Andy Murray raconte comment Roland-Garros lui a servi de thérapie

par Hamza HIZZIR
Publié le 9 juin 2017 à 7h00
Andy Murray raconte comment Roland-Garros lui a servi de thérapie
Source : GABRIEL BOUYS / AFP

TENNIS –Andy Murray a rendez-vous avec Stan Wawrinka ce vendredi sur le Central de Roland-Garros, en demi-finale. Une hypothèse pour le moins improbable il y a encore deux semaines, quand le n°1 mondial traînait sa peine, loin, si loin de son véritable niveau de jeu. Que s’est-il passé depuis ?

"C’est préoccupant parce que je ne vois aucune raison à ça, je ne suis même pas blessé…" Ainsi se lamentait Andy Murray à Rome, le 16 mai, après son élimination en deux sets (6-2, 6-4) au 2e tour par Fabio Fognini. Quatre jours auparavant, à Madrid, c’était le jeune (20 ans) Borna Coric qui l’humiliait de la même manière (6-3, 6-3)… Un début de saison sur terre battue dans la droite ligne de toute son année 2017, que les chiffres résument assez bien. Toujours n°1 mondial au classement ATP avant ce Roland-Garros, cela ne trompait personne. Sur ses 10.370 points cumulés, 88,3% provenaient de 2016, alors que pour Rafael Nadal, c'était tout l'inverse : 91,6% glanés en 2017. Pourtant, l’Ecossais, comme l’Espagnol, dispute ce vendredi une demi-finale Porte d’Auteuil. Et, à l’inverse, lui a bouté hors du tournoi de sacrés clients, tels Juan Martin Del Potro ou Kei Nishikori. Personne n’avait vu venir pareille résurrection. Pas même lui.

Je ne suis pas venu à Paris avec l'idée d'aller loin.
Andy Murray

"Je ne suis pas venu ici, à Paris, avec l'idée d’aller loin. Juste avec l'ambition d'essayer de passer le premier tour, et avec l'espoir de me sentir mieux chaque jour", confiait-il en effet juste après avoir franchi l’obstacle du 3e tour. Deux matchs plus tard – et quels matchs ! – celui que la reine a anobli pour services rendus au bout d’un marathon de neuf victoires entre mai et novembre 2016, dont des succès marquants à Wimbledon, aux JO de Rio et au Masters, a pris un peu de recul sur sa folle trajectoire à Roland-Garros cette année. Il explique aujourd’hui avoir trouvé, ces dix derniers jours, une forme de thérapie sur la terre battue parisienne.

Il l’a détaillée ainsi mercredi, après sa victoire en quarts contre Nishikori (2-6, 6-1, 7-6, 6-1) : "Avant ce tournoi, quand je m’entraînais, je faisais le strict minimum. Je faisais beaucoup d’exercices très basiques, des situations de jeu, et je les répétais encore et encore… Ce n’était pas très amusant. C’était même assez ennuyeux. Et puis, en arrivant ici, je me suis mis à jouer de très longs échanges. Je me suis senti comme en mode ‘pilote automatique’, comme si je savais exactement ce que je devais faire. Et je me suis mis à envoyer la balle au bon endroit. Alors qu’à Madrid, je ne savais pas comment taper. Je me précipitais pendant les longs échanges. Je prenais de mauvaises décisions."

Je pense moins sur le court.
Andy Murray

Ce sont tous les rouages, la mécanique hyper complexe de la psyché d’un joueur de tennis de haut niveau qu’Andy Murray racontait là. Ces rouages qui se sont grippés chez Novak Djokovic, et qui tournent désormais à plein régime chez Rafael Nadal. Ce mystère qui fascine tous les amateurs de ce sport. "Je pense moins sur le court, a formulé l’Ecossais. Quand les choses ne tournent pas rond, on a très facilement tendance à cogiter. On peut se mettre à se soucier de la technique, ce qui n’est jamais bon quand tu es en train de disputer un match. Penser à la technique, à comment taper la balle n’est jamais bon. Et je me sentais encore un peu comme ça quand j’ai débuté le tournoi, au premier match. Mais j’ai dépassé ça et ça fait une énorme, énorme différence. Cette première victoire a été tellement importante."

Résultat : le voilà qui s’offre une nouvelle demi-finale contre Stan Wawrinka, la même que celle qu’il avait remportée l’an passé. Mais le contexte, forcément, est différent. D’autant que le Suisse affiche une forme éblouissante et n’a pas lâché un set depuis le début de la quinzaine. Toutefois, on aurait tort d’enterrer Murray trop vite encore une fois. "Vous savez, aujourd’hui, après avoir gagné un match, je n’ai pas l’impression d’avoir joué un grand tennis. C’est un immense pas dans la bonne direction pour moi, a-t-il aussi confié. N’importe qui peut gagner des matchs en jouant bien. C’est gagner en ne jouant pas à son meilleur niveau qui est le plus impressionnant. J’en suis vraiment très heureux."


Hamza HIZZIR

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