EDUCATION – Le site Bonnenote.fr qui vient de se lancer en France, prétend aider les élèves à faire leur devoir, moyennant finances. Syndicat lycéen et parents d'élèves s'indignent.
C’est sans doute, avec les contrôles en classe, le moment le plus détesté par les élèves pendant leur scolarité : les devoirs. Et voici, désormais la solution. Enfin, peut-être. Il y a quelques jours, a été lancé en France le site Bonnenote.fr, qui propose aux élèves de faire les devoirs à leur place… en payant. La plateforme indique "faire appel à des rédacteurs spécialisés par matière et niveau académique afin de les aider à réaliser des devoirs de qualité". Collégiens, lycéens et étudiants "du monde entier" peuvent ainsi commander en ligne des devoirs "sur-mesure", dans une centaine de matières.
Concrètement sur le site, le client indique le type de devoirs à effectuer, le nombre de pages voulues, le délai. Puis, passage en caisse : le prix de base pour une page est de 7, 20 euros mais les tarifs varient en fonction du niveau demandé et du temps imparti pour livrer la copie. La dissertation de philo de trois pages à rendre en 12 heures coûte ainsi 66 euros 24 centimes. Les rédacteurs recrutés sont "méticuleusement sélectionnés", des professeurs, doctorants, diplômés, étudiants en fin d'études, qui "ont tous pour intérêt commun d'aider et de partager leurs connaissances".
Dès l’annonce de son arrivée, le site a fait scandale dans le monde éducatif. Que ce soit du côté des parents d’élèves, qui dénoncent dans Le Parisien un procédé "scandaleux", assimilable à "une marchandisation totale du système éducatif" …
« C'est scandaleux, une marchandisation totale du système éducatif», pour @LMoyanoFCPE , présidente de la #FCPE , interrogée par @le_Parisien https://t.co/3m34hUjozJ — FCPE_nationale (@FCPE_nationale) 15 février 2017
Mais aussi des professeurs, qui dénoncent sur Twitter la précarisation du système.
Ah, les escrocs en question sont sur Twitter : Salut @Bonnenotefr , ça vous gêne pas d'être des immondes exploiteurs qui facilite la triche ? — MC Pablo (@p4bl0) 15 février 2017
QUI VEUT FAIRE FORTUNE ? Il y a 83 centimes d'euros à gagner sur Bonnenote.fr 😀Je passe mon tour 😀 #uberisation #ecole #college pic.twitter.com/yKiWBDQIpn — ProfMathsPrepaHecECS (@BrossardMathECS) 16 février 2017
Le site est également critiqué par le premier syndicat lycéen, le SGL (Syndicat général des lycéens), qui dénonce "un Uber des devoirs", et une marchandisation de l'éducation", qui vont "accroitre les inégalités entre lycéens ayant les moyens de payer leurs devoirs et les moins aisés". Mettant aussi en doute l'intérêt pédagogique de ce type de services, l’organisation réclame "la suspension du site Bonnenote.fr dans son modèle actuel et de toute initiative de ce type".
Face aux critiques, l’entrepreneur de 24 ans à l’origine du site, Victor Der Megreditchian, croit en son concept, et prétend très sérieusement vouloir "aider les élèves à avoir leurs diplômes" : "Notre objectif est de leur donner l'exemple du devoir parfait, ensuite le client est responsable de ses actes", indique-t-il dans le Parisien. "C'est comme un médicament : ce n'est pas la faute du laboratoire si le patient l'utilise mal, ou trop."
Bonnenote.fr n’est pas le premier site en France à tenter de surfer sur ce concept, qui est déjà largement répandu aux Etats-Unis. En 2009, la plateforme Faismesdevoirs.com avait essayé de se lancer sur ce même créneau. Mais après trois jours de polémique, le fondateur avait dû jeter l’éponge. Reste, au final, la grande question de fond : a-t-on de bonnes notes avec Bonnenotes.fr ? Même pas sûr, d’après le Parisien qui a testé en commandant une dissertation de philo autour du thème "La loi s'oppose-t-elle à la liberté ?" Vaste sujet, rendu en trois jours, pour 25 euros la copie, rendue en trois jours. Sauf que le rendu n'aurait pas été fameux d'après le Parisien, avec une copie rendue truffée de fautes, de phrases incompréhensibles et sans citer d'auteurs... Qui a récolté la très moyenne note de 8 sur 20.