Des annulations en avalanche... Pas d'ouverture à Noël, un crève-cœur pour les stations de ski

Publié le 25 novembre 2020 à 15h50, mis à jour le 25 novembre 2020 à 16h36

Source : TF1 Info

DÉSARROI - Alors qu'Emmanuel Macron a estimé "impossible" mardi soir l'ouverture des stations de sports d'hiver avant les fêtes de fin d'année en raison des risques sanitaires, les professionnels accusent le coup et ne cachent pas leur incompréhension.

"Impossible". A peine le mot était lâché par Emmanuel Macron mardi soir que les professionnels des sports d'hiver faisaient grise mine. "Une concertation a été engagée par le gouvernement avec les élus locaux et les professionnels mais il me semble toutefois impossible d'envisager une ouverture pour les fêtes", a dit le président de la République, jugeant "préférable de privilégier une réouverture courant janvier dans de bonnes conditions". "Nous nous coordonnerons sur ce point avec nos voisins européens", a-t-il ajouté. 

Une "coordination européenne est menée à l'initiative de la France", avaient indiqué lundi les services du Premier ministre, promettant une décision sur l'ouverture d'ici Noël "dans les 10 prochains jours". Pour l'heure, certains pays comme l'Italie et l'Allemagne penchent pour que les stations de sports d'hiver restent fermées, tandis que d'autres comme l'Autriche hésitent.

Dans les stations, c'est donc un nouveau coup de massue pour les hôteliers et les commerçants. "J'attendais 14 saisonniers, eh bien je vais leur demander de rester chez eux et je vais différer les contrats d'embauche, voire pas du tout les prendre. Enfin, on verra en terme social comment on peut faire...", s'inquiète par exemple Luc Magnin, le directeur du Grand Hôtel de Paris de Villars-de-Lans, en Isère.

J'ai dû avoir une dizaine de mails d'annulation, et 2 ou 3 coups de fil, donc c'est pas joyeux. Ça fait un peu mal au cœur quand même.
Audrey, réceptionniste dans un hôtel de Villars-de-Lans

Des centaines d'emplois de saisonniers sont ainsi menacés dans cette station du Vercors. Rémi Dusser est l'un d'eux. Le jeune homme devait travailler dans un bar-restaurant, fermé pour au moins deux mois encore. Il confie son désarroi aux caméras de TF1 : "J'ai un emprunt, donc il faut que je sorte pas mal d'argent entre une maison et une voiture. Personnellement j'ai la chance de ne pas encore être pris à la gorge, mais si ça dure trop longtemps, ça va vite devenir compliqué", dit-il dans le reportage en tête de cet article.

Le malaise est le même dans l'hôtellerie. Audrey, la réceptionniste d'un petit établissement de 60 chambres, accumule les mauvaises nouvelles depuis le début de la journée. "J'ai dû avoir une dizaine de mails d'annulation, et 2 ou 3 coups de fil, donc c'est pas joyeux. Ça fait un peu mal au cœur quand même", soupire-t-elle. Il faut dire que dans le Vercors, ce village de 4.000 habitants peut accueillir jusqu'à 20.000 touristes l'hiver. "Depuis hier soir, on est un peu sonné, on verra les prochaines annonces si jamais il y a quelque chose qui se débloque", tente de se rassurer Nicolas Perrin, le directeur du centre de vacances "Le Vercors".

Inquiétude dans les écoles de ski

Du côté des commerces, la litanie est identique. Eux seront ouverts, mais pour quelle fréquentation dans une station de ski... sans ski ? "Moins de touristes, moins de gens qui mangent une bûche de Noël, moins de gens qui achètent du chocolat, moins de petits plaisirs à côté. Est-ce que les gens vont venir et se dire qu'ils sont dans un village où on peut rien faire, pas skier, pas aller à la patinoire, pas profiter de la luge l'hiver ?", s'interroge Virginie Grandperrin, la gérante d'une pâtisserie-chocolaterie. "Les vacances de Noël représentent plus de 25% du chiffre d'affaires de l'hiver, donc ce n'est pas négligeable. Et puis à Noël, les gens mangent parce que c'est festif. Il y a les réveillons de Noël, du Jour de l'an, c'est quand même quelque chose d'important", déplore de son côté Jean-Paul Gueripel, un autre commerçant. 

D'autres professionnels sont également très inquiets dans les stations de sport d'hiver, ce sont ceux qui travaillent dans les écoles de ski, ou encore les remontées mécaniques. A Ax 3 Domaines, dans l'Ariège, tout était prêt pour démarrer la saison courant décembre, c'est donc la stupéfaction qui l'emporte. "Franchement, ça a été une surprise, et quelque part c'est un peu un traumatisme pour le personnel parce que les stations de ski se préparent depuis six mois pour ouvrir à Noël", avance Jacques Gales, le directeur des pistes. D'autant que dans cette station familiale, les fêtes de fin d'année sont une période indispensable : "Économiquement, nous allons perdre les vacances de Noël, donc pour nous ça représente plus de 20% de notre chiffre d'affaires", regrette Delphine Billat, la directrice d'exploitation.

Entre les pisteurs, les conducteurs de remontées mécaniques ou encore les loueurs de ski, ce sont là-aussi plus de de 250 saisonniers qui pourraient ne pas travailler pendant les fêtes. A l'Ecole de ski française, le directeur s'inquiète pour les moniteurs. "Ce sont tous des travailleurs indépendants. Certains ont d'autres activités, mais ceux qui ont pour activité principale d'être moniteur de ski, ils ne peuvent prétendre qu'aux aides de l'Etat", avance Stéphane Faubert.

Dans cette station des Pyrénées, comme dans les autres d'ailleurs, les professionnels avaient pourtant travaillé depuis des semaines sur un protocole sanitaire important. Alors pour ce gérant d'un magasin de locations de ski, c'est la douche froide. Il s'interroge sur ce report de l'ouverture : "On parle sans arrêt de distanciation, donc les personnes qui ne seront pas venues à Noël vont venir en février. Je pense que ce sera compliqué de mettre en place tout ce qui est distanciation sur une période très courte", prévient Jean-Claude Lorenzo du magasin "Atout glisse". Désormais, ces professionnels de la neige s'inquiètent d'une possible concurrence des stations voisines, en Espagne ou à Andorre.


Virginie FAUROUX

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