MEA CULPA - C'est l'histoire d'une Australienne, qui portait un burkini sur une plage de Villeneuve-Loubet (Alpes-Maritimes), et qui affirmait avoir été chassée par d'autres plagistes. En fait, la scène a été montée de toute pièce par une télévision australienne. Plusieurs médias français, dont LCI, sont tombés dans le piège.
Elle voulait montrer sa solidarité avec les musulmanes françaises. Une Australienne, qui portait un burkini sur une plage de Villeneuve-Loubet – dont le Conseil d'Etat a récemment suspendu l'arrêté contre le port de ce vêtement – affirme avoir été contrainte de déguerpir. Des faits que la mairie conteste, invoquant l'attitude provocatrice de la jeune femme.
En fait, ce simulacre servait juste aux interêts de la chaîne de télévision australienne Channel Seven pour son émission Sunday Night. A l'arrivée, un "soi-disant" reportage, intitulé "Une menace voilée".
Dans cette vidéo, Zeynab Alshelh, étudiante en médecine de 23 ans, raconte que son voyage récent en Europe avait été organisé dans le but d'apporter son soutien aux musulmanes françaises. C'est ainsi que la jeune femme s'est offert, sous l'œil d'une caméra, un bain en burkini, ce maillot inventé par une couturière australienne.
Nous avons été menacées sur cette plage
Zeynab Alshelh, à Channel 7
Sur la vidéo diffusée par la chaîne australienne, on voit un homme se diriger vers la caméra et lâcher: "Vous faites demi-tour et vous partez". Tel qu'est monté le reportage, cette invective semble dirigée à l'encontre des deux femmes en burkini. Ce qui fait dire à la jeune femme : "Nous avons été menacées par des gens qui nous ont dit que si on ne quittait pas la plage ils appelleraient la police". Le problème c'est qu'à aucun moment, le reportage ne montre une seule image des deux femmes et des baigneurs sur le même plan. Et pour cause : selon les témoignages réunis par Nice-Matin, c'est en fait à l'équipe de télévision que les baigneurs demandaient de quitter la plage, ne souhaitant pas voir leurs enfants filmés.
Tout comme plusieurs médias français, dont LCI, les autorités locales se sont laissés prendre par ce canular.
Tout en se disant "sincèrement désolé pour cette jeune Australienne", Lionnel Luca, maire Les Républicains de la commune des Alpes-Maritimes, s'était montré plutôt compréhensif quant à l'hostilité suscitée par ce bain tout habillé. "Elle aurait quand même pu peut-être se demander si les gens du coin n'étaient pas encore sous le coup de l'émotion de l'attentat qui a fait 86 victimes" en juillet à Nice, avait-t-il plaidé, auprès de l'AFP.
Un comportement "indécent", juge Lionnel Luca
Pour l'édile, le comportement de Zeynab Alshelh était déplacé. "Elle ne peut pas venir en toute innocence sur nos plages comme ça avec un habit religieux qui est le signe de l'intégrisme qui nous a meurtri", s'offusque-t-il. "En rajouter, en pointant du doigt telle commune une fois rentrée au pays, je trouve ça aussi assez indécent", renchérit-il. Après l'attentat perpétré à Nice, au soir du 14-Juillet, de nombreuses villes côtières, dont Nice, avaient pris cet été des arrêtés anti-burkini, arguant de la nécessité de protéger l'ordre public.
Les réseaux sociaux, toujours friands de ce genre de coup monté, s'en sont faits leurs "choux gras".
🐸😬🇫🇷 #France :Zeynab Alshelh, une Australienne de 23 ans, était venue sur une plage de #Corse en burkini pour tester pic.twitter.com/Lmg8e5pGkE — ¶ ¬ T ¬ A (@PorteTonArme) 20 septembre 2016
Si l'apport de l'Australie au combat mondial pour les droits de l'homme se limite à la défense du #burkini … https://t.co/vTGLXIykR5 — Res Patriae (@RPatriae) 26 septembre 2016
Burkini : un faux reportage commandité par l'islam radical... https://t.co/V8dwN8dobA via @yahooactufr — michel hébert (@hebert_mic) 26 septembre 2016