Vers une inexorable hausse des taux en 2017 ?

Emmanuel PICARD
Publié le 28 décembre 2016 à 9h30
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Vers une inexorable hausse des taux en 2017 ?
Source : Thinkstock

Plusieurs facteurs laissent augurer d’une remontée modérée du loyer de l’argent en 2017.

L’âge d’or, c’est probablement fini, mais les emprunteurs immobiliers ne vivront pas pour autant un enfer en 2017. Car si les taux ont une forte probabilité d’augmenter au cours des 12 prochains mois, une majorité d’experts estiment qu’au pire, ils retrouveront leur niveau du début 2016, une période où l’on empruntait sur 20 ans autour de 1,80% (contre 1,50/1,60% fin 2016). 

Plusieurs indicateurs laissent présager d’une hausse des taux

- Le 14 décembre dernier la Réserve fédérale américaine (FED) a relevé son principal taux directeur de 0,50 à 0,75%. Trois nouvelles hausses sont à prévoir en 2017 si l’état de l’économie américaine le permet. Les acquéreurs français ne sont pas directement concernés par les décisions de la FED. Mais en sifflant la fin de la grande récré financière permettant aux banques de se refinancer pour pas grand-chose, la banque centrale américaine a refermé la parenthèse qui s’était ouverte avec la crise des « subprimes » (2007/2008). Par effet de contagion, cette remontée des taux finira par contaminer l’Europe. Pour le moment la BCE garde son taux central à 0%, mais elle va réduire le montant des actifs qu’elle rachète afin d’injecter de l’argent dans le circuit économique. Une hausse des taux interviendra dès que l’économie du vieux continent le permettra.

- Le taux d'emprunt à 10 ans de la France (OAT) sur lequel s’arriment les emprunts à taux fixe des particuliers, est orienté à la hausse. Depuis la fin de l'été, le taux de l'OAT à 10 ans est passé de 0,15% (plus bas historique) à 0,76 % à la mi-décembre. L’écart se creuse à nouveau entre les taux français et allemands. Selon toute vraisemblance, ce mouvement devrait se confirmer l’année prochaine.  Cette orientation ne fait ni l’affaire de l’Etat français – qui aura 185 milliards de dettes fraîches à financer l’année prochaine – ni celle des particuliers dont les conditions d’emprunt vont se durcir.

- Les banquiers et les assureurs ne cessent de dénoncer une politique de taux ultrabasse qui ne leur permettait plus de dégager des marges suffisantes et de rémunérer l’épargne qui leur est confiée, par exemple dans le cadre des fonds en euros de l’assurance vie. Voir les taux longs remonter est une perspective en faveur de laquelle ils militent.

Les facteurs qui limiteront la hausse

- Les banques profitent de conditions de refinancement favorables et elles ont maintenu leurs objectifs de production de crédit 2017 à un niveau proche de 2016. 

En cette fin d’année, beaucoup d’établissements ont atteint leurs objectifs et ils lèvent le pied, ce qui peut expliquer les majorations de taux (0,5/0,10%) enregistrées en décembre afin d’arrondir les marges. Mais dès le prochain millésime, elles chercheront à attirer de nouveaux clients et la concurrence devrait les inciter à maintenir des taux de crédit attractifs.

- Même si la crise semble s’éloigner, l’économie mondiale reste encore valétudinaire. Le FMI vient de faire passer ses révisions de 1,7% (2016) à 1,5%. L’OCDE anticipe une croissance "molle" en 2017 et la Banque de France vient de ramener ses projections de croissance de 1,4 à 1,3% pour le prochain millésime. Dans ce contexte, les banques centrales devraient continuer à manier l’arme des taux avec doigté. 


Emmanuel PICARD

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