Bière, aliments au goût prononcé, gros ou petits seins... 7 idées reçues sur l'allaitement

par Charlotte ANGLADE
Publié le 5 juillet 2019 à 11h55

Source : Sujet JT LCI

VRAI FAUX - Peut-on aussi bien allaiter lorsque l'on a de petits seins que des gros ? Cela fait-il maigrir ? Certains aliments sont-ils à éviter ? Lorsque l'on parle d'allaitement, beaucoup de questions se posent encore. Véronique Darmangeat, consultante en lactation et fondatrice d'un centre d'allaitement à Paris, aborde avec nous sept des idées reçues les plus répandues.

Allaiter son enfant est une pratique qui remonte à la nuit des temps. Innée, elle est partagée avec de nombreuses espèces. L'allaitement est pourtant toujours entouré de nombreux mystères et croyances. Lorsqu'il s'agit de donner le sein, chacun a en général son mot à dire, sa petite idée ou sa recette de grand-mère à apporter à l'édifice. Pour démêler le vrai du faux sur l'allaitement, nous avons contacté Véronique Darmangeat, consultante en lactation et fondatrice d'un centre d'allaitement à Paris.

Idée reçue n°1 - Petits seins riment avec petite lactation

FAUX. Ce qui fait la taille des seins, c’est la quantité de masse graisseuse. Cela n'a rien à voir avec la taille de la glande mammaire. Charlotte Gainsbourg et sa mère ont allaité leurs enfants et on ne peut pas dire qu’elles aient beaucoup de seins ! En revanche, petits seins ou pas, nous n'avons pas toutes la même taille de glande mammaire, qui définit la capacité de stockage du lait entre deux tétées. Si une femme stocke peu, ce n’est pas un problème. Son bébé fera juste de plus petites tétées, mais plus souvent.

Idée reçue n°2 - La bière augmente la quantité de lait produite

VRAI ET FAUX. Le fait que la bière augmente la lactation est effectivement une idée répandue. C'est une technique qui marche chez certaines femmes, grâce au houblon. Le problème, c'est l'alcool : il ne doit surtout pas passer dans le lait. Pour effacer une dose d’alcool, en fonction de la corpulence de la mère, il faut entre 2h15 et 2h45. Au début, il est impossible de prévoir quand le bébé va téter, donc il est impossible de boire une bière, mais quand une femme allaite depuis un certain temps, que l'enfant a acquis un rythme et peut ne pas téter pendant 3h, elle peut s'autoriser un verre d'alcool. D'autres aliments, comme le fenouil, peuvent augmenter la production de lait, mais ce n'est jamais la panacée. La meilleure façon de le faire est d'allaiter souvent son bébé. Plus les seins se vident, plus ils fabriquent du lait. J'ajoute que pour produire du lait, il n'est pas nécessaire de boire quatre litres d'eau par jour, ni de consommer deux fois plus de produits laitiers.

Idée reçue n°3 - Éviter les aliments au goût prononcés pour le confort du bébé

FAUX. Il faut au contraire manger tout ce que l'on veut, dont des aliments au goût prononcé. C’est grâce à cela que le bébé acquiert l’intérêt de ne pas manger la même chose à tous les repas. Cela ne change pas la composition du lait, mais seulement le goût. Il est même possible de manger épicé, car le goût passe mais pas le côté piquant.

Idée reçue n°4 - L'allaitement fait maigrir

VRAI ET FAUX. Les scientifiques ont prouvé au travers de plusieurs études que l’allaitement aide à faire maigrir. Cela n'est en revanche effectif qu'au bout de six mois... et à condition de ne pas avoir doublé la quantité de ce que l’on mange. Il ne s'agit pas de s'alimenter pour deux !

Idée reçue n°5 - L'allaitement est un contraceptif naturel

VRAI ET FAUX. Lorsqu'une femme débute l'allaitement, son taux de prolactine, l'hormone de la lactation, est très haut et bloque l’ovulation. Mais s'il diminue naturellement au fur et à mesure donner le sein le plus souvent possible permet de le garder au-dessus du seuil qui assure un effet contraceptif.

Des scientifiques sont par ailleurs arrivés à un consensus sur l’effet contraceptif de l’allaitement : pour que l'ovulation ne se remette pas en route, il faut que l’enfant ait moins de 6 mois, qu’il soit exclusivement allaité et qu'il ne se passe jamais plus de six heures entre deux tétées. La mère ne doit pas non plus avoir fait son retour de couche. Si elle coche toutes les cases, elle est protégée à plus de 98%, donc mieux que la pilule micro-dosée que l’on donne aux femmes allaitantes.

Idée reçue n°6 - Allaiter est essentiel pour créer un lien avec son enfant

VRAI ET FAUX. Tout dépend de la façon dont une femme s’occupe de son enfant, allaité ou non. Si elle ne s'en occupe pas, à part pour le mettre au sein, elle ne va pas créer de super relation. Au contraire, celle-ci peut  exister si elle s'en occupe vraiment, et ce sans lui donner la tétée. Un bébé a besoin qu’on le porte, qu’on le prenne dans les bras, qu’on lui parle… Allaité non. 

En revanche,  et même si cela ne fait pas tout, il est vrai que la relation créée par l’allaitement est assez unique puisqu’il y a ce côté corps à corps. Certaines mamans qui n’ont pas allaité tous leurs enfants peuvent témoigner d’une différence dans leurs relations avec eux, mais ça ne veut pas dire que c’est mieux ou moins bien. C’est différent.

Idée reçue n°7 - Allaiter au-delà d'un an signifie que l'on ne veut pas couper le cordon

FAUX. Si une mère laisse téter son bébé autant qu’il veut, il va le faire jusqu’au jour où il n’en aura plus besoin, ce qui arrive entre 2 et 5 ans. Il a non seulement besoin du contact avec sa mère, mais aussi de l’apport laitier. D’ailleurs, c'est pour cette raison que l'on donne aux enfants qui ne sont pas allaités aussi longtemps des produits laitiers ou du lait d’une autre espèce.

En revanche, le lait maternel est beaucoup plus adapté à un enfant de deux ou trois ans que le lait de vache, dont la composition est adaptée au veau. Cela n’empêche, certes, pas que les enfants qui en prennent soient en bonne santé, mais le lait maternel est particulièrement adapté en termes de composition et d’apports immunitaires. La mère va fabriquer les anticorps dont son bébé a besoin parce qu’elle rencontre les mêmes microbes que lui. Elle adapte aussi son lait à l’âge de son bébé. On ne fabrique pas le même lait pour un enfant de deux ans que pour un bébé de deux jours par exemple. Il évolue tout le temps en fonction des besoins de l’enfant.


Charlotte ANGLADE

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