Le pistolet à impulsion électrique est-il une arme dangereuse ?

Publié le 10 juin 2020 à 17h29
Le pistolet à impulsion électrique est-il une arme dangereuse ?
Source : FRANCOIS GUILLOT / AFP

QUESTIONS - Avec la suppression de la technique d'étranglement, les forces de l'ordre devraient bénéficier d'une généralisation de l'usage du pistolet à impulsion électrique, souvent appelé "Taser". Une arme pourtant critiquée notamment par le Défenseur des droits.

Lundi, le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner a annoncé la fin de l'utilisation de la technique de l'étranglement lors des interpellations pour les forces de l'ordre. Selon nos sources, cette suppression devrait être compensée par la généralisation du pistolet à impulsion électrique (PIE). Demandée par plusieurs syndicats de police, l'utilisation de ce dernier est-elle pour autant moins dangereuse que la technique d'étranglement jusqu'ici utilisée ?

Ces dernières années, l'usage du pistolet à impulsion électrique, plus souvent appelé "Taser" du nom de la marque qui le commercialise, a été grandissant en France. En 2015, les membres des forces de l'ordre indiquaient l'avoir utilisé 872 fois en intervention. Trois ans plus tard, en 2018, le nombre de recours à ce pistolet électrique a grimpé à 1820, pour finalement atteindre 2349 utilisations en 2019, soit une hausse de 29% en un an, selon le rapport 2019 de l'Inspection générale de la police nationale (IGPN).

Un mort causé par cette arme en France l'an dernier

Cette hausse de l'utilisation du "Taser" en France a-t-elle engendré des décès ces dernier mois ? Selon le rapport 2019 de l'IGPN, 19 décès et 117 blessés ont été recensés lors de missions de police en 2019. Parmi ces 19 décès, un seul serait lié à l'usage du pistolet à impulsion électrique. "Il est important de préciser que l’utilisation de techniques de sécurité en intervention ou du pistolet à impulsion électrique n’emporte pas pour autant un lien direct entre ces usages et le décès, lequel peut être provoqué par une cause exogène" indique néanmoins l'IGPN.

Ces dernières années, le pistolet à impulsions électriques a suscité beaucoup d'interrogations. Le Défenseur des droits Jacques Toubon a notamment pointé du doigt la dangerosité d'une utilisation excessive de ce PIE, indiquant que "l’usage de ces armes doit être strictement encadré et contrôlé". "Le premier risque, inhérent à la nature même de cette arme, est celui d’une utilisation abusive, qui relèverait alors d’un traitement cruel, inhumain ou dégradant. (...) Le deuxième risque est lié aux conséquences de l’usage de cette arme concernant la santé, voire la vie, de la personne qui en fait l’objet" peut-on lire dans un rapport du Défenseur des droits sur "trois moyens de force intermédiaire".

Un usage décrié à l'international

Sur le plan international, le Comité contre la torture des Nations unies s'est inquiété en avril 2010 de ce que l’usage de ces armes pouvait provoquer, à savoir "une douleur aiguë, constituant une forme de torture", et dans certains cas, causer la mort. De son côté, Amnesty International avait mis en lumière en 2012 des chiffres alarmants concernant le pistolet à impulsion électrique, indiquant qu'au moins cinq cents morts étaient imputables à son usage aux Etats-Unis depuis 2001.

Contactée par BFMTV, la porte-parole de l'ONG Anne-Sophie Simpere, met en avant le risque létal de l'usage du "Taser" : "En droit international, ça ne peut pas être utilisé simplement pour maîtriser une personne, puisque s'il y a un risque létal ce serait totalement disproportionné de prendre le risque de tuer simplement pour maîtriser une personne."

En cas de généralisation de l'utilisation du PIE en France, des formations seront nécessaires pour former tous les officiers de police amenés à s'en servir. De plus, le nombre d'armes devra être sensiblement augmenté, les 240.000 policiers et gendarmes français bénéficiant de seulement 15.000 pistolets à impulsion électrique, selon le ministère de l'Intérieur.


La rédaction de TF1info

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