Violences policières à Calais : Human Rights Watch dénonce l’utilisation de gaz poivre contre les migrants

Publié le 26 juillet 2017 à 13h25, mis à jour le 26 juillet 2017 à 13h33
Violences policières à Calais : Human Rights Watch dénonce l’utilisation de gaz poivre contre les migrants

ABUS – D’après l’enquête de l’ONG Human Rights Watch, rendue publique mercredi 26 juillet, et qui se base sur les témoignages de migrants, les forces de l’ordre ont recours quotidiennement à l’agent chimique. Des accusations niées en bloc par le sous-préfet.

Nouvelle polémique à Calais. Quelques jours après que l’association de l’Auberge des migrants avait accusé, photo à l’appui, les autorités d’empoisonner l’eau des migrants avec du gaz lacrymogène, l’ONG indépendante Human Rights Watch dénonce à son tour, dans un rapport de 47 pages, les violences des forces de l’ordre à Calais à leur encontre, "en particulier les Compagnies républicaines de sécurité (CRS), (qui) ont recours de façon routinière à la pulvérisation de gaz poivre sur des migrants, enfants et adultes, alors qu’ils sont endormis ou dans d’autres situations où ils ne représentent aucune menace".

Ils nous aspergent de gaz puis ils prennent toutes nos affaires
Biniam T., 17 ans

Cette enquête, publiée mercredi 26 juillet repose sur des entretiens effectués entre juin et juillet 2017 avec plus de 60 demandeurs d’asile et migrants, dont 31 enfants non accompagnés, à Calais, Dunkerque et aux alentours. Les personnes interrogées dénoncent à l’unanimité le recours au gaz poivre contenu dans les bombes lacrymogènes des policiers. Or, "l’agent chimique conçu pour maîtriser des personnes se comportant violemment cause une cécité temporaire, de fortes douleurs oculaires et des difficultés respiratoires, qui durent en général de trente à quarante minutes", souligne le rapport. 

Mais selon l’ONG, le gaz est aussi utilisé contre les biens possédés par les migrants. Ainsi, "la nourriture et l’eau aspergées de gaz poivre ne peuvent plus être consommées, tandis que les sacs de couchage et les vêtements doivent être lavés avant de pouvoir être utilisés à nouveau", ajoute l’enquête. Biniam T., 17 ans, explique à l’association : "S’ils nous trouvent quand nous dormons, ils nous aspergent de gaz puis ils prennent toutes nos affaires. Ils font ça tous les deux ou trois jours. Ils viennent et prennent nos couvertures".

Les violences concernent aussi les travailleurs humanitaires qui ont été interrogés pour les besoins du rapport. Certains d’entre eux ont expliqué qu’une fois, "des gendarmes armés de fusil les ont encerclés, et que de nombreuses fois, par d’autres méthodes musclées, les CRS ont empêché les migrants de s’approcher des travailleurs humanitaires et ont fait tomber la nourriture des mains de ces derniers". D’autres soulignent que lorsqu’ils essaient de prendre des photos ou filmer, les policiers saisissent leur téléphones, "effaçant ou consultant le contenu sans permission ni motif légal". 

Le déni des autorités

"Il est tout à fait condamnable que des policiers utilisent du gaz poivre sur des enfants et des adultes endormis ou en train de vaquer pacifiquement à leurs occupations", estime Bénédicte Jeannerod, directrice France de Human Rights Watch. "Lorsque les policiers détruisent ou confisquent les couvertures des migrants, leurs chaussures ou encore leur nourriture, non seulement ils rabaissent leur profession, mais ils portent atteinte à des personnes, dont ils ont juré de défendre les droits."

Du côté des autorités, le déni est de mise. Lorsque l’organisation a présenté son rapport à Vincent Berton, le sous-préfet de Calais, le 7 juillet dernier, elle rapporte qu’il a réfuté les résultats de ce travail. "Ce sont des allégations, des déclarations de personnes, qui ne sont pas basées sur des faits. Ce sont des calomnies", a-t-il dit, selon l’ONG. 

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L’ONG rappelle que plus de 400 demandeurs d’asiles et autres migrants, la plupart d’Erythrée, d’Ethiopie et d'Afghanistan, vivent dans les rues et les zones boisées de Calais et des alentours, tandis que les enfants non accompagnés pourraient être jusqu’à 200. 


La rédaction de TF1info

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