Cancer de la prostate : ce serait finalement un manque et non un excès de testostérone qui le favoriserait

Publié le 3 avril 2019 à 12h14

Source : JT 20h Semaine

RÉVÉLATION - Les vieilles croyances ? Balayées. Depuis plusieurs décennies, le cancer de la prostate est associé à un excès de testostérone. Mais selon des chercheurs français, ce serait tout l'inverse.

Voilà une étude qui sème la pagaille. Alors que depuis les années 1940, le cancer de la prostate est lié à un excès de testostérone, ce serait en fait tout l’inverse, assure une équipe de chercheurs de l’hôpital Foch de Suresnes. La forme grave de la maladie serait même plus fréquente chez les hommes présentant un déficit de cette hormone masculine.

"Cela fait 70 ans qu'on nous apprend que le cancer de la prostate est dû à la testostérone", mais "ça n'a jamais été montré", martèle auprès de l’AFP le professeur Henry Botto, ancien chef du service d'urologie de l’hôpital, qui appelle à remettre en cause l’approche actuelle de la maladie.

Une forme agressive du cancer notée dans la moitié des cas de déficit de testostérone

Publiée dans la revue Hormones and Cancer, l'étude, baptisée Androcan, a recruté plus de 1.300 hommes qui s’apprêtaient à être opérés en France d'un cancer de la prostate localisé, c'est-à-dire sans métastase. L’analyse des données a démontré que la moitié des hommes ayant un déficit de testostérone présentaient une forme agressive du cancer, alors que celle-ci ne concernait que 30% des autres participants à l’étude.

Pour l’heure, les hommes pris en charge pour un cancer de la prostate subissent des traitements anti-hormonaux visant à bloquer cette production de testostérone. Ceux-ci sont cependant responsables de nombreux effets secondaires, comme des troubles de l’érection, une prise de poids, une baisse de la densité osseuse et une perte de force musculaire, un risque accru de diabète et même, selon une étude parue en 2015 dans la revue Journal of Clinical Oncology, un risque deux fois plus élevé de développer la maladie d’Alzheimer. En fin de compte, estime Henry Botto, la mortalité induite par cette "castration médicale" est "au moins équivalente à celle du cancer lui-même".

Vers une remise en cause des pratiques ?

Le chercheur espère que les résultats de cette étude amèneront la communauté médicale à remettre en cause les traitements anti-hormonaux en cas de cancer de la prostate localisé. Selon lui, une simple "surveillance active" reposant sur des examens réguliers doit suffire lorsque ceux-ci ne sont pas agressifs, car ils évoluent en général très peu ou très lentement. Dans certains cas, il voudrait même voir la supplémentation en testostérone autorisée.

Courant 2019, une nouvelle phase de l'étude va être lancée. Henry Sotto entend cette fois démontrer que l'apport de testostérone après une ablation de la prostate n'augmente pas non plus le risque de récidive du cancer.

Mardi, l'American Cancer Society déclarait dans un rapport que le cancer de la prostate n'était autre que le cancer le plus répandu chez les hommes dans 96 pays, même si le nombre de cas et la mortalité qui leur est associée se sont majoritairement stabilisés ou ont diminué depuis les années 2000. En France, où le cancer de la prostate est le cancer le plus courant chez l'homme, 50.430 nouveaux cas ont été diagnostiqués en 2015 et 8.512 hommes en sont décédés.


La rédaction de TF1info

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