Essonne : le pompier blessé par balle avait déjà été agressé plusieurs fois depuis septembre

par Hamza HIZZIR
Publié le 15 juillet 2020 à 19h59, mis à jour le 15 juillet 2020 à 23h37

Source : JT 20h Semaine

REACTIONS – Un pompier a été touché à un mollet par un tir d'arme à feu alors qu'il intervenait pour éteindre un feu de véhicule à Etampes. Alors que l'enquête connaît de premières avancées, l'onde de choc reste vive.

"C'est l'horreur : comment peut-on vouloir tuer celui qui vient sauver ?" La question, posée par le président de la Fédération nationale des sapeurs-pompiers de France (FNSPF), Grégory Allione, demeure sans réponse. 

Il se dit "hagard, comme tous les pompiers". Comme beaucoup de gens, du reste, plongés dans l’incompréhension après avoir appris qu’un soldat du feu de 49 ans avait été touché à un mollet par un tir d'arme à feu, alors qu'il intervenait, le 14 juillet, pour éteindre un feu de véhicule à Guinette, quartier défavorisé de la ville d'Etampes (Essonne). Comme le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, qui, en visite à la caserne d'Etampes ce mercredi 15 juillet, a fait part de son "dégoût", indiquant par ailleurs avoir "veillé à ce qu'une plainte soit déposée".

Deux camions de la Croix Rouge incendiés en juin

Le patron des lieux s'est montré, lui, aussi ému que désabusé. "Notre collègue, c'est quelqu’un qui est très impacté. C’est malheureux à dire, mais c’est la troisième agression qu’il subit personnellement depuis le 14 septembre 2019. Sauf que là, sur arme à feu, c’est vraiment la première fois. Je ne m’attendais vraiment pas à ça, surtout dans ce secteur", a en effet réagi, au micro de TF1, Alain Caroli, directeur du service d'incendie et de secours de l'Essonne, évoquant, à l'échelle du département, "un niveau de violence qui, hélas, ne cesse d’augmenter insidieusement, mois après mois".

En début d'après-midi, la carcasse de la voiture brûlée était toujours présente sur un parking jouxtant un stade d'athlétisme. Autour d'elle, les habitants de ce quartier populaire, qui n'est pourtant pas considéré comme sensible, ont du mal à cacher leur écœurement. "Ça fait vingt ans que je suis sur Etampes et vraiment, c'est de pire en pire. Et les pompiers, je suis désolé, mais on en a besoin... Je suis choqué, ça fait mal", confie l'un d'eux à TF1. Juste à côté, un local des Restos du cœur. Une bénévole de l'association, préférant rester anonyme, a raconté à l'AFP qu'en juin, deux camions de la Croix Rouge y avaient été incendiés.

Le guet-apens ne fait guère de doute

Sur le front judiciaire, une enquête, confiée à la sûreté départementale de l'Essonne, a été ouverte par le parquet d'Evry. Le guet-apens ne fait déjà guère de doute. Un peu après 23h, quand les pompiers de cette caserne sont partis pour l'incendie de cette voiture, les policiers se trouvaient là, au cas où... Et, au bout de quelques minutes, ils ont été témoins qu'un homme, sans doute caché derrière les bosquets, a délibérément tiré sur les secours. Le tir aurait pu être mortel. 

"C'est un tir de lâche ! Et à balle réelle ! Là, on a franchi un cap inacceptable. C'est révoltant. On n'en peut plus", tempête, de son côté, Franck Marlin, maire (LR) de la commune, déjà habitué aux jets de pavés ou aux tirs de cocktails molotov. Plus largement, cette affaire intervient dans un contexte d'inquiétude face à l'augmentation des agressions contre les pompiers en intervention. En septembre 2018, à Villeneuve-Saint-Georges (Val-de-Marne), l'un d'eux avait été tué par l'homme qu'il était venu secourir, un déséquilibré. Le décès avait choqué la profession. Mais le tir d'Etampes c'est "autre chose",  insiste Grégory Allione, dans le sens où "on n'est plus dans le cadre d'un danger opérationnel, né d'une situation donnée, là, c'est quelqu'un qui a voulu tuer". Les pompiers réclament désormais une présence policière plus accrue à leurs côtés.


Hamza HIZZIR

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