Paris 2024 : entre écologie et contraintes budgétaires, quelles solutions pour financer l'événement ?

par Allan DELAMOTTE
Publié le 29 novembre 2019 à 17h45

Source : JT 20h WE

DILEMME - Dans un peu plus de quatre ans, Paris accueillera les Jeux olympiques, 100 ans après ceux organisés dans la capitale en 1924. Des olympiades placées sous le signe de l'écologie qui compliquent la recherche de sponsors respectant les critères verts.

Depuis de longs mois, le financement des Jeux olympiques de Paris 2024 suscite de nombreuses interrogations. La maire de Paris Anne Hidalgo, qui a son mot à dire dans le projet, veut placer ces olympiades sous le signe de l'écologie et a indiqué vouloir "faire de Paris une ville sans plastique d'ici 2024" en vue de cet événement mondial. Elle a notamment envoyé un courrier à Tony Estanguet, président du Comité d'organisation des JO de Paris 2024 (Cojo), lui indiquant que les futurs sponsors des JO devraient répondre à des critères écologiques et éthiques.

Conséquence directe, le groupe pétrolier Total, qui était pourtant en discussions avancées avec le Cojo, a dû jeter l'éponge en juillet dernier sous la pression de l'édile. Un choix fort alors que Total était prêt à investir près de 120 millions d'euros, une somme non négligeable pour un portefeuille de partenaires estimé à 1,2 milliard d'euros. 

Signe de ces exigences, le partenariat noué par le Comité international olympique (CIO) et la plateforme de location de logements Airbnb irrite lui aussi la maire de Paris. Mais pas seulement : les hôteliers ont annoncé le 20 novembre dernier "suspendre leur participation" à l'organisation des JO.

Un cador "vert" du calibre de Total, mission impossible ?

La question est donc de savoir comment le Cojo compte boucler son budget d'ici à 2024, tout en respectant les directives éthiques et écologiques imposées par la mairie de Paris. Joint par LCI, l'économiste du sport Pierre Rondeau, également consultant et chroniqueur pour RMC Sport, détaille les alternatives possibles pour le comité. 

Le spécialiste annonce d'emblée la couleur. "Il sera très difficile de trouver un sponsor de rang 1, tel que Total, de nature éco-responsable. LVMH, qui investit massivement dans le patrimoine culturel et historique, pourrait être un candidat potentiel. Néanmoins, le fossé est grand entre les grandes sociétés et le domaine sportif en France. Il y a juste à se pencher sur le secteur du football hexagonal. Des entreprises du CAC 40, seul Accor est sponsor et partenaire d'un club de Ligue 1, le PSG. Cela traduit quelque peu le manque de culture sportive globale qui réside au sein des entreprises françaises", développe-t-il.

Vers une multiplication de petits sponsors ?

Selon Pierre Rondeau, l'une des solutions serait de prendre exemple sur Tokyo, qui accueille les Jeux olympiques l'an prochain. A défaut d'avoir de gros sponsors, la capitale japonaise a fait le choix de multiplier les "petits" partenariats. Au total, elle dispose de 66 sponsors, certains apportant "seulement" entre 1 et 2 millions d'euros. "Je n'ai pas d'inquiétude particulière pour le Cojo dans sa recherche de sponsors. Il a encore beaucoup de temps pour accomplir sa mission. Il faut savoir que Tokyo négocie encore des contrats à quelques mois des JO 2020", tempère-t-il.

Des entreprises pourraient attendre le dernier moment pour soumettre leur candidature
Pierre Rondeau, économiste du sport

Une stratégie, sorte de contre-offensive, pourrait cependant être adoptée par les potentiels sponsors des JO 2024. Pierre Rondeau avance que certains d'entre eux sont susceptibles de jouer la montre. "En cas de difficultés pour Paris à trouver des sponsors, des entreprises pourraient attendre le dernier moment pour soumettre leur candidature, dans le but d'obliger le comité à revoir ses exigences écologiques, mais également économiques, à la baisse."

La menace d'une dette colossale

Voulant à tout prix éviter d'avoir trop grosses dettes et un taux de dépassement budgétaire colossal, Paris pourrait effectivement être confrontée à ce schéma. Depuis les années 1960, ce taux atteint en moyenne 176%, soit près du triple du budget annoncé au départ. "Toute la difficulté réside à investir massivement sur un événement qui ne dure finalement qu'un mois, avec des sponsors éco-responsables tout en atteignant le budget, pour ne pas répercuter les coûts sur la population sous forme d'impôts", argumente Pierre Rondeau. 

Si la gymnastique s'annonce donc compliquée pour respecter tous ces critères, le Cojo dispose toutefois de beaucoup de temps pour trouver des solutions et ainsi répondre aux nombreuses interrogations.


Allan DELAMOTTE

Tout
TF1 Info