Cancer du col de l’utérus : le dépistage et la vaccination toujours à la peine

Publié le 17 septembre 2019 à 18h15
Cancer du col de l’utérus : le dépistage et la vaccination toujours à la peine
Source : iStock-

BILAN - Les autorités sanitaires ont publié ce mardi les derniers chiffres concernant le cancer du col de l'utérus. Il a causé 1.117 décès en France en 2018 et 2.920 nouveaux cas ont été diagnostiqués. Malgré un recul du nombre de cas depuis 1990, la baisse ralentit depuis 2005. En cause, une mauvaise couverture vaccinale anti-HPV et un dépistage pas assez efficace.

En 2018, 2.920 femmes ont été diagnostiquées d'un cancer de col de l'utérus, tandis que 1.117 patientes ont perdu la vie suite à cette maladie. Ces chiffres, publiés ce mardi dans le nouveau Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) de l'agence sanitaire Santé publique France, classe ce cancer parmi les plus mortels chez les femmes.

Si, depuis 1990, "la mortalité et le nombre de nouveaux cas n'ont cessé de diminuer", cette baisse s'est pour autant ralentie depuis 2005, et ce malgré le développement de deux armes préventives : la vaccination contre le papillomavirus (HPV), responsable de la quasi-totalité des cancers du col de l'utérus, et le dépistage organisé. Car, indique Santé Publique France dans son rapport, "si la vaccination anti-HPV permet d’empêcher l’infection virale persistante des souches oncogènes HPV les plus fréquentes, le dépistage va détecter des lésions précancéreuses qui pourront être traitées à temps avant d’évoluer en cancer invasif".

Une meilleure couverture vaccinale, clé de la lutte contre le cancer du col de l'utérus

En France, la vaccination contre le HPV est préconisée à toutes les jeunes filles de 11 à 14 ans, ainsi qu'aux hommes de moins de 26 ans ayant des relations sexuelles avec d'autres hommes. Mais alors que le Plan Cancer 2014-2019 vise une couverture vaccinale de 60%, elle est en réalité de moins de 25%, soit l'une des plus faibles d'Europe. Pour les autorités sanitaires, cette couverture "très insuffisante" est en grande partie liée à un défaut d’information et à des réticences vis-à-vis du vaccin.

En 2016, 15% des jeunes femmes n’avaient jamais entendu parler de la vaccination anti-HPV, rapporte Santé Publique France. La moitié d'entre elles et trois parents sur cinq ne s'étaient pas vus proposer le vaccin par leur médecin. Parmi ceux ayant entendu parler de la vaccination, 76% des jeunes femmes et 69% des parents estimaient le vaccin efficace pour prévenir le cancer du col de l’utérus, tandis qu'environ 54% des personnes interrogées considéraient que le vaccin pouvait provoquer des effets secondaires graves. Celui-ci a pourtant été considéré comme sûr par la Haute Autorité de Santé.

Pour Santé Publique France, ces résultats "soulignent la nécessité de renforcer la communication sur ce vaccin auprès de la population et auprès des professionnels de santé, à l’instar des campagnes de communication réalisées dans d’autres pays". Un accès simplifié un accès simplifié à la vaccination "comme les programmes de vaccination scolaire, mis en place dans de nombreux pays", pourrait aussi être envisagé.

Le dépistage organisé fondé sur le test HPV, autre élément indispensable

Si la prévention primaire est importante, la prévention secondaire, avec le dépistage, l'est tout autant. L'année dernière, les autorités sanitaires ont lancé un programme de dépistage organisé pour les femmes de 25 ans à 65 ans. Ce programme "a pour objectif d'augmenter la couverture du dépistage pour atteindre 80%", soit vingt points de plus qu'actuellement, affirme le BEH.

Au-delà de la volonté de toucher les 17 millions de femmes concernées par ce dépistage, la question des outils se pose aussi. Car, alors que la France utilisait jusque-là le frottis en outil de première intention, la HAS vient d’actualiser ses recommandations pour préconiser désormais l'utilisation du test HPV chez les femmes de 30 ans et plus, avec un allongement de la période entre deux dépistages, passant de tous les trois ans à tous les cinq ans. Plus précis, ce test permet d'identifier les virus de la famille des papillomavirus, et donc d'indiquer s'il y a, ou non, un risque futur de développer un cancer. Pour les femmes de moins de 30 ans en revanche, les recommandations restent inchangées, avec un frottis tous les trois ans. Dès qu'il sera mis en place, il permettra de sauver de nombreuses vies. Pour Santé Publique France, il ne fait en tout cas plus aucun doute que l'élimination du cancer du col de l'utérus passe non seulement par "une meilleure couverture de la vaccination contre le HPV", mais aussi par "un programme de dépistage organisé fondé sur le test HPV".


La rédaction de TF1info

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