En pleine crise du trafic aérien, les "vols pour nulle part" font le plein

par Hamza HIZZIR
Publié le 22 septembre 2020 à 11h31, mis à jour le 23 septembre 2020 à 6h38

Source : TF1 Info

DESTINATION POLLUTION - De plus en plus de compagnies aériennes, mises à l'arrêt par la pandémie de Covid-19, proposent des vols pour le moins originaux... mais pas très écologiques.

C'est un signe des temps très singuliers que nous vivons. L'une de ces choses que personne n'aurait osé imaginer avant la pandémie de Covid-19, qui a notamment cloué les avions au sol, et mis dans le pétrin financier les compagnies aériennes. Certaines d'entre elles ont en effet trouvé une improbable parade, à même de leur faire gagner de l'argent malgré le contexte : les "flights to nowhere", littéralement les "vols pour nulle part". Concrètement, il s'agit de vols partant d'un aéroport pour y revenir en restant à basse altitude, histoire que les passagers profitent de la vue.

L'idée peut paraître saugrenue de prime abord mais, de fait, plusieurs avions ont ainsi été remplis. Qantas, la principale compagnie aérienne australienne, l'une des dernières à s'y être mis, a même affirmé à l'agence Reuters avoir vendu, jeudi 17 septembre, tous ces 134 billets en moins de dix minutes ! En l'occurrence, en partant de Sydney et en y revenant sept heures plus tard, la compagnie promet aux passagers d'admirer la Grande barrière de corail, le monolithe d'Uluru et quelques autres merveilles de l'île-continent, à des prix allant de 500 à 3000 euros selon l'emplacement. "C'est probablement la vente la plus rapide de toute l'histoire de Qantas", a insisté une porte-parole de l'entreprise. Un exemple parmi d'autres.

Des bénéfices très relatifs

Les premières compagnies à avoir proposé ces vols d'un nouveau genre, s'agissant d'avions de ligne, étaient japonaises et taïwanaises, rejointes quelques jours plus tard par la compagnie Singapore Airlines. Il s'agissait, bien évidemment, de compenser des pertes de chiffres d'affaires d'en moyenne 50% en cette année 2020 frappée par les fermetures de frontières. Un sujet politique, aussi : selon The Guardian, Qantas s'est vu offrir par les médias australiens des espaces publicitaires pour ces "flights to nowhere", afin de sauver la compagnie. La plupart des experts considèrent cependant que cela ne suffira pas, ces vols représentant un coût conséquent pour les compagnies, et ne permettant donc pas de dégager de gros bénéfices.

Forcément, nombre d'organisations environnementales sont vent debout contre cette pratique, pointant le bilan carbone d'une telle initiative, et son caractère totalement superflu, au regard du réchauffement climatique. Les compagnies asiatiques concernées ont conservé le silence. De son côté, Qantas a proposé... de payer des compensations financières pour ses nouvelles émissions de carbone. Il fallait y penser.


Hamza HIZZIR

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