

un reportage sur l'eau dans le cadre d’un projet intitulé "Gold Rivers". Les autorités turques ont saisi ses appareils photo et ses cartes mémoire. Elles le soupçonnent d'avoir fait de la "propagande terroriste" pour avoir diffusé sur les réseaux sociaux des photos prises au cours d'un reportage sur le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK, séparatistes kurde). 

Mathias Depardon a rapidement été transféré dans un centre d'accueil géré par la Direction des affaires migratoires à Gaziantep (sud-est), où il a été retenu depuis, malgré une décision d'expulsion émise le 11 mai. Selon Reporters sans frontières, qui a contribué à médiatiser en France le cas du photographe, il a observé une grève de la faim du 21 au 27 mai pour protester contre sa détention. Ses collègues ont aussi lancé la mobilisation sur les réseaux via le mot-dièse #FreeMathias

Mathias Depardon (qui n'est pas lié au photographe français Raymond Depardon) est né en Belgique et a grandi entre ce pays, la France et les Etats-Unis. Il a fait des études de communication et de journalisme à Bruxelles. Il a brièvement rejoint le journal belge Le Soir avant de se mettre à son compte pour se consacrer au reportage et à son propre travail. Sur son site, le jeune photographe revendique un "processus immersif" et une "approche plus lente" en matière de journalisme, une démarche qui permet des travaux révélant de vraies problématiques sociales, économiques et politique. Le photographe s’intéresse beaucoup aux problématiques migratoires, au Proche et Moyen-Orient, aux habitants qui peuplent ces territoires. ll a d’ailleurs été lauréat de la Bourse du talent en 2011, pour un de ses reportages "Beyond the borders", où il avait suivi des migrants afghans qui traversaient l’Europe. 

Vague de répression en Turquie

La libération semble donc proche pour Mathias Depardon. RSF a indiqué vendredi qu’il était en route pour Istanbul, d'où il sera expulsé vers la France. Cette expulsion survient au lendemain d'une visite de sa mère dans le centre de rétention de Gaziantep, où il était détenu depuis un mois. Le président Emmanuel Macron, qui avait demandé le 3 juin à son homologue turc Recep Tayyip Erdogan le retour en France "le plus vite possible" de Mathias Depardon, s'est félicité ce vendredi matin de la libération du photographe.

Reste que le retour en France aura sans doute un goût amer pour le jeune photographe : sa maman, Danièle Van de Lanotte, avait regretté qu’en cas d’expulsion il quitte "comme un malpropre" la Turquie, "un pays qu'il adore".

La Turquie occupe la 155e place sur 180 au classement 2017 de la liberté de la presse, établi par RSF. Alors qu’une vague de répression sans précédent s’abat sur les médias turcs, plusieurs dizaines de journalistes étrangers ont été expulsés depuis deux ans. Plus de cent journalistes turcs sont toujours emprisonnés.


La rédaction de TF1info

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