Dopage : l'étau se resserre autour de la marathonienne Clémence Calvin

par Hamza HIZZIR
Publié le 12 avril 2019 à 18h41, mis à jour le 13 avril 2019 à 22h30

Source : Sujet JT LCI

RÉVÉLATIONS – Alors que le Conseil d’Etat examine vendredi 12 avril la demande de Clémence Calvin de participer, dimanche 14 avril, au marathon de Paris malgré sa suspension provisoire, une enquête préliminaire pour "infractions à la législation sur les produits dopants" a été ouverte...

Clémence Calvin, la vice-championne d'Europe du marathon, suspendue pour s'être soustraite à un contrôle antidopage à Marrakech le 27 mars, saura vendredi 14 ou samedi 15 avril si le Conseil d’État l’autorise, ou non, à s’aligner au départ du marathon de Paris, le dimanche suivant. Mais quelle que soit la décision du juge des référés à ce sujet spécifique, elle ne mettra pas fin aux ennuis de celle que la Fédération française d’athlétisme (FFA) avait désigné athlète de l’année 2018. 

Tels des cow-boys

Car, en parallèle de l’affaire du "no show" marocain, une autre procédure, judiciaire celle-là, a été ouverte par le parquet de Marseille, pour "infractions à la législation sur les produits dopants", a indiqué ce vendredi à l'AFP le procureur de la République, Xavier Tabareux. Au-delà des procédures disciplinaires autour des contrôles, qui sont menées par l'Agence française de lutte contre le dopage (AFLD), la justice peut en effet être saisie quand il existe des soupçons d'acquisition, détention ou fourniture de produits dopants, des faits pouvant valoir un procès pénal.

Ces deux volets sont potentiellement liés : avant que Clémence Calvin ne fasse l’impasse sur le contrôle du 27 mars, avant que son mari et entraîneur, le coureur de demi-fond Samir Dahmani, ne soit accusé d’avoir fait obstruction au contrôle en question (un délit passible de six mois de prison), avant que la Française ne livre, mercredi 10 avril, une rocambolesque version des faits, décrivant une scène où elle aurait subi des violences de la part des contrôleurs qui se seraient fait passer pour des policiers, le couple faisait déjà partie des cibles prioritaires de l’AFLD, mais aussi des gendarmes de l'Office central de lutte contre les atteintes à l'environnement et à la santé publique (Oclaesp).

Il n'y a rien à découvrir de suspicieux sur moi.
Clémence Calvin ce vendredi

L’enquête préliminaire à Marseille a été ouverte le 22 mars, soit cinq jours avant l’affaire de Marrakech. Elle correspond, selon Le Monde, au moment où l’Oclaesp pensait pouvoir arrêter Samir Dahmani, le mari de Clémence Calvin, en flagrant délit de possession de produits dopants. Les gendarmes auraient obtenu une information selon laquelle de l’EPO se trouvait dans ses bagages lors de son départ pour le Maroc, mais la saisie n'a finalement pas eu lieu, car jugée trop prématurée pour démanteler un réseau plus large... De son côté, l’AFP indique ce vendredi que les agents de l’AFLD, en se rendant à Marrakech, avaient dans le viseur, outre le couple Calvin-Dahmani, un jeune athlète de niveau inférieur, qu’ils soupçonnent d’avoir joué un rôle concret.

"Des enquêtes il y en a qui s'ouvrent, voilà... Peut-être que j'en ai eu d'autres avant dont je n'ai pas été tenue au courant car il n'y a pas eu de résultat. Il n'y a rien à découvrir de suspicieux sur moi", maintient cependant Clémence Calvin, ce vendredi, dans un entretien accordé à Infosport+. Le soupçon l’accompagne pourtant depuis ses premières performances chez les seniors en 2014, année de sa médaille d'argent sur 10.000 mètres aux championnats d'Europe, quand l’AFLD avait observé, dans son passeport biologique, des variations suspectes de ses valeurs sanguines, pouvant indiquer des manipulations, sans que ces anomalies ne soient toutefois suffisamment évidentes pour aboutir à une sanction.

Des toilettes chimiques et une tente ouverte à plein vent

Autre élément troublant : Clémence Calvin n’avait pas souhaité, le 10 mars dernier, valider son record de France du 5 km, établi au semi-marathon de Paris, ce qui aurait nécessité qu’elle subisse un contrôle antidopage. "En effet, il devait y avoir un contrôle après la course, mais le cadre n'était pas conforme, il y avait des toilettes chimiques et une tente ouverte à plein vent. Mon manager a demandé à organiser un contrôle, et on m'a rappelée le lundi matin alors que j'étais en conférence de presse pour parler du marathon de Paris. Alors, avec mon manager, on s'est dit que de toute façon, je le rebattrai, ce record, car il était insignifiant, je ne me souviens même plus de mon temps. Pour nous, c'est passé comme une lettre à la poste, ce n'est pas un refus de contrôle", se défend-elle aujourd’hui.

C’est en tout cas cet imbroglio qui a motivé l’AFLD a effectuer un contrôle au Maroc avant le marathon de Paris. L’agence a aussi révélé, ce vendredi devant le Conseil d’État, que Clémence Calvin a effectué par moins de 13 changements de localisation dans le logiciel Adams, en deux semaines au Maroc. Alors que la législation impose aux athlètes de demeurer dans leur lieu d’entraînement pendant les stages qu'ils s'accordent, pour justement faciliter les contrôles inopinés... Il s’agissait, en l’occurrence pour la marathonienne, du bourg d’Ifrane, où le couple a ses habitudes depuis de longues années. Et souvent décrit comme une plaque tournante du dopage dans l’athlétisme français.


Hamza HIZZIR

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