Consultation psy #1 : le confinement nous "arrête en plein vol", 4 conseils pour retomber sur ses pieds

Hélène Romano Dr en psychopathologie-habilitée à diriger les recherches, psychothérapeute Dr en droit pénal et sciences criminelles
Publié le 18 mars 2020 à 13h08, mis à jour le 19 mars 2020 à 12h04

Source : Sujet TF1 Info

BIEN LE VIVRE - Le confinement imposé est un choc pour les Français si épris de liberté selon Hélène Romano, psychothérapeute. LCI vous propose de retrouver chaque jour ses conseils pour vivre au mieux cette période si particulière. Aujourd'hui, quatre conseils pour ne pas subir l'enfermement.

Si le Président n’a pas parlé lundi soir de "confinement", ses ministres ont repris ce terme bien particulier. Il ne s’agit pas de "rester chez soi" par choix, mais d’y être contraint sous peine d’amendes. Le confinement renvoie dans l’inconscient collectif à la peine d’isolement ordonnée dans les prisons, à l’isolement, au fait d’être enfermé, à la perte d’indépendance, à l’abandon. Autant de représentations anxiogènes pour un peuple français très attaché au principe de liberté qui peuvent expliquer que le Président n’ait pas prononcé ce terme durant son allocution de lundi dernier.

Mais le résultat est là, et comme rappelés par les ministres de la Santé et de l’Intérieur, les français sont "confinés" au moins pour quinze jours. Il va donc falloir s’organiser et réapprendre à vivre ensemble.

Des conséquences psychologiques individuelles et familiales
OMS

Car dans notre quotidien où tout le monde court tout le temps entre le travail, l’école, les transports, les activités ; où l’urgence et l’immédiateté prennent le devant sur la sérénité et le calme, se retrouver subitement comme arrêté en plein vol pour une durée définie, mais incertaine n’est pas si simple. Et cela pourrait même entraîner selon l’Organisation mondiale de la Santé des conséquences psychologiques individuelles et familiales. 

1. Reprendre le contrôle sur nos vies

Première stratégie lorsque l’on se retrouve face à quelque chose d’imposé qui nous place dans un état d’impuissance, trouver ce qui va nous permettre d’être dans l’action et de reprendre le contrôle sur notre vie. Par exemple nous sommes bloqués chez nous, mais nous pouvons encore décider de ce que nous pouvons faire entre nos quatre murs, car si nous sommes confinés, un point plutôt positif nous le sommes chez nous, dans un lieu où nous avons nos repères et nos habitudes ; nous savons que nous pourrons faire nos courses et accéder aux soins si nécessaires donc nous sommes confinés, mais pas incarcérés.

2. Créer un nouveau rythme

Second point essentiel, temporaliser, c’est-à-dire bien se dire que cette période pénible est indispensable et aura une fin…même si elle paraît loin. Cela peut paraître évident, mais il est important de se le dire, surtout pour les touts petits qui ne peuvent pas se projeter dans le temps comme les adultes et qui pensent être condamnés à cette situation : avoir un agenda et marquer les jours peut être une solution pour se repérer. Organiser les journées avec des moments prévus pour certaines activités (devoirs, télétravail) et d’autres (repas, jeux, activités communes). Si ces temps ne correspondent pas tout à fait au rythme habituel, ils permettent de ne pas dérégler notre hygiène de vie, de maintenir une activité physique minimum et un sommeil adapté.

3. Garder des repères

Troisième élément pour vivre au mieux le confinement, essayer de conserver un rythme jour/ nuit, car le risque bien connu dans les lieux de confinement lors d’expériences médicales (géologues confinés sous terre) ou dans le cadre d’activités scientifiques (astronautes dans l’espace, glaciologues dans l’Arctique) est celui de perdre ses repères temporels et de finir totalement décalés avec beaucoup de difficulté pour se réinscrire dans le rythme de vie habituel.

4. Céder à l'inactivité sans culpabilité

Quatrième piste pour bien vivre le confinement est celle de mettre de côté la culpabilité inconsciente d’être contraint à l’inactivité sociale pour se recentrer sur l’activité familiale et si l’on est seul, sur le prendre soin de soi, sur le fait de rester en lien avec les autres, même si les modes de communication changent (s’appeler, s’écrire et non plus se réunir). 

Et l’enjeu principal va certainement être celui-là, car vivre ensemble 24h/24 sans pouvoir (presque) sortir nécessite de se supporter les uns les autres, mais aussi soi-même. Réapprendre à s‘écouter, à se parler, s’autoriser l’ennui qui permet de rêver, récupérer physiquement du stress quotidien, ne pas s’abandonner les uns les autres des heures voire des journées entières derrière les écrans, savoir s’autoriser des « sas » personnels quand on sent que sa patience atteint ses limites (se trouver un endroit calme, s’isoler avec des écouteurs et de la musique, prendre une douche fraîche), (re)trouver des activités communes que nous n’avions plus le temps de faire (jeux, pâtisserie, lecture, bricolage) sont autant de petites choses qui vont nous permettre jour après jour de vivre au mieux ce confinement.

Des bouleversements à long terme dans nos vies

Au final, derrière la contrainte, pour le vivre au mieux, nous pouvons dégager du confinement tout ce qu’il va nous apporter de positif avec très certainement des bouleversements dans nos vies. Mais bien organisé, le confinement sera davantage une source de créativité et un support d’un nouveau mode d’être ensemble.


Hélène Romano Dr en psychopathologie-habilitée à diriger les recherches, psychothérapeute Dr en droit pénal et sciences criminelles

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