MATIÈRE GRISE - Des chercheurs allemands ont révélé que la capacité des pigeons à réaliser plusieurs choses en même temps est parfois supérieure à l'homme en raison d'une densité de neurones exceptionnelle.
Depuis la fin du XVe siècle, le pigeon, par métaphore, désigne un sot, un homme qu'on attire aisément dans une affaire pour le spolier. Et si cette expression de la langue française était un tant soit peu erronée ? A en croire les travaux de scientifiques allemands de l'université de Bochum (Rhur), parus le 25 septembre dernier dans la revue Current Biology, les pigeons sont au moins aussi doués (voir plus) que les humains pour jongler avec des tâches diverses grâce à une densité de cellules nerveuses par millimètre cube 6 fois plus élevée que les êtres humains.
Plus vifs
Au cours de l'expérience, les chercheurs ont proposé à 15 humains et à 12 pigeons de réaliser une tâche (forcément adaptée à chaque espèce) puis d'en entreprendre une autre lorsqu'un signal leur était donné et cela, le plus vite possible. Dans cette configuration, le cerveau exécute deux processus différents pour jongler entre les exercices. Les biologistes n'ont pas remarqué de différence de temps de réaction entre les humains et les pigeons lorsque les tâches s'enchaînaient.
En revanche, pendant un autre exercice, les oiseaux ont été plus prompts que les humains. Ils en ont débuté une nouvelle avec 250 millisecondes d'avance.
Mieux que les primates et les rongeurs
Les scientifiques ont ainsi la conviction que cette performance s'explique par l'incroyable densité de neurones dans l'encéphale des pigeons. "La distance entre deux neurones est environ 1,82 fois plus courte" chez ces oiseaux que dans notre cerveau, détaille l'étude. Si la vitesse de propagation d'un signal entre deux neurones est la même pour les deux espèces, la densité de neurones plus importante peut permettre une transmission plus rapide de l'information entre les différents groupes de cellules nerveuses chez les pigeons, permettant donc de réduire leur temps de réponse.
L'information, repérée par Sciences et Avenir prouve que le néocortex [qui correspond à la couche externe des hémisphères cérébraux chez les mammifères, NDLR] n'est pas toujours nécessaire à l'accomplissement de tâches cognitives compliquées puisque le pigeon biset (le Columba livia, bien connu en ville), comme tous les oiseaux, en est dépourvu.
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En 2016, une étude avait démontré que les toutes petites boîtes crâniennes des volatiles contiennent entre 136 millions et 3,14 milliards de neurones. Ce qui est deux fois plus important que les primates et quatre fois plus que les rongeurs dotés d'un cerveau de masse similaire.