VIDÉO - Genou à terre ou poing levé : quand les sportifs se dressent contre le racisme

Publié le 26 septembre 2017 à 9h44

Source : Sujet JT LCI

ANTIRACISME – Comme les joueurs de la NFL, qui se sont opposés à Donald Trump dimanche en posant un genou à terre lors de l’hymne américain, d’autres gestes protestataires sont entrés dans l’histoire du sport.

Le bras de fer est lancé. Après avoir été vertement critiqués par Donald Trump, les joueurs de la NFL, la ligue professionnelle de football américain, ont massivement posé un genou à terre en début de matches dimanche, durant l’hymne national. Un geste de défiance, popularisé par Colin Kaepernick en 2016, que le président américain considère comme un manque de respect à l'Amérique. Le milliardaire avait ainsi suggéré de boycotter les équipes agissant de la sorte. La réponse a été des plus spectaculaires. 

Ce n’est toutefois pas la première fois que des actes symboliques, militants, politiques, sont l’oeuvre de sportifs. Des Etats-Unis à l’Europe, des Jeux olympiques à de simples rencontres amicales, découvrez notre sélection de ces moments marquants de l’histoire du sport.

Tommie Smith et John Carlos aux JO de Mexico

C'est sans aucun doute le plus célèbre d’entre tous : en 1968, aux Jeux olympiques de Mexico, après la finale du 200 m masculin, le médaillé d’or américain Tommie Smith et son compatriote John Carlos, troisième de la course (juste derrière l’Australien Peter Norman, ndlr), prennent place sur le podium. Gantés de noir, le poing levé et la tête baissée, les deux athlètes profitent du moment où retentit l’hymne des Etats-Unis – The Star-Spangled Banner – pour dénoncer la ségrégation raciale qui sévit toujours dans leur pays malgré son abrogation quatre années plus tôt par le Civil Rights Act. Leur geste, à jamais gravé dans les annales de l’athlétisme et du sport en général, aura un retentissement planétaire. 

Gantés de noir, le poing levé et la tête baissée, Tommie Smith et John Carlos profitent des JO de Mexico en 1968 pour dénoncer la ségrégation raciale aux Etats-Unis.
Gantés de noir, le poing levé et la tête baissée, Tommie Smith et John Carlos profitent des JO de Mexico en 1968 pour dénoncer la ségrégation raciale aux Etats-Unis. - AP/SIPA

Le t-shirt des stars de la NBA contre le racisme

"I can’t breathe" : voici les derniers mots prononcés par Eric Garner lors de son interpellation en juillet 2014, à Staten Island (New York) par la police pour un trafic présumé de cigarettes. Étranglé puis mis à terre, l’homme, un Afro-américain de 44 ans père de six enfants, asthmatique et en surpoids, crie sa douleur aux forces de l’ordre. Conduit en urgence à l’hôpital, il est déclaré mort quelques instants plus tard. Malgré une bavure a priori évidente, l’agent responsable du décès sera exempté de poursuites par un grand jury. En réaction à cet affront et en hommage à la victime, nombre de basketteurs pro de la NBA, à l’instar de LeBron James ou de Kobe Bryant, décident d’arborer un t-shirt faisant mention des ultimes paroles de Garner lors de leurs échauffements. 

Saint-Louis les mains en l’air face aux violences policières

Toujours en 2014, dans un lourd contexte de tensions raciales, cinq joueurs de l’équipe de football américain de Saint-Louis (Missouri) se distinguent à leur tour pour dénoncer les bavures policières contre les citoyens noirs. Au mois de novembre, lors d’une rencontre face à Oakland, les sportifs font leur entrée sur le terrain les mains en l’air, comme s’ils étaient en train de se rendre. Un hommage à Michael Brown, jeune homme noir de 18 ans, abattu par un policier blanc (également mis hors de cause) quatre mois plus tôt dans la ville de Ferguson. Reprenant les propos "Hands up, don’t shoot" que la victime auraient, selon des témoins, tenus juste avant sa mort, les cinq footballeurs faisaient alors écho aux nombreuses manifestations ayant éclaté après l’affaire. 

Etats-Unis : la police de Ferguson accusée de racismeSource : JT 20h WE
Cette vidéo n'est plus disponible

Boateng fait cesser un match de foot après des cris de singe

Si le racisme fait rage aux Etats-Unis, l’Europe n’est pas en reste elle non plus. Preuve en est l’interruption d’un match de foot provoquée en janvier 2013 par le Ghanéen Kevin Prince Boateng, qui évolue alors sous les couleurs de l’AC Milan. Excédé par les cris de singe venus de la tribune des supporteurs de la petite équipe de quatrième division italienne de Pro Patria, le milieu de terrain décide de quitter la pelouse après avoir catapulté le ballon en direction de ses agresseurs. Ses coéquipiers l’imiteront malgré l’appel des joueurs adverses à continuer la partie, qui s’achèvera tristement à la 26e minute de jeu. "Je pense qu'ils m'ont insulté parce que je n'ai pas la peau blanche", dira Boateng devant la justice transalpine. 

Dani Alves et la banane en forme de pied de nez

Un an après les cris de singe en Italie, c’est en Espagne que des supporters racistes font parler d’eux. Après s’être vu jeter une banane alors qu’il s’apprête à tirer un corner sur la pelouse de Villarreal, le Barcelonais Dani Alves (qui évolue désormais sous le maillot du PSG) prend la provocation avec humour et dérision en choisissant de manger le fruit comme si de rien n’était. "Il vaut mieux rire de ces attardés", réagira le joueur après la rencontre. "On ne va pas réussir à changer ça donc il faut prendre les choses en riant et se moquer d'eux." Son geste déclenchera une vaste campagne de communication contre les discriminations baptisée "Nous sommes tous des singes" ("Somos todos macacos" en version originale) lancée par son compatriote Neymar. Repris par de nombreux sportifs et même par la présidente d’alors du Brésil, Dilma Rousseff, il deviendra un symbole de l’antiracisme.  


Alexandre DECROIX

Tout
TF1 Info