La future "retraite" d'Emmanuel Macron sera-t-elle de 17.500 euros par mois ?

par Claire CAMBIER
Publié le 8 décembre 2019 à 15h08
La future "retraite" d'Emmanuel Macron sera-t-elle de 17.500 euros par mois ?
Source : Guillaume HORCAJUELO / POOL / AFP

A LA LOUPE - Un post Facebook devenu viral estime que le Président de la République touchera, après l'Elysée, 17.500 euros de "retraite" par mois et coûtera, en plus, aux contribuables 700.000 euros par an au titre de ses "dépenses de fonctionnement". Qu'en est-il ? LCI fait le point sur les "retraites" des présidents de la République.

En plein conflit social sur la réforme des retraites, le régime de retraites propre aux Présidents français a fait l'objet d'une critique largement relayée sur les réseaux sociaux ces dernières 24h. "En 2022, Emmanuel Macron aura 45 ans et sera le plus jeune retraité de France", annonce le compte Facebook Perspicace ?, un média tenu par un journaliste indépendant, Matthieu Le Crom, qui parie manifestement sur une non réélection du président de la République. A ce titre, assure ce post, il touchera "6000 euros de retraite" auxquels s'ajoutera "11.500 euros pour le Conseil Constitutionnel", un poste attribué à vie à tout ancien chef d'Etat. Au niveau des "dépenses de fonctionnement et indemnités diverses et variées", la note est salée : 700.000 euros par an. "On est à quel level de régime spécial ?", estime encore Mathieu Le Crom.

Le post a été partagé plus de 8.000 fois en moins de 24 heures. "Le régime 'spécial' des retraites des politiques devrait être aligné sur le projet du gouvernement", a réagi un internaute. "Qu’ils commencent à nous montrer l’exemple ", lance un autre. Ces données sont-elles correctes ? Quels sont vraiment les revenus des anciens présidents de la République française ? LCI vous en livre le détail.

Emmanuel Macron devra attendre ses 60 ans pour toucher sa dotation

Tout chef d'Etat perçoit une dotation annuelle, l'équivalent d'une pension de retraite. Son montant est fixé par une loi de 1955, il est "égal à celui du traitement indiciaire brut d’un conseiller d’Etat en service ordinaire". Selon la grille de salaires en vigueur, cette retraite est de 6220,96 euros bruts par mois (5200 euros nets environ), soit près de 75.000 euros par an. Perspicace ? n'est donc pas loin de la réalité, mais il oublie un élément essentiel. 

Cette allocation, qui ne nécessite aucune condition de durée ou de montant de cotisations, n'est versée qu'à partir de 60 ans. En mai 2022, Emmanuel Macron - qui aura en réalité 44 ans à la fin de son mandat -, devra donc attendre 16 ans pour la toucher. Avant lui, seul Nicolas Sarkozy avait du patienter, étant lui aussi trop jeune pour en bénéficier à son départ de l'Elysée. Le délai avait été toutefois bien plus court, il s'était limité à 3 ans.

Cette retraite peut être cumulée, par exemple avec des salaires si le chef d'Etat décide de poursuivre une activité professionnelle ou encore avec d'autres pensions de retraite issues d'autres postes. Ainsi la retraite de François Hollande est estimée à 15.000 euros net, en cumulant l'indemnité d'ancien président de la République, de député de Corrèze, de conseiller de la Cour des comptes et d'ancien président du conseil général de Corrèze. 

Un poste à vie au Conseil Constitutionnel, un avantage en sursis

Les anciens chefs d'Etat deviennent par ailleurs membres d’office et à vie du Conseil constitutionnel, un poste qui leur octroie une rente assez confortable, estimée, selon les sources entre 14.000 et 16.000 euros bruts. François Hollande a été le premier à renoncer à ce droit, et par là même à cette source de revenu, un choix qu'il avait annoncé dès 2014. Nicolas Sarkozy, membre de droit, ne siège plus depuis 2013. Seul ancien Président encore en poste : Valéry Giscard d'Estaing.

Cet avantage, jugé d'un autre temps, devrait bientôt disparaître. C'est en tout cas ce que prévoit le "projet de loi constitutionnel  pour une démocratie plus représentative, responsable et efficace". "L’article 10 supprime la disposition de l’article 56 de la Constitution aux termes de laquelle les anciens Présidents de la République sont membres de droit du Conseil constitutionnel", peut-on y lire. Cette loi, qui a fait l'objet d'houleuses discussions, notamment avec la Chambre haute, est passée en Conseil des ministres à la fin de l'été de cette année mais pour le moment son inscription au calendrier parlementaire n’est pas d'actualité, le gouvernement cherche à trouver un accord avec le Sénat au préalable.

Des avantages en nature

Si les revenus sont donc quelque peu gonflés par Matthieu Le Crom, ses estimations sont basses en ce qui concerne les frais de fonctionnement. Les ex-Présidents bénéficient en effet de nombreux avantages comme un logement, des collaborateurs, la gratuité des transports et des agents de sécurité. Il convient de noter que, lors de son mandat, François Hollande a - un peu - limité leur périmètre. Depuis un arrêté pris en 2016, les ancien chefs d'Etat peuvent jouir de "locaux meublés et équipés, dont le loyer, les charges et les frais généraux sont pris en charge par l’Etat" et de sept collaborateurs permanents ainsi que deux agents de service. Nouveauté : le décret réduit cette équipe à trois collaborateurs et un agent au bout de cinq années.  

Les anciens Présidents bénéficient également de la gratuité des frais de réception ainsi que des frais de déplacement, mais contrairement à avant, ces frais doivent être en lien avec leur activité d'ancien chef d'Etat. Plus question de voyager gratuitement pour des raisons personnelles. Ses prédécesseurs avaient pu profiter de la gratuité sur le réseau SNCF ainsi que d'une voiture avec chauffeur.

Selon l'ancien député René Dosière, ce sont finalement les coûts lié à la sécurité qui sont les plus élevés. Avant le départ du Président socialiste et la mort de Jacques Chirac, il les estimait à 5,6 millions d’euros (pour trois anciens Présidents). Au total et hors pensions de retraite, l'homme politique estime que chaque président coûte trois millions d'euros par an. Bien plus donc que ce qu'envisageait Perspicace ?.

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Claire CAMBIER

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