Rentrée scolaire, les 10 commandements du bon parent (6/10) - À quel âge, un téléphone tu lui achèteras

par Claire CAMBIER
Publié le 29 août 2017 à 8h30
Rentrée scolaire, les 10 commandements du bon parent (6/10) - À quel âge, un téléphone tu lui achèteras
Source : CLOSON DENIS/ISOPIX/SIPA

DRING - Devoirs, sport, loisirs, vie à l’école, écrans… comment mettre votre enfant dans les meilleures dispositions pour cette nouvelle année scolaire. LCI vous donne quelques conseils pour être le "meilleur" parent d’élève possible. On s'intéresse aujourd'hui au cas du téléphone portable, devenu pour certains adolescents un véritable prolongement du bras...

Dans toutes les cours de collèges et de lycées, il est devenu l'objet phare à exhiber : le téléphone portable. On s'appelle, on s'envoie des textos, on tchatte, on snappe, on joue, bref la plupart des adolescents y passent le plus clair de leur temps libre. Du côté des parents, ce lien virtuel avec l'enfant est souvent synonyme de sérénité : son fils ou sa fille est joignable à tout moment. Mais est-ce bon pour l'enfant ? Faut-il encadrer ce temps passé sur leur téléphone et comment s'y prendre ? LCI tente de répondre à ce casse-tête que rencontrent parents et même professeurs.

L'entrée en sixième, tu attendras

Pour les différents spécialistes, interdire n'est pas la solution mais l'utilisation du téléphone portable doit être encadrée par les parents. Catherine Pierrat, psychologue pour enfants à Nice, estime qu'il est raisonnable d'offrir le premier téléphone pour l'entrée en 6ème. "C'est clairement une étape dans la vie d'un enfant et souvent c'est l'âge où il commence à aller seul à l'école, cela peut donc être rassurant pour les parents", détaille-t-elle. Mais aucune règle n'est figée : "cela dépend surtout du degré de maturité de l'enfant". Georges Brousse renvoie quant à lui à la règle des 3-6-9-12 : pas d’écran avant 3 ans, pas de jeux vidéo avant 6 ans, pas d’Internet non accompagné avant 9 ans et pas de réseaux sociaux avant 12 ans, c'est à dire en 6ème. Un âge indicatif qui ne signifie pas que "tout est joué". Car après l'achat, place à l'encadrement...

Petits et grands sont concernés. La preuve en est au lycée Valentine Labbé de La Madeleine, dans le Nord. A chaque cours, Célia Maciejewski, professeur d'EPS, mène une véritable chasse au portable. "Certains les cachent dans leurs chaussettes ou encore dans leurs soutiens-gorge", raconte-t-elle amusée. "Il y a quelques années, il suffisait de leur demander de les ranger mais maintenant, leur ôter leur portable ne serait-ce qu'une heure est assimilé à la fin du monde !" Elle remarque que depuis environ trois ans, les élèves ont des portables de plus en plus sophistiqués et arrivent de moins en moins à s'en détacher. "Certains m'expliquent qu'ils ne se sentent pas bien de les laisser, qu'ils stressent, ils sont 'addicts'." 

Des risques, tu auras conscience

A l'école, comme à la maison, la jeune génération peut passer des heures, le téléphone greffé sur la main. Le Pr Georges Brousse, chef du service addictologie à l'hôpital de Clermont Ferrand se veut pourtant rassurant : bien souvent "il n'y a pas de pathologie addictive" au sens clinique du terme, mais les conséquences peuvent tout de même se révéler néfastes. Une récente étude menée par le sociologue américain Jean Twenge trace un parallèle alarmant entre l'utilisation massive du smartphone et des troubles du comportement que ce soit au niveau de la sociabilisation, de l'expression des émotions voire même de la motricité.

Avec ton enfant, une charte d'utilisation tu créeras

Au-delà de l'âge, c'est surtout l'utilisation qu'il faut encadrer en mettant en place un contrôle autant quantitatif que qualitatif. Et pour cela une seule solution : en discuter avec son enfant. "Il faut les alerter sur les effets néfastes d'une utilisation abusive et leur expliquer pourquoi", relate Catherine Pierra. Même son de cloche du côté du Pr Georges Brousse. Tout est dans la mesure. Le phénomène d'addiction ne concerne qu'une minorité d'enfants à risque, les cas d'isolement et de dépression ne sont d'ailleurs pas forcément liés à Internet et aux smartphones mais leur utilisation peut l'accentuer. Dans ces cas là, bien évidemment, il ne faut pas tarder à consulter. Mais la plupart des adolescents peuvent comprendre les risques. "On doit aider les jeunes à s'interroger sur les relations aux écrans et à la perte des relations avec les proches au profit des relations virtuelles", indique-t-il. Interdire n'est selon lui pas la solution. "Il faut leur proposer une charte d'utilisation".

Certains parents suivent déjà cette recommandation, par exemple en retirant de la chambre les téléphones au moment du coucher. L'étude menée par le sociologue Jean Twenge, comme d'autres avant elle, montre effectivement que le smartphone peut accentuer les troubles du sommeil. 40% des jeunes américains de 13 à 18 ans dorment ainsi moins de 7h par nuit, contre près de 25% dans les années 90. Habituer les enfants à "décrocher la nuit" peut donc être une bonne option.

Autre mode de contrôle pour les plus jeunes : le type d'abonnement. La psychologue indique ainsi qu’il "n’est pas obligé de prendre un abonnement illimité dès 12 ans", un moyen efficace de conserver le contrôle sur le temps passé à pianoter sur le téléphone.

L'exemple tu donneras

Soyons francs, la question des limites ne concerne pas que les enfants. Les parents doivent montrer l'exemple. Comment expliquer à son enfant qu'il doit se limiter si soi-même on ne décroche pas des réseaux sociaux ou de sa boîte mail ? "J'ai déjà vu des mères donner le sein avec leur téléphone", s'alarme la psychologue pour enfants. Cette société multiconnectée, de l'urgence, touche toutes les générations (ou presque). "Internet est un outil de communication formidable", nuance le Pr Brosse, "mais les risques sont visibles également chez l'adulte". Les cas de burn-out se multiplient, notamment. "Dans les entreprises, on exige aujourd'hui le droit à la déconnexion", de la même façon, ce besoin de déconnexion doit être appris à l'enfant.


Claire CAMBIER

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