En difficulté sur la banquise arctique, l'explorateur Mike Horn veut continuer coûte que coûte

par Hamza HIZZIR
Publié le 23 novembre 2019 à 14h39, mis à jour le 23 novembre 2019 à 14h53

Source : Sujet JT LCI

CAUCHEMAR – Lancés dans une traversée de la banquise arctique en skis de randonnée, les aventuriers Mike Horn et Børge Ousland font actuellement face à d’importantes difficultés. Mais ils semble vouloir poursuivre leur route malgré le peu de nourriture qu'il leur reste.

S’il y a un endroit où l’on ne se pose pas la question de la véracité du réchauffement climatique, c’est bien l’océan arctique, que traversent, depuis le mois de septembre, le célèbre aventurier sud-africain Mike Horn, 53 ans, accompagné par l'explorateur polaire norvégien Børge Ousland, 57 ans. "La glace se brise et se déplace beaucoup plus vite qu'auparavant, ce qui est l'un des plus grands défis que nous avons dû relever jusqu'à présent. C'est triste à admettre pour moi, mais de toutes mes années en tant qu'explorateur professionnel, je n'ai jamais été aussi affecté par les changements climatiques", a écrit Mike Horn, qui est ainsi tombé à l’eau à plusieurs reprises, dans son dernier message transmis à ses filles, Jessica et Annika. 

Comme nous commençons à compter la nourriture, nous n'avons plus le luxe de nous reposer, à moins d'y être obligés.
Mike Horn

Initialement, il s’agissait, pour les deux baroudeurs, déposés sur la banquise arctique il y a deux mois par le Pangaea, le voilier de Mike Horn, de parcourir 1600 km de glace en skis de randonnée en franchissant le pôle Nord au passage. Une objectif atteint le 17 octobre dernier. Mais depuis, les voilà plongés en pleine obscurité, phénomène classique à cet endroit du globe à cette période de l’année. "Le manque de lumière et de soleil a une grande influence sur notre progression et notre état d'esprit. Je n'ai jamais réalisé autant que maintenant, à quel point la lumière est importante pour tout", a encore confié l’ex-membre des forces spéciales sud-africaines dans son dernier message.

"Des engelures mais dans une condition étonnamment bonne"

Le tout sous des températures très instables, variant en quelques jours de − 2 °C à − 45 °C, et des bourrasques de vent particulièrement violentes, créant des amoncellements de glace "anormalement nombreux", que les deux hommes doivent contourner, au risque de traverser des couches plus fines et se retrouver immergés "jusqu'au niveau du bassin", en tirant un traîneau pesant une bonne centaine de kilos. Une dérive des glaces qui, fatalement, rallonge l’expédition de jour en jour... 

"Son moral est au plus bas. Je ne l'ai jamais vu comme ça, dans un état de fatigue physique extrême. Il est en train de perdre la sensation de ses extrémités, c'est inquiétant. Avec ma sœur Jessica, on veut qu'il rentre vite à la maison", affirme ainsi l’une de ses filles, Annaka, au Parisien. Tandis que Mike Horn, lui, dresse le constat suivant : "Peu importe à quel point nous essayons de nous protéger contre le sel, la glace, le vent et le froid. Être exposé à ces conditions climatiques aura ses conséquences à long terme. Comme nous commençons à compter la nourriture, nous n'avons plus le luxe de nous reposer, à moins d'y être obligés. Voilà ce que signifie la vraie exploration, imaginer des solutions pour survivre." 

Toutefois, tempère Lars Ebbesen, porte-parole de l'expédition, "il n'y a pas de danger, pas de grand drame. Mais c'est
serré, une course effrénée pour atteindre l'objectif. Si cela prend plus longtemps, nous réfléchissons à la manière de leur apporter plus de nourriture", a-t-il ajouté, précisant que la météo évoluait et que des vents plus favorables étaient attendus.
  

Les deux hommes n'ont pas demandé à être évacués et sont "dans une condition étonnamment bonne" en accomplissant un tel exploit, "ils ont quelques engelures mais c'est tout à fait normal", a dit à l'AFP un porte-parole du Centre de coordination des sauvetages en Norvège du Nord, Bard Mortensen. Des sauveteurs "étudient à ce stade des plans par précaution" au cas où une évacuation deviendrait nécessaire, par hélicoptère ou par bateau mais "aucune évacuation n'est en cours (...), ils sont déterminés actuellement à y arriver tout seuls".


Hamza HIZZIR

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