Dépression, cocaïne, suicide… Le boxeur champion du monde Tyson Fury détaille sa descente aux enfers

par Hamza HIZZIR
Publié le 6 octobre 2016 à 8h36, mis à jour le 6 octobre 2016 à 9h22
Dépression, cocaïne, suicide… Le boxeur champion du monde Tyson Fury détaille sa descente aux enfers
Source : OLI SCARFF / AFP

BOXE - Le champion du monde britannique des poids lourds Tyson Fury explique le report de son combat contre l'Ukranien Vladimir Klitschko, dans un entretien où il reconnaît avoir pris "beaucoup de cocaïne" à cause de sa dépression.

Par où commencer ? Par un petit rappel chronologique des faits, nécessaire introduction aux incroyables confidences de Tyson Fury, champion du monde dans la catégorie reine de la boxe, qui en disent long sur le désoeuvrement souvent inhérent à la pratique du sport au plus haut niveau. Le 23 septembre, le Britannique annonce qu’il renonce à la revanche tant attendue contre l’Ukrainien Vladimir Klitschko, prévue le 29 octobre. Cinq jours plus tard, ESPN révèle son contrôle positif à la cocaïne. Lundi dernier, il affirme prendre sa retraite… Avant de se rétracter quelques heures plus tard. On a finalement compris ce qu’il se passait dans le cerveau tourmenté de cet homme en découvrant l’entretien que vient de publier le magazine Rolling Stones, mais qui a eu lieu avant cet imbroglio. Attachez bien vos ceintures.

« Je ne m'entraîne plus depuis le mois de mai. Je suis dépressif, j'en ai assez de la vie. Je suis à  bout. Je ne peux plus supporter. Je suis à l'hôpital en ce moment. Je vois des psychiatres. La totale. Ils disent que je suis bipolaire. Je suis maniaco-dépressif. Honnêtement, je ne sais pas si je vais passer l'année. J'espère juste que quelqu'un me tue, avant que je me tue moi-même », lâche-t-il, dans un élan désespéré de sincérité. Puis d’avouer : « Je sortais boire, du lundi au vendredi, et du vendredi au dimanche, et j'ai pris de le cocaïne. Je ne peux pas lutter contre elle (la dépression) et la seule chose qui m'aide est quand je m'évade. » Cause ou conséquence ? L’œuf ou la poule ?

Sur la drogue, Tyson Fury dit encore ceci : « J'ai pris beaucoup de cocaïne. Pourquoi devrais-je ne pas en prendre ? C'est ma vie, n'est-ce pas ? Je peux faire ce que je veux... Oui, j’en ai pris. Beaucoup de gens en prennent. Je n'ai jamais pris d'autres médicaments, jamais, de toute ma vie. Et je n'ai commencé à prendre de la cocaïne qu'au cours des derniers mois. » Sur ce point, la BBBC, la Fédération qui gère la boxe professionnelle au Royaume-Uni, s’est vite chargée de lui répondre, par la voix de son secrétaire général, Robert Smith, interrogé par Press Association : « La cocaïne est contraire à la loi. Nous ne pouvons pas ignorer la loi. C'est de l'usage de drogue et nous allons trancher en conséquence. » Comprendre : étendre sa suspension.

Cela n’aidera sans doute pas Tyson Fury à sortir la tête de l’eau. Suzy Favor Hamilton, cette coureuse olympique de 1500m devenue call-girl qui a fait scandale aux Etats-Unis, a publié un livre, au mois d’avril dernier, où elle racontait que la compétition avait accentué son syndrome bipolaire et l’avait conduit à tomber dans la drogue et l’alcool. LCI l’avait alors rencontrée. « Les addictions, c’est une manière de faire momentanément mourir son cerveau, pour masquer les problèmes. Les sportifs ne voient pas ce qui cloche en eux parce qu’ils ont toujours eu une vie de privilégiés, expliquait-elle. Toute leur vie, on leur a dit qu’ils étaient géniaux, les fans, les entraîneurs, les amis, dont certains sont juste intéressés… » 

Elle avait ajouté : « Les addictions aident aussi à combler le manque d’adrénaline quand ils ne font plus de sport. C’est si facile de fuir. Les sportifs intériorisent parce qu’ils ont peur qu’on pense qu’ils sont faibles et qu’on les juge. Ils ne demandent pas d'aide. La plupart se sentent très seuls. Ils n’ont même pas vraiment le temps de sortir de leur hôtel. Les gens croient que leur vie est glamour mais dedans, il n’y a rien d’autre que la compétition. Et la pression, qui vient des millions qui sont en jeu. C’est très dur. Ils ne peuvent pas vraiment être équilibrés. Être riche ne vous console pas de ne pas voir votre famille. »


Hamza HIZZIR

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