Ce qu'il faut retenir du "grand débat" de Macron sur les retraites

Publié le 4 octobre 2019 à 5h04, mis à jour le 4 octobre 2019 à 6h26

Source : TF1 Info

POLITIQUE - Emmanuel Macron a lancé jeudi la consultation sur la réforme des retraites en tentant de persuader plus de 500 personnes, souvent inquiètes et méfiantes.

Déjà reporté d'une semaine après le décès de Jacques Chirac, le débat à Rodez (Aveyron) sur la réforme des retraites a débuté avec une heure de retard en raison de la mort de quatre fonctionnaires de la préfecture de police tués par un collègue à la mi-journée. "Un véritable drame", a déploré Emmanuel Macron, en invitant le public à se lever pour une minute de silence.

Puis le président, debout au milieu de l'assistance, micro à la main, commence à faire la pédagogie de sa réforme de la retraite, le grand chantier de la deuxième partie du quinquennat. Il dit avoir fait le choix d'une réforme qui ne va pas lui "rapporter" pendant son quinquennat. "Elle se fera en 2025 et pleinement en 2040. Si tout va bien, on n'aura plus besoin de changer", assure-t-il. Mais, durant plus de trois heures, la trentaine de personnes qui se lèvent pour poser des questions, expriment doutes, méfiance et inquiétudes face à l'avenir.

"Aucune retraite pleine ne sera inférieure à 1.000 euros par mois"

"Plus je vieillis, plus l'âge (du départ à la retraite) recule", se désole une infirmière de 53 ans. "Les jeunes ne vont-ils pas être les grands perdants de la retraite?", interroge un Aveyronnais de 25 ans. Devant Jean-Paul Delevoye, le Haut-commissaire aux retraites, silencieux, Emmanuel Macron prend le temps de "lever les malentendus" sur sa réforme qui vise à fusionner en un système unique par points les 42 régimes existants, à l'horizon 2025. 

"Ce qui est clair, c'est que je veux qu'on aille vers un système qui construit l'avenir, c'est-à-dire positif", explique-t-il. Il promet qu'à terme aucune retraite pleine ne sera inférieure à 1.000 euros par mois. Il répète que l'âge légal de départ à la retraite reste à 62 ans, tout en évoquant la nécessité de "définir" un "âge pivot" durant l'actuelle concertation. C'est à partir de cet âge seulement qu'on pourra bénéficier d'une retraite pleine, sans décote.  

Une réforme qui ne concernera ni les retraités ni les plus de 56 ans

"Il ne faut pas se mentir, il faudra cotiser plus, il n'y a pas de solution magique" à cause de l'évolution démographique et de l'allongement de la vie, met-il en garde le public, composé de lecteurs des trois quotidiens du groupe La Dépêche (La Dépêche, Centre-Presse et Midi Libre). Emmanuel Macron rappelle que la réforme ne concernera ni les retraités ni les plus de 56 ans, ces seniors qui forment une bonne part de l'électorat d'En Marche. "On mettra des règles d'or pour fixer la valeur du point avec un engagement clair qui est que le niveau de vie des retraités ne doit pas être dégradé, il doit être le même et continuer à progresser."

"Je veux une vraie co-décision (...) Le débat doit permettre d'ajuster, de corriger", affirme-t-il. Cette consultation doit s'étendre jusqu'à la fin de l'année avant que la réforme n'arrive devant le Parlement, probablement à la mi-2020. L'exécutif aura fort à faire puisque, selon une étude Elabe publiée jeudi, 43% des Français restent opposés à cette réforme tandis que 32% y sont favorables et 24% neutres.

Tous les régimes spéciaux concernés même ceux des policiers et des enseignants

Puis, il tente de rassurer les policiers, les conducteurs de bus ou les avocats, autant de professions qui sont descendues dans la rue pour conserver les particularités de leurs statuts. 

Interrogé sur un possible régime spécial maintenu pour les policiers, Emmanuel Macron dément. " Si je dis on garde un régime spécial pour l’un on va devoir le faire pour les autres donc non. Si on met tout le monde dans le même système, on doit transformer les carrières. On doit les valoriser. Il n'y a pas de régime spécial mais une discussion spécifique."

Puis, juste avant de clore le débat, une question d'une professeure a orienté les échanges vers la fatigue du corps enseignant.  "Il y a des fonctions d’encadrement qu’on ne reconnait pas assez, lui a répondu Emmanuel Macron. Et le pacte social implicite qu’on a fait : on ne vous paie pas très bien, les évolutions de carrières sont limitées, mais vous avez des vacances et un système de retraite mieux calculé que d’autres. Ce pacte-là ne correspond plus à la réalité. Le passage au niveau système pour les enseignants ne peut aller qu’en transformant la carrière."

Un débat citoyen pour "ajuster" la réforme

Questionné sur la portée de cette "consultation citoyenne", le chef de l'Etat a prévenu : "Je vais être clair, le débat ne va pas me faire réaliser qu'il ne faut pas de réforme. (...) mais va permettre d'ajuster, de changer, de modifier, de corriger." Un site internet a même été lancé pour "permettre à chacun de s'exprimer sur la mise en place d'un système universel". Pour Emmanuel Macron, ce débat doit lancer une réflexion plus large sur "la crise du travail" que connaît la France. Car "il y a aujourd'hui, comment ne pas le reconnaître, une forme de mal-être au travail. Beaucoup de gens ne comprennent plus le sens de leur travail" (...) et "les carrières sont gérées comme il y a 20 ans". 

A six mois des municipales, sa visite dans un département rural lui permet aussi de montrer son souci des territoires. Il enchaînera vendredi avec une visite à Clermont-Ferrand pour le centième anniversaire du journal La Montagne, où il répondra à plusieurs centaines de salariés du groupe de presse -- un second grand débat, en quelque sorte.    


La rédaction de TF1info

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