Pas forcément d'exclusion après un test positif : Roland-Garros assouplit son protocole Covid

Publié le 29 septembre 2020 à 15h17
Contaminé fin juin, Novak Djokovic ne pourra plus être suspecté d'être contagieux et, donc, exclu du tournoi parisien.
Contaminé fin juin, Novak Djokovic ne pourra plus être suspecté d'être contagieux et, donc, exclu du tournoi parisien. - Source : RICCARDO ANTIMIANI / POOL / AFP

CORONAVIRUS - Roland-Garros a ajusté son protocole anti-Covid pour, enfin, prendre en compte la notion d'antériorité. Tout participant testé positif ne sera désormais plus évincé s'il peut prouver que sa contagion est antérieure au tournoi. Un changement de règle en pleine quinzaine qui interroge.

C'est un rétropédalage qui fait causer. Sur le modèle de l'US Open, Roland-Garros a cadenassé son environnement pour garantir la sécurité sanitaire. Par peur du "cluster", les organisateurs du Grand Chelem parisien ont érigé un protocole drastique pour limiter au maximum les risques de contagion. Tous les participants et leur staff ont ainsi été testés une première fois à leur arrivée à Paris, une deuxième à J+2, puis le seront de nouveau tous les cinq jours, s'il sont encore en lice. Si le test se révèle positif, le même échantillon est recontrôlé. Et le joueur est tout simplement exclu si le résultat est confirmé.

Toutefois, au grand regret des "bannis", aucune nuance n'était apportée pour les "faux positifs", qui auraient développé des anticorps issus d'une précédente contamination. Vendredi 25 septembre, le protocole Covid a donc été modifié à la hâte, en application des dernières consignes de l'Agence régionale de Santé (ARS). Et le tournoi parisien considère désormais comme "non-contagieuses" les personnes testées positives, si elles peuvent prouver qu'elles ont été exposées antérieurement au virus. "Les autorités publiques ont ainsi informé la FFT (...) que l'antériorité documentée de la maladie, attestée par le dossier médical de la personne testée et validée par le corps médical, permettait de constater le cas échéant le non contagiosité de la personne au regard du protocole sanitaire", a expliqué lundi soir à l'AFP la Fédération française de tennis (FFT).

Concrètement, cela signifie qu'un Benoît Paire, déclaré positif à l'US Open, des Novak Djokovic ou Grigor Dimitrov, contaminés fin juin durant l'Adria Tour, le tournoi organisé en pleine pandémie par le numéro 1 mondial serbe, ne pourront plus être suspectés d'être contagieux. Dès lors, ils ne pourront plus être exclus pour cette raison. Pour autant, les joueurs et joueuses ayant déjà eu le Covid continueront-ils à être testés ? À cette question, la FFT s'est en revanche refusée à tout commentaire.

Qu'en est-il pour moi ? Aucune action n'est entreprise pour corriger l'erreur commise
Fernando Verdasco, exclu du tournoi après un test positif

Mais si, pour certains, cet allègement du protocole vient les soulager d'un poids, pour d'autres, moins chanceux, il est bien trop tardif. Le mal a déjà été fait. C'est ce qu'a regretté Fernando Verdasco, "frustré et révolté" d'avoir été évincé vendredi, le jour même du changement de règle, du tableau principal de Roland-Garros. Testé positif, le vétéran espagnol, 36 ans et 59e mondial, avait pourtant expliqué avoir été touché par le Covid-19 pendant l'été. Il n'avait d'ailleurs déclaré aucun symptôme. Exclu du Grand Chelem parisien, il est depuis retourné se faire dépister à plusieurs reprises. Négatif à chaque fois.

"On apprend que la règle a changé hier (vendredi) et que Roland-Garros accepte de retester les personnes qui ont rendu un PCR positif", a écrit, à tort, dans un tweet l'ancien finaliste de l'Open d'Australie. En effet, comme le rappelle la Fédération française de tennis auprès de L'Équipe, il n'y a "pas de deuxième test quand celui-ci est positif". "Chaque prélèvement testé positif fait l'objet de deux méthodes d'évaluation et est déclaré positif si les deux résultats s'avèrent positifs", précise-t-elle. 

Fernando Verdasco peut, en revanche, s'estimer lésé puisqu'il aurait pu participer au tournoi parisien en prouvant sa contagion antérieure. "Qu'en est-il pour moi ? Aucune action n'est entreprise pour corriger l'erreur commise et me voilà purement et simplement exclu du tableau", a dénoncé le Madrilène. "On vient de me dire qu'il n'y a rien à faire. Je me sens désemparé." Car, en remaniant son protocole en plein tournoi, sans doute pour éviter de perdre l'une de ses têtes d'affiche qui serait testée positive mais non contagieuse, Roland-Garros nourrit, chez ses "exclus", un sentiment d'injustice légitime. 


Yohan ROBLIN

Tout
TF1 Info