PSG - Arsenal : le Barça en modèle, l'arrivée d'Emery... comment Paris a pris l'accent espagnol

par Michael BEAUPRES DE MONSALES
Publié le 12 septembre 2016 à 19h59
PSG - Arsenal : le Barça en modèle, l'arrivée d'Emery... comment Paris a pris l'accent espagnol
Source : AFP

FOOTBALL – Ces dernières années, le PSG s'est, petit à petit, tourné vers l'Espagne à travers différents choix sur le plan sportif et en coulisses. La nomination d'Unai Emery, cet été, entérine ce changement estampillé Liga et trace le chemin que souhaite emprunter le club parisien vers sa quête de Ligue des champions, avant son entrée en lice dans la compétition mardi contre Arsenal (20 h 45).

Sous l'impulsion de l'arrivée de QSI (Qatar Sports Investments) en mai 2011, le Paris Saint-Germain ouvrait une nouvelle ère de son histoire. Et pour poser les fondations de son projet, le club parisien s'est d'abord donné un accent italien. Notamment avec le duo Leonardo/Carlo Ancelotti, pour posséder deux têtes pensantes rompues au plus haut niveau. Puis, en axant son recrutement sur des joueurs de Serie A (Pastore, Ibrahimovic, Thiago Silva,...) ou de Serie B (Verratti). Mais, contraint par les départs imprévus de "Leo" et d'Ancelotti, durant l'été 2013, le PSG a changé de braquet en intronisant Laurent Blanc comme nouvel entraîneur. Exit le jeu de contres, place à de la possession à outrance, une philosophie de jeu copiée sur le FC Barcelone, qui a séduit.

"Blanc s'est senti identifié. Dans son esprit, je pense que c'était un mec qui voulait bien traiter la balle, jouer un football avec la possibilité d'avoir souvent le ballon dans les pieds", observe Omar Da Fonseca, consultant Liga sur beIN Sports et ancien joueur du club de la capitale (1985-1986). Les prémices d'un tournant vers l'Espagne ? L'arrivée en septembre 2015, dans la peau de directeur technique de la formation, de Carles Romagosa, au CV estampillé Barça, où il était à la tête des U19 entre 1997 et 2001, s'établissait en ce sens pour donner une seule identité de jeu à toutes les équipes de jeunes.

Al-Khelaïfi, des paroles aux actes

L'énorme camouflet essuyé en Ligue des champions lors de la nouvelle élimination en quarts de finale face à Manchester City la saison passée (2-2, 0-1), qui avait une portée géopolitique pour l'investisseur qatari face au voisin des Emirats Arabes Unis..., a redistribué les cartes. Depuis Doha, le couperet est tombé pour Laurent Blanc et le champion de France s'est tourné vers l'Espagne. Si Diego Simeone (Atlético de Madrid) a d'abord été érigé en priorité, c'est Unai Emery qui finalement a raflé la mise, nanti de trois Ligues Europa d'affilée avec Séville. Dans ses valises, le nouvel homme fort du PSG a amené un staff quasiment 100 % espagnol, "un jeu plus vertical" dixit Alessandro Canovi, agent de Thiago Motta. Il a aussi planté le décor dès son arrivée dans un entretien à L'Equipe en énumérant ses inspirations en termes de coaching : "Je me suis inspiré de Guardiola, de Simeone, mais aussi de Bielsa."

Plus que jamais depuis que le Paris-SG est passé sous pavillon qatari, les rumeurs d'intérêts pour les meilleurs joueurs évoluant en Espagne (Ronaldo, Neymar, Griezmann, Busquets, Kroos,...) se sont multipliées avant que Grzegorz Krychowiak et Jesé – 4e Espagnol de l'histoire du club -, deux joueurs d'un standing moins huppé de Séville et du Real Madrid, n'atterrissent dans les filets parisiens lors du mercato estival. On ajoute à cela la nomination surprise de Patrick Kluivert, ancien du Barça, en tant que directeur du football - dont les prérogatives sont vraisemblablement celles d'un directeur sportif, poste vacant depuis le départ de Leonardo - et le Paris Saint-Germain a définitivement pris un accent espagnol. Mais pourquoi la Liga ? Parce que le Championnat espagnol a remporté les neuf derniers trophées européens en jeu et brigue à la Premier League le titre honorifique de "meilleur Championnat du monde". "L'aboutissement en Ligue des champions récurrent du Real, du Barça, de l'Atlético, finaliste deux fois sur les trois dernières saisons, peuvent motiver ce choix", avance Da Fonseca.

La C1 en juge de paix

La mandature d'Emery n'en est qu'à ses balbutiements et les premières sorties sous la houlette du technicien espagnol ont laissé une impression contrastée et divise certains observateurs. D'un côté, une identité assez floue pour Omar Da Fonseca : "On ne peut pas encore bien identifier le jeu du PSG. On est encore dans l'incertitude". De l'autre, une manière de jouer clairement établie pour Alessandro Canovi, président du cabinet d'agents "11 de légende" et impliqué dans l'École des Agents de Joueurs de Football (EAJF) : "Le jeu était plus espagnol l'année dernière avec la possession du ballon. Avec Emery, c'est plus direct, plus vertical. Je dirais même que le jeu est plus italien (rires)." La verticalité, un mot qui revient tous azimuts pour définir le jeu prôné par l'ancien entraîneur de Valence et aussi pour s'affranchir de l'héritage laissé par Blanc.

Le PSG semble avoir une marge de manœuvre moins grande pour rééditer ses performances domestiques : deux quadruplés sur les deux dernières saisons. Depuis que le club a changé de dimension et qu'il a gagné sa place dans le top 8 européen, le juge de paix est la Ligue des champions. Et l'objectif, au printemps prochain, sera d'enfin briser ce plafond de verre que représentent les quarts de finale même si les Parisiens semblent moins bien outillés que les saisons précédentes. "On peut penser qu'il y a 7-8 équipes qui peuvent légitimement penser aller en demi-finales : les trois espagnols (Barcelone, Real, Atlético), City, la Juventus, le Bayern et le PSG", énumère Alessandro Canovi. Une qualification pour le dernier carré validerait cette mue espagnole et chasserait l'idée que le projet QSI stagne.


Michael BEAUPRES DE MONSALES

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