Grimpeur hors pair, tout-puissant et précoce... Qui est Egan Bernal, le nouveau patron du Tour de France ?

Publié le 28 juillet 2019 à 18h27, mis à jour le 28 juillet 2019 à 22h46

Source : Sujet TF1 Info

PORTRAIT - Perle du cyclisme colombien, Egan Bernal est devenu, à 22 ans, le plus jeune vainqueur du Tour de France depuis 110 ans. Le coureur du Team Ineos, qui a fait de la haute montagne son terrain de prédilection, a pris le pouvoir dans les Alpes pour offrir à son pays son premier triomphe sur la Grande Boucle. Portrait du nouveau boss de l'épreuve.

Le nouveau patron du Tour de France, c'est lui. Devenu maillot jaune sur la foi du chronométrage actionné au sommet du col de l'Iseran vendredi, Egan Bernal a résisté lors de la 20e étape et avant-dernière étape, largement raccourcie en raison des intempéries dans les Alpes, en terminant quatrième à 17 secondes du vainqueur du jour, Vincenzo Nibali. Suffisant pour que le coureur colombien du Team Ineos s'assure de remporter la Grande Boucle, son premier grand Tour. C'est en leader, et sans égal, qu'il a paradé dimanche 28 juillet entre Rambouillet et Paris avant de défiler en jaune sur les Champs-Élysées.

Pour sa deuxième participation à la grand-messe du vélo, après une prometteuse 15e place au général l'an dernier, Bernal a bâti son succès avec patience. Après un départ discret, il s'est replacé dans les Pyrénées avant de s'envoler dans les Alpes, un terrain de jeu qui lui sied à merveille. C'est sur ces routes qu'il a décramponné Julian Alaphilippe et ses autres rivaux à deux jours de l'arrivée à Paris.

Vainqueur des maillots jaune et blanc, récompensant le meilleur jeune, il aurait même pu endosser le maillot à pois de meilleur grimpeur - conquis par Romain Bardet - s'il avait pris la deuxième place de la 20e étape samedi, à la veille de l'arrivée à Paris. Portrait d'un jeune homme pressé par le temps, premier Colombien à triompher sur la Grande Boucle et l'un des plus jeunes vainqueurs de l'épreuve reine.

Monsieur 100% en 2019

Rien ni personne ne lui résiste cette saison. Vainqueur sur Paris-Nice en mars et sur le Tour de Suisse en juin, les deux courses à étapes sur lesquelles il s'est aligné en 2019, le Colombien avait focalisé sa préparation sur le Giro, qu'il devait aborder en tant que leader. Mais une fracture de la clavicule après une chute à l'entraînement début mai l'a contraint à changer ses plans. De retour à l'entraînement cinq jours après son opération, il s'est concentré sur le Tour où il devait au départ jouer les équipiers de luxe. Il est finalement désigné co-leader avec le vainqueur sortant Geraint Thomas, après le forfait de Chris Froome. La suite, on la connaît. Arrivé sur la pointe des pieds, il a mis la Grande Boucle aux siens.

Un doublé rare sur le Tour

Plus jeune coureur à remporter Paris-Nice, depuis Stephen Roche en 1981, Egan Bernal est un exemple de précocité. Le jeune coureur, né le 13 janvier 1997 à Zipaquira, une ville située à 2600 m d'altitude non loin de la capitale colombienne Bogotá, devient, à 22 ans et 197 jours, le plus jeune vainqueur depuis François Faber en 1909. Dans l'histoire, deux coureurs plus jeunes que lui ont déjà marqué le Tour de leur empreinte : le Français Henri Cornet en 1904, 19 ans et 352 jours, et donc le Luxembourgeois François Faber en 1909, 22 ans et 187 jours, dix de moins que le lauréat 2019. Mais, contrairement à ses prédécesseurs, Bernal est l'un des rares vainqueurs également distingué du maillot blanc de meilleur jeune, créé en 1975. Une performance seulement réalisée par Laurent Fignon (1983), Jan Ullrich (1997) et Alberto Contador (2007).

L'altitude, c'est son terrain de jeu

Comme ses compatriotes colombiens, Egan Bernal s'est aguerri à des altitudes défiant tout entendement. Son organisme, préparé depuis tout jeune dans sa ville de Zipaquira, perchée à 2700 mètres, ne ressent pas (ou peu) les effets de l'altitude. Une question d'habitude pour certains, un résultat de la génétique diront d'autres. Peu importe, ni la chaleur ni l'altitude ne semblent l'inquiéter. Et comme un signe au destin, c'est au sommet de l'Iseran, à une altitude (2770 mètres) semblable à laquelle il vit le reste de l'année en Andorre, qu'il a scellé sa victoire sur le Tour. La haute montagne, Bernal ça le gagne.

Une destinée hors du commun

Ce qui est incroyable, c'est que tout cela ne tient qu'à un fil. Egan, dont le prénom d'origine grecque et signifie "champion" et "jeune homme fougueux", a failli ne jamais devenir cycliste. Adolescent, il se prédestinait à une toute autre carrière. Attiré par le métier de journaliste, il se lance dans des études de communication mais ses parents le poussent à miser davantage sur le cyclisme. Il y a quatre ans, il laisse de côté son rêve de devenir journaliste et se fait les mollets en VTT avec deux podiums aux championnats du monde juniors, l'argent en 2014 et le bronze en 2015. Repéré par Gianni Savio, manager de l'équipe italienne Androni, il rafle en 2017 le Tour de l'Avenir, sorte de mini-Tour de France de la catégorie espoirs. 

TOUR DE L'AVENIR

Par la suite, la machine s'emballe. Sky (devenue Ineos) le détecte et signe le Colombien, fan de Vincenzo Nibali, contre un gros chèque de 250.000 euros. "Geraint (Thomas) et Chris (Froome) arrivaient à la fin de leur meilleure période donc, pour résumer, je cherchais un nouveau Chris Froome", racontait Dave Brailsford, manager du Team Ineos, lors de la première journée de repos. "Pendant deux ans, j'ai regardé tous les jeunes coureurs. Et je me suis dit : il faut prendre Egan." On peut le dire, il a eu le nez fin.


Yohan ROBLIN

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