La Chine a-t-elle ordonné que les restaurants halal retirent leurs symboles musulmans ?

Anaïs Condomines
Publié le 31 juillet 2019 à 16h28, mis à jour le 31 juillet 2019 à 16h36
La Chine a-t-elle ordonné que les restaurants halal retirent leurs symboles musulmans ?
Source : Greg Baker / AFP / Illustration

A LA LOUPE - Un site identitaire relaye l'information selon laquelle Pékin ordonnerait le retrait des symboles musulmans et arabes des restaurants halal, dans la capitale chinoise. Quel est le contexte de cette information ?

Sur la page Facebook de la web-télé identitaire TV Libertés, l'article a suscité de nombreuses réactions. Celui-ci porte sur la ville de Pékin qui aurait ordonné "le retrait des symboles arabes et musulmans des restaurants halal de la ville". Dans les commentaires, des internautes applaudissent la démarche : "Enfin des pays qui commencent à comprendre l'invasion" dit l'un d'eux. "Dans ces conditions, je veux bien vivre sous le régime chinois" renchérit un autre.

Cette information est-elle véridique ? En fait, l'article de TV Libertés est une reprise d'une dépêche de l'agence de presse Reuters, vers laquelle il renvoie. Cette dépêche, rédigée en anglais,  est en effet elle aussi titrée : "Signe des temps : la capitale de la Chine exige le retrait des symboles arabes et musulmans." 

Elle se fonde sur le reportage d'un journaliste de Reuters qui a rendu visite à des employés dans onze restaurants de Pékin. Ces derniers lui auraient confirmé que les autorités ont, en effet, ordonné le retrait d'images "associées à l'Islam comme le croissant de lune et le mot halal écrit en arabe". Un manager aurait précisé : "Ils disent que c'est une culture étrangère et qu'on devrait utiliser davantage la culture chinoise." L'article est par ailleurs accompagné d'au moins deux photos montrant des lettres arabes artisanalement recouvertes. 

L'information, toutefois, mérite d'être replacée dans son contexte. Alors quel est-il ? En Chine, le contrôle des religions n'est pas chose nouvelle. En février 2018 est entrée en vigueur une réglementation dont le but était de limiter les pratiques culturelles ne se conformant pas aux "réalités chinoises". Dans ses éléments de langage, le Parti communiste chinois ajoutait également vouloir "faire barrage à l’extrémisme" et combattre tout ce qui pourrait nuire à la "sécurité nationale". 

Ainsi, cette réglementation a permis à l'Etat d'interdire les dons provenant de l'étranger sur des événements non explicitement autorisés et de limiter l'ouverture d'écoles confessionnelles. Si l'Islam est particulièrement visée, c'est qu'il existe un passif historique important, dans la province du Xinjiang, entre Pékin et la communauté des Ouïghours, minorité turcophone de confession musulmane. Une répression qui ne laisse pas la communauté internationale indifférente. Plusieurs ONG et même l'ONU ont dénoncé l'internement forcé dans des "camps de déradicalisation" de centaines de milliers d'Ouïgours.

Autres religions concernées

Mais en réalité, l'Islam est loin d'être la seule religion concernée par ces mesures restrictives. Le christianisme est également dans les radars de l'Etat. Ainsi, en début d'année, une église a été entièrement détruite. Auparavant, de nombreuses croix ont été retirées d'églises indépendantes

Quant aux moins tibétains, ils ne peuvent voyager en Chine sans un passeport spécial. 


Anaïs Condomines

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