Et qui va garder la maison ? En cas de séparation, hommes et femmes ne sont pas égaux

Publié le 17 juillet 2017 à 20h40
Et qui va garder la maison ? En cas de séparation, hommes et femmes ne sont pas égaux
Source : HADJ/SIPA

DISPARITÉS – Quand un couple se sépare, l'un des conjoints conserve la résidence conjugale dans trois cas sur quatre, selon une étude de l’Insee publiée ce lundi. Et dans une majorité des cas, il s’agit de l’homme. Pourquoi les femmes sont-elles lésées ? La faute aux inégalités salariales. Explications.

Jamais (ou rarement) heureuse, une séparation entraîne presque toujours son lot de complications. Parmi celles-ci, la conservation ou non du logement conjugal figure souvent en haut de liste. Qui gardera la maison en cas de divorce ou de rupture de Pacs ? C’est justement la question que s’est posée l’Insee, qui publie ce lundi une enquête sur le sujet. À partir de l’étude de son "échantillon démographique permanent" (un panel d'individus suivis année après année, ndlr), l’institut statistique a notamment pu déterminer que lorsqu’un couple se défait, l'un des conjoints conserve la résidence conjugale dans trois cas sur quatre (75%) dans l’année suivant la rupture. 

Mais l’Insee a surtout pu mettre en lumière que dans une large majorité des cas, c’est l’homme qui reste au domicile tandis que la femme est bien souvent obligée de déménager. Ainsi, dans l’ensemble de la population étudiée, 43% des hommes gardent le logement du couple un an après la séparation, contre seulement 32% des femmes. Dans 5% des cas, les deux restent dans le logement ; dans 20% des cas, aucun des deux ne reste. 

Pour les femmes, la double peine

Pourquoi de tels écart ? "La première des raisons est financière", nous explique Marie Reynaud, responsable du service des études démographiques et sociales de l’Insee, qui a mené cette enquête. "En général, les hommes gagnent plus que les femmes, et pour conserver un logement où l’on vivait à deux ou parfois avec toute une famille, il faut pouvoir en payer le loyer." Inégalités salariales obligent – selon une autre étude de l’Insee, les femmes salariées du secteur privé gagnaient, en moyenne, 14,4% de moins que leurs collègues masculins en 2014 –, la gent féminine se retrouve, de fait, lésée. "Mais au-delà de ce facteur financier, il reste un effet en faveur de l’homme", souligne la démographe, précisant que "celui-ci est cependant difficile à expliquer avec la seule aide des données dont nous disposons".

La contribution aux revenus est le critère le plus important dans la conservation d’un logement
Marie Reynaud, responsable du service des études démographiques et sociales de l’Insee

"Quand l’homme contribue le plus aux revenus (plus de 60%), il garde le logement dans 47% des cas, la femme dans 28%", détaille Marie Reynaud, reprenant les chiffres de l’étude. "À l’inverse, quand c’est la femme qui contribue le plus, la femme va conserver le logement dans 42% des cas, l’homme dans 36%. C’est la preuve que le facteur financier joue", poursuit la chercheuse, jugeant que "la contribution aux revenus est le critère le plus important dans la conservation d’un logement". Il n’est toutefois pas le seul. 

Les inégalités entre hommes et femmes ont la vie dureSource : JT 20h Semaine
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Prime au parent à qui est accordée la garde des enfants

Outre l’âge – également favorable aux hommes qu’ils soient jeunes comme âgés – ou le lieu de résidence – en milieu rural, les hommes conservent le logement dans 56% des cas (34% pour les femmes) contre près de 40% en milieu urbain (près de 30% pour les femmes) –, le parent à qui est accordée la garde des enfants a bien plus de probabilités de rester au domicile. Quand il s’agit de la mère, celle-ci garde le logement dans 41% des cas contre 32% pour l’homme. Quand c’est le père en revanche, celui-ci garde l’habitation dans 55 % des cas, contre 18 % pour la femme. Des disparités qui prouvent, selon les auteurs, de l’enquête, que "même si les femmes ont plus souvent la garde exclusive des enfants, sur l’ensemble des couples avec enfants qui se séparent, l’écart reste favorable aux hommes". 


Alexandre DECROIX

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