Covid-19 : combien de temps faut-il pour adapter les vaccins au variant Omicron ?

Publié le 27 novembre 2021 à 12h16, mis à jour le 27 novembre 2021 à 12h49

Source : TF1 Info

CRISE SANITAIRE - Les nombreuses mutations du variant Omicron, déjà présent sur le sol européen, laissent craindre une baisse de l'immunité engendrée par le vaccin. Les laboratoires cherchent la parade.

Une nouvelle course contre la montre s'engage. Un premier cas du variant Omicron, initialement détecté en Afrique du Sud, a été enregistré vendredi en Belgique et samedi en Allemagne. Son risque de propagation dans toute l'Europe est considéré comme "très élevé". Ce variant comporterait une trentaine de mutations, bien plus que le Delta, majoritaire dans le monde. Les scientifiques examinent désormais les conséquences de ces mutations : le variant est-il plus contagieux ? Échappe-t-il à l'immunité vaccinale ?

Face à l'incertitude, les laboratoires semblent déjà prêts à réagir. Moderna, dont le vaccin est le deuxième le plus administré en France, a annoncé vendredi son intention de développer une dose de rappel spécifique pour le variant Omicron. La société américaine affirme avoir "démontré à plusieurs reprises sa capacité à faire passer de nouveaux candidats au stade des essais cliniques en 60 à 90 jours".

De son côté, l'alliance Pfizer/BioNTech se prépare également. Le groupe américain et le laboratoire allemand indiquent travailler depuis plusieurs mois pour être capables "d'ajuster" leur vaccin "en moins de six semaines et à livrer les premières doses en 100 jours" en cas de résistance du variant à la vaccination. Il en est de même pour Novavax, dont les travaux prendront "quelques semaines".

Nous avons tardé à adapter les souches vaccinales aux souches circulantes
Étienne Decroly, virologue

"Changer une souche par une autre n'est plus un problème extrêmement important, cela peut se faire en quelques semaines", explique à LCI Étienne Decroly, virologue et directeur de recherche au CNRS. En revanche, "valider que les modifications vaccinales induisent une bonne immunité", mais aussi "mettre en place des systèmes de production massifs" pour fabriquer les doses prend plus de temps, tempère-t-il.

Un vaccin spécifique contre ce variant, s'il s'avère nécessaire, n'est donc pas attendu pour la population générale avant plusieurs semaines, voire quelques mois. "L'apparition de ce variant souligne que nous avons peut-être un peu tardé à faire le travail d'adaptation des souches vaccinales aux souches réellement circulantes", avertit Étienne Decroly. "Il faudrait que l'on soit plus proactif. La meilleure stratégie serait de réaliser des boosts avec des vaccins qui contiennent les variations. Cela stimulerait l'immunité et élargirait son spectre sur les domaines du virus qui ont varié."

À ce jour, les scientifiques estiment que les mutations présentes sur Omicron concernent notamment la protéine Spike, la porte d'entrée du virus dans notre organisme. "Il s'agit d'une région sensible du virus, il faut investiguer pour savoir s'il y a une conséquence ou pas sur les vaccins", déclare sur LCI le Pr Jean-Paul Stahl, professeur des maladies infectieuses à Grenoble (voir vidéo en tête de cet article). Cela ne signifie pas pour autant que les vaccins perdront forcément en efficacité. "C'est un pas loin d'être franchi, il faut se donner le temps" d'analyser.

La dose de rappel toujours aussi déterminante ?

Dès lors, la dose de rappel, ouverte depuis ce samedi à tous les Français de plus de 18 ans vaccinés depuis au moins cinq mois, reste toujours importante, même en cas d'arrivée du variant Omicron dans le pays. "À mon sens, les vaccins ne vont pas brusquement devenir inefficaces", juge Étienne Decroly.

"Aujourd'hui, le virus qui circule en France reste le Delta", rappelle-t-il. "La dose de rappel permet de remonter les anticorps à un niveau tel que nous en aurons probablement certains qui reconnaîtront le variant Omicron. Ce n'est pas la solution idéale - il faudrait faire un boost spécifique sur les variants - mais c'est une solution bien meilleure que de ne pas avoir de boost."


Idèr NABILI

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