Danger de l'été : quelles sont les précautions à prendre pour éviter l'hydrocution ?

Publié le 26 juillet 2019 à 11h44

Source : JT 13h WE

PRÉVENTION - Se baigner dans l'eau fraîche d'un lac ou d'une piscine, voilà une bonne idée pour échapper aux chaleurs de l'été. Mais cela n'est pas sans danger en raison des risques d'hydrocution, et donc de noyade. Pour s'en prémunir, on a demandé conseil au docteur Jean-François Pujol, pédiatre à l'hôpital de Libourne.

"Il suffit de quelques secondes pour qu'une vie bascule." Face à l'inquiétante augmentation du nombre de noyades, qui ont déjà tué 58 personnes depuis début juillet, selon le chiffre communiqué par Christophe Castaner, le gouvernement reprend son bâton de pèlerin. Ainsi, la ministre des Sports Roxana Maracineanu et Adrien Taquet, secrétaire d'Etat auprès de la ministre de la Santé, chargé de la protection de l'enfance, se sont rendus jeudi après-midi sur l'île de loisirs de Cergy-Pontoise (Val d'Oise) pour alerter sur les risques de noyades et d'hydrocution en période de forte chaleur.

Il faut dire que ce choc thermique, qui se manifeste sous la forme d'un malaise brutal, survient lorsqu'il y a une différence trop importante entre la température du corps et celle de l'eau. Il résulte bien souvent d'une immersion trop brutale dans l'eau froide après une exposition prolongée au soleil. Résultat, le cœur peut flancher et l’issue être fatale. Et plus la différence est importante, plus le risque est grand. On a interrogé le docteur Jean-François Pujol, pédiatre à l'hôpital de Libourne (Sud-Ouest) pour savoir quelles sont les recommandations à suivre pour éviter le pire. 

Affluence sur les bases de loisirs : attention aux noyadesSource : JT 20h WE

"Une question de bon sens"

• Tout d'abord, on s'abstient de se baigner après le déjeuner : "Ce vieil adage qui consiste à dire qu'il ne faut pas se baigner pendant la digestion (soit une à trois heures après un repas) est plus que jamais de mise, même si médicalement rien n'interdit de se baigner pendant ce laps de temps, indique le pédiatre. C'est en fait une question de bon sens. Je rappelle qu'après le repas de midi, les petits enfants sont supposés faire la sieste. Par ailleurs, entre 12h et 16h, c'est aussi le moment le plus chaud de la journée car le plus exposé au soleil. Pour ces raisons, ce n'est vraiment pas le bon créneau pour aller se baigner".

On rentre progressivement dans l'eau. A bannir donc les plongeons et autres sauts périlleux lorsque l'on va se baigner, même si la tentation est grande pour se rafraîchir au plus vite. "Ce n'est pas conseillé car le corps va être saisi, particulièrement lorsque l’eau est froide et que l'on s'est exposé au soleil. Et on sera d'autant plus tétanisé quand on est fatigué ou si on a des problèmes cardiaques, souligne notre spécialiste. Il est donc recommandé, notamment quand il fait très chaud, de rentrer dans l'eau progressivement. On mouille au préalable les bras, le ventre et la nuque. Mais là aussi, c'est plus du bon sens que de la médecine. Après, une fois que le corps s'est habitué à la température de l'eau, rien n'empêche de s'adonner aux plaisirs de la baignade comme on on le souhaite".

On fait attention à la température. "Plus l'enfant est jeune, plus il va se refroidir vite. Donc il faut se méfier d'une eau qu'on va trouver bonne parce qu'il fait 40°c dehors, comme dans l'océan par exemple où la température de l'eau oscille autour de 23°C, car un petit va rapidement s'y refroidir, et ce même s'il y rentre facilement", avance-t-il. 

On ne néglige pas la surveillance. "Si un enfant est victime d'hydrocution et fait un malaise, s'il est entouré d'adultes qui le voient, il sera aussitôt sorti de l'eau et il n'y aura pas de problème", insiste Jean-François Pujol, qui rappelle que lorsqu'un enfant se noie, c'est surtout parce qu'il est victime d'un manque de surveillance (cela concerne 3 noyades sur 4 chez les enfants de moins de 6 ans, ndlr). Et le thérapeute de pointer du doigt les piscines privées qui statistiquement restent les lieux où les noyades sont le plus fréquentes par rapport à une plage publique ou à une piscine municipale. "Du coup, dans ce cas là, un adulte doit impérativement être nommé surveillant. Car le problème, c'est que bien souvent chaque parent se repose sur un autre adulte, en pensant qu'il va faire le nécessaire, et c'est comme ça que la catastrophe arrive".

Quels sont les signes qui doivent alerter ?

Enfin, sachez que l’hydrocution n’est pas forcément instantanée. Une personne peut ressentir des sensations de malaise, des frissons, des crampes, des maux de tête ou même des démangeaisons. Le problème, c'est que chez les jeunes enfants les signes sont très difficiles à repérer, notamment parce qu'ils ne savent pas exprimer ce qu'ils ressentent. Ce qui doit vous alerter ?  "Concernant un bébé ou un jeune enfant, s'il devient moins actif, si ses lèvres commencent à pâlir, à fortiori si elles deviennent bleues et si vous sentez que ses extrémités sont froides, sortez-le de l'eau immédiatement", conclut le pédiatre.


Virginie FAUROUX

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