Coronavirus : en quoi consiste le test de dépistage ?

Publié le 24 février 2020 à 17h14, mis à jour le 25 février 2020 à 10h01
Coronavirus : en quoi consiste le test de dépistage ?
Source : Thomas SAMSON / AFP

INTERVIEW – Le ministre de la Santé Olivier Véran a annoncé que la France allait renforcer ses "capacités de diagnostic" du coronavirus grâce à une hausse du nombre d’établissements médicaux capables de réaliser le test de dépistage. En quoi consiste ce test ? Une scientifique de l'Institut Pasteur, où il a été développé, nous éclaire.

Pour lutter contre le coronavirus, Olivier Véran, le nouveau ministre de la Santé, a indiqué dimanche au Parisien l’augmentation du "nombre de laboratoires équipés en tests de diagnostic pour atteindre une capacité de plusieurs milliers d’analyses par jour et sur tout le territoire, contre 400 aujourd’hui".

Mais en quoi consiste ce test ? Comment se déroule-t-il ? Qui peut se faire dépister ? Pour répondre à ces questions, LCI a interrogé Sylvie Behillil, responsable adjointe au Centre national de référence des virus respiratoires à l’Institut Pasteur, où a été développé le test.

LCI : Comment fonctionne ce test ?

Sylvie Behillil : C’est un test de détection par biologie moléculaire. Nous réalisons des prélèvements respiratoires dans lesquels nous recherchons la présence du virus. L’échantillon prélevé nous permet d’avoir un équivalent de charge virale. Nous savons ainsi s’il est chargé en virus ou non.

Coronavirus : symptôme, protection... tout savoir sur la maladieSource : JT 13h Semaine

Nous ne détectons pas des personnes juste parce qu’elles ont envie de savoir
Sylvie Behillil, responsable adjointe du Centre national de référence des virus respiratoires à l'Institut Pasteur

Tout le monde peut-il être testé ?

Non. Nous ne détectons pas des personnes juste parce qu’elles ont envie de savoir. En France, tout est organisé. Pour être testée, une personne doit être classée comme "cas possible" à ce virus. Ce classement est effectué par le Samu et un infectiologue référent. Par exemple, si un individu est rentré de la région de Wuhan (Chine) depuis moins de 14 jours et qu’il a un syndrome grippal avec de la fièvre, il va être classé comme "cas possible". Il va alors être isolé dans un établissement de santé de référence (ESR) où va être réalisé le test.

Comment se déroule le test ?

Il peut se réaliser par crachat. Souvent, les patients ont une infection respiratoire, donc ils ont des glaires et crachent facilement. Si ce n’est pas le cas, un kinésithérapeute peut aider la personne à cracher, puisque nous ne voulons pas de la salive mais un prélèvement profond. Sinon, nous effectuons un prélèvement naso-pharyngé qui est très simple. C’est comme un long coton-tige, introduit assez profondément dans le nez. Le liquide prélevé, ou alors une partie du crachat, va ensuite être analysé.

Combien de temps faut-il pour procéder à l’analyse ?

Tout d’abord, les analyses s'effectuent dans des laboratoires de haute sécurité. Le temps de s’habiller, de numéroter les prélèvements, de réaliser l’analyse... Tout cela prend du temps. Au total, il faut entre 3 et 5 heures.

L’épidémie est désormais aux portes de la France, avec plusieurs dizaines de contaminations en Italie. Est-il vraiment possible d'augmenter le nombre d’établissements médicaux capables de réaliser ces tests, comme le souhaite le ministre de la Santé ?

Il y en a déjà un certain nombre. Il va sans doute y en avoir d’autres, mais cela ne se met pas en place en quelques heures. Ce test a déjà été envoyé à d’autres hôpitaux, notamment des ESR. Nous allons sans doute l’envoyer également à d’autres. Mais c’est à chaque laboratoire de le tester et de le mettre en pratique quotidiennement. Il faudra donc attendre quelques jours pour que tout soit opérationnel à 100%.


Idèr NABILI

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