Des chevaux mutilés puis tués dans toute la France : policiers et gendarmes face à "un grand mystère"

Publié le 13 juillet 2020 à 13h16, mis à jour le 28 août 2020 à 7h29

Source : JT 13h Semaine

FAIT DIVERS - Plusieurs enquêtes pour "actes de cruauté envers un animal" ont été ouvertes ces derniers mois après que des chevaux, poneys ou encore des ânes ont été torturés puis mis à mort par un ou plusieurs individus. Les forces de l'ordre cherchent à identifier le ou les auteurs de ces actes d'une rare violence.

Ce sont les propriétaires des animaux qui, la plupart du temps, les ont découverts au sol, inanimés. Oeil crevé pour certains, oreille coupée pour tous, ces chevaux, ânes ou poneys, gardés par leurs propriétaires dans différentes régions de France ont été tués après avoir subi des tortures d'une rare violence la nuit et parfois même en pleine journée.

Ainsi, depuis quelques mois, plusieurs enquêtes préliminaires ont été ouvertes sur ces multiples mutilations d'animaux retrouvés morts dans différentes régions de France. Un phénomène sordide qui reste à ce jour inexpliqué.

Les premiers faits en 2018

Ainsi, le parquet d'Amiens était au 30 juin dernier saisi de trois faits survenus au printemps : un à Quend Plage, sur le littoral, et deux à Berny-en-Santerre, en Haute-Somme, concernant des chevaux ou poneys retrouvés morts avec l'oreille droite sectionnée. Trois enquêtes préliminaires ont été ouvertes et "regroupées sous l'autorité d'un seul enquêteur pour pouvoir étudier tous les rapprochements possibles", indique le procureur d'Amiens, Alexandre de Bosschère. Confiées aux gendarmes de la brigade de recherches de Péronne, elles visent le délit "d'actes de cruauté envers un animal".

Dans le Puy-de-Dôme, une enquête préliminaire a également été ouverte au printemps et confiée aux gendarmes des Ancizes pour deux faits similaires qui ont eu lieu à six mois d'intervalle entre fin 2018 et juin 2019 dans le même village. "Mais les propriétaires n'avaient pas porté plainte dans un premier temps, avant que d'autres affaires soient médiatisées en France",  détaille le procureur de la République de Clermont-Ferrand, Eric Maillaud.

D'autres cas ont été recensés ailleurs, notamment dans l'Aisne, en Vendée, en Moselle, dans la Loire et le Lot. Les enquêtes ont-elles permis de déterminer un profil commun ? Le magistrat indique que son parquet est "en contact avec les autres parquets pour tenter d'établir des rapprochements et éventuellement regrouper les enquêtes mais pour l'instant ce n'est pas le cas", ajoute le procureur.

Violence gratuite ? Rituels sataniques ?

Les magistrats comme les enquêteurs s'interrogent notamment sur le modus operandi du ou des auteurs de ces faits. Un point commun sur les corps des animaux les a ainsi alertés car sur onze faits au moins depuis 2018, la totalité des quadrupèdes tués a été retrouvée avec une oreille sectionnée. "A priori l'oreille n'a pas été déchiquetée par un autre animal, les coupures semblent avoir été réalisées par un instrument mais nous n'avons aucune piste, tout cela reste un grand mystère", commente Eric Maillaud.

"Est-ce un challenge lancé sur internet ? Un défi ? La pulsion d'un individu ? Toutes les pistes sont envisagées", estime Bruno Wallart commandant de la compagnie de gendarmerie de Riom (Puy-de-Dôme) interrogé par  l'AFP. "Ces gestes font penser aux rituels sataniques, à du fétichisme. Mais ça n'est peut-être pas ça du tout. C'est peut-être simplement des conneries de gamins ou même de la méchanceté gratuite. Cette piste est envisagée, mais elle n'est pas privilégiée ", indique une source proche du dossier à LCI ce lundi. "L'oreille coupée, ça doit bien avoir un sens", insiste une autre source proche de l'enquête auprès de notre rédaction.

Dans une note datée du 30 juin, relayée dans les colonnes du Parisien ce lundi, le Service central du renseignement territorial (SCRT) évoque aussi la possibilité d'un gang du tueurs agissant seul ou en association, avec "une véritable volonté de porter atteinte aux équidés de manière générale tout en gardant une oreille en trophée."  "Les traces constatées sur les naseaux laissent présumer l'utilisation d'un tord-nez, accessoire demandant à son utilisateur des connaissances et des compétences dans le monde équestre pour le manipuler avec efficacité", relève également le SCRT dans sa note reprise par nos confrères.

Des chevaux habitués à la présence humaine

Parmi les animaux qui ont perdu la vie dans ces conditions atroces, différents profils et des animaux souvent habitués à la présente de l'être humain. Le 12 février, un jeune cheval de 4 ans nommé Gold des Luthiers a été retrouvé mort et mutilé dans le lycée agricole de de Château-Salins en Moselle. L’animal se trouvait avec quinze autres chevaux dans un enclos.

 

Trois jours plus tard, le 15 février 2020, Démon du Médoc, un trotteur présentant 126 000 euros de gains à son actif et à l'avenir plus que prometteur, était découvert dans son paddock à Girouard, près des Sables-d'Olonne (Vendée). Lui aussi, le corps sans vie et l'oreille mutilé.

Le 6 juin, Lady, une des juments de Pauline Sarrazin, a été retrouvée morte dans un champ non loin de Martin-Église (Seine-Maritime) et de Grèges. L'animal de 16 ans présentait de nombreuses blessures au niveau de la tête et encore une fois l'oreille coupée…

Scipion, l'âne de Loïc Crampon âgé de 14 ans, a été retrouvé mort l'oreille coupée et un œil arraché le 19 juin dernier. Il a été tué pendant la nuit alors qu'il se trouvait  dans un champ avec d'autres bêtes. Le quadrupède participait notamment au marché de Noël des Champs-Elysées et était habitué à voir du monde. 

Pour les mois à venir, les amis des bêtes et les enquêteurs redoutent de nouveaux actes de cruauté. "Tant que le ou les auteurs des faits n'auront pas été arrêtés, on ne voit pas pourquoi cela s'arrêterait", déplore une source proche du dossier. "Malheureusement, les témoins sont rares, et personne ne met de caméras de vidéosurveillance dans son champ. Les investigations pourraient prendre du temps."


La rédaction de TF1info

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