Saint-Denis : des enseignants dénoncent des "violences policières" sur des collégiens après l'ouverture d'une bouche à incendie

par Youen TANGUY
Publié le 27 juin 2017 à 15h43
Saint-Denis : des enseignants dénoncent des "violences policières" sur des collégiens après l'ouverture d'une bouche à incendie

POLÉMIQUE - Selon un communiqué publié par les enseignants du collège De Geyter à Saint-Denis, plusieurs élèves de l'établissement ont été victimes de "violences policières" jeudi dernier alors qu'ils "jouaient" autour d'une bouche à incendie ouverte. Contacté par LCI, la préfecture de police a livré sa version des faits.

La semaine dernière, les températures étaient caniculaires en Ile-de-France. Alors, pour faire face à la chaleur, certains avaient pris l'initiative d'ouvrir des bouches à incendie. Ce fut le cas jeudi 22 juin dans l'après-midi avenue Marcel Sembat à Saint-Denis, à quelques pas du collège De Geyter. Une "animation" qui n'a pas manqué d'attirer les habitants du quartier et surtout les élèves de l'établissement qui sortaient tout juste de classe.

Très vite, l'attroupement s'est densifié entraînant des problèmes de circulation. "Le chef d'établissement, des professeurs et un CPE se sont aussitôt rendus sur les lieux pour éviter que les adolescents ne s'approchent trop des lignes de tram et de la route", peut-on lire dans un communiqué publié vendredi par les enseignants du collège De Geyter. Les forces de police auraient ensuite été appelées sur les lieux et se sont positionnées à une vingtaine de mètres du "geyser". 

Contacté par LCI, la préfecture de police de Paris, qui gère aussi le département de Seine-Saint-Denis, a confirmé une partie des faits. "Des policiers étaient en patrouille lorsqu'ils ont remarqué la présence d'une cinquantaine de jeunes à proximité d'une bouche à incendie ouverte sur la chaussée principale". La préfecture confirme que les individus "empêchaient le tramway de circuler normalement et causaient des perturbations sur trois voies de circulation".

Un collégien aurait été "touché à la cuisse"

Selon le communiqué des enseignants, un des policiers aurait alors proposé à l'un d'entre eux la clé pour refermer la bouche à incendie, ce que ce dernier a refusé estimant que ce n'était pas de son ressort. C'est là que la situation aurait dégénéré. Un témoin cité par Le Parisien évoque une bouteille d'eau lancée sur un véhicule de police, incitant les forces de l'ordre à réagir. "Le policier au volant a alors sorti un lanceur de grenades lacrymogènes et, sans la moindre sommation, l'a actionné en tir tendu sur les jeunes", poursuit le communiqué des enseignants. Un élève du collège De Geyter aurait même été "touché à la cuisse".

De son côté, la préfecture de police évoque elle aussi une altercation, sans parler de "violences policières". "Les policiers ont été pris à partie par ces perturbateurs et ont appelé des renforts, nous indique la préfecture. Les policiers ont fait usage de leurs moyens collectifs de défense afin de disperser l’attroupement". Cette même source n'était pas en mesure de détailler le matériel utilisé. La préfecture nous indique également qu'aucune plainte n’a été déposée à ce jour au commissariat de Saint-Denis pour d'éventuelles violences.

Le député de la circonscription alerté

Les enseignants de l'établissement scolaire regrettent une intervention qui n'a fait qu'"aggraver" la situation et n'a "nullement protégé les enfants des dangers occasionnés". "Par peur des tirs les élèves ont couru sur la route et sur les rails, se mettant par la même occasion en très grand danger", peut-on également lire dans le communiqué. 

Les policiers seraient finalement repartis une dizaine de minutes plus tard... "sans même prendre la peine de couper l'arrivée d'eau". Selon Le Parisien, l'équipe enseignante a alerté le nouveau député PCF Stéphane Peu sur "ces actes de violences policières", lequel s'est "engagé à demander des explications auprès du préfet".


Youen TANGUY

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