Catastrophe sanitaire en Inde : "Le système de santé a été poussé à un point de rupture"

TG
Publié le 6 mai 2021 à 14h01

Source : TF1 Info

INTERVIEW - Depuis le début du mois de mars, la deuxième vague de Covid-19 ravage l'Inde, où les hôpitaux ne parviennent pas à faire face à l'afflux de malades. Le point sur la situation avec Isabelle Bardem-Sévédé, qui travaille sur le terrain avec l'Unicef.

Près de 4.000 décès et 412.000 nouvelles contaminations en 24 heures : l'Inde a franchi mercredi un nouveau record, signe d'une épidémie qui ne cesse de gagner du terrain. La seconde vague a submergé les hôpitaux, avec des pénuries fatales de lits, de médicaments et d'oxygène, comme l'explique à LCI Isabelle Bardem-Sévédé, chef de bureau pour l'Unicef au Rajasthan, à 300km de New Delhi.

Comment pouvez-vous décrire la crise que traverse l'Inde depuis plusieurs semaines ?

L'Inde est en proie à une seconde vague très féroce. Le système de santé a été poussé à un point de rupture. Si je compare avec la première vague, le pic est quatre fois plus haut. Voire cinq fois au Rajasthan. Mercredi, nous avions 412.000 nouveaux cas pour 3780 décès. Notamment car le virus affecte désormais des familles entières, des nourrissons sont touchés. La transmission n'était pas aussi intrafamiliale l'an passé… Comment la population vit-elle cette épidémie ? Je ressens beaucoup de désarroi. Au sein de mon équipe, nous vivons des drames. Je ne sais même pas comment vous répondre, il est difficile de parler au nom de la population. Mais elle essaie d'aller de l'avant.

"Des vies sont perdues à cause du manque d'oxygène"
Isabelle Bardem-Sévédé, chef de bureau pour l'Unicef au Rajasthan

Le fait que de familles entières soient touchées explique-t-il que le système de santé a craqué ?

Oui, avec quatre fois plus de cas, nous faisons face à un goulot d'étranglement. Au niveau des enfants, le nombre de cas augmente. Heureusement la majorité des cas sont bénins, et il y a très peu d'hospitalisations.

Faites-vous face à des difficultés de logistique ?

Le manque d'oxygène est un énorme problème. Des vies sont perdues à cause de cela. Ce n'est pas forcément le manque de bouteilles, mais l'impossibilité de les remplir. L'Unicef a commandé plusieurs systèmes d'approvisionnement en oxygène, des machines pour les tests PCR, des équipements de protection pour les travailleurs de santé. Depuis mars, nous avons reçu et envoyé 3.000 concentrateurs en oxygène, 85 machines test PCR, 25 unités de production d'oxygène médical… mais cela reste une goutte d'eau. Nous avons besoin de 25 millions de dollars supplémentaires pour sauver des vies. 

Comment se passe la coordination avec autorités locales ? 

Il faut savoir que l'Unicef est présente depuis plus de 70 ans en Inde. Nous nous appuyons constamment sur le gouvernement et les États. Nous avons de très bonnes relations, et nous avons pu accompagner les autorités depuis le début de la crise. Nous sommes aux côtés d'eux pour la campagne de vaccination.


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