Ils peuvent propager le coronavirus à de nombreuses personnes : qui sont les "super-spreaders" ?

Publié le 17 février 2020 à 16h47, mis à jour le 18 février 2020 à 12h20

Source : JT 20h WE

TROIS QUESTIONS À... – Alors que l’épidémie de coronavirus ne faiblit pas, certains patients semblent avoir une force de contamination plus élevée que la moyenne. Appelés "super-spreaders", ils peuvent propager le virus à des dizaines de personnes autour d’eux, sans le savoir. Une chercheuse du CNRS nous éclaire sur ce mystérieux phénomène.

Ils sont appelés les "super-spreaders", ou "super-propagateurs" en bon français. Ces individus n’ont pas de super-pouvoirs, mais un don pas vraiment enviable : celui de contaminer facilement les personnes autour d’eux. Un "super-spreader" a ainsi récemment été contaminé par le coronavirus. S’il est désormais guéri, Steve Walsh, un homme d’affaires britannique, a cependant eu le temps de propager le Covid-19 à une quinzaine de personnes, dont des Français, aux Contamines-Montjoie (Haute-Savoie). 

Zoom sur cet étrange phénomène avec Sandrine Belouzard, chercheuse du CNRS.

Les "super-spreaders", est-ce nouveau ?

"Ce phénomène de patients qui contaminent davantage de personnes que la moyenne est connu" et avait déjà été repéré "pour d’autres virus, comme Ebola dernièrement", indique à LCI Sandrine Belouzard, qui travaille au centre d’infection et d’immunité de Lille.

"Pendant l’épidémie de Sras (2003) ou celle du Mers, notamment en Corée du Sud, en 2015, il y avait déjà eu des ‘super-spreaders’", rappelle-t-elle. "Le Mers avait fait 185 cas en Corée, mais 75% d’entre eux pouvaient être reliés à seulement trois personnes. Le premier patient revenu en Corée depuis le Moyen-Orient (d’où était partie l’épidémie) était un 'super-spreader'. Il avait contaminé deux autres ‘super-spreaders’, et ces trois personnes avaient donc été responsables de trois quarts des infections !"

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Comment expliquer ce phénomène ?

Cette contagion spectaculaire "peut s'observer mais ne s’explique pas", regrette Sandrine Belouzard. Elle émet toutefois une hypothèse : "est-ce lié à la charge virale, c’est-à-dire la quantité de virus que chacun produit et qui serait plus haute chez les 'super-spreaders' ? Peut-être, mais ce n’est pas démontré".

Pourtant, la différence entre les "super-spreaders" et le reste de la population est flagrante : si un patient atteint du coronavirus peut contaminer "2 à 3 personnes" en moyenne, un "super-spreader" est, lui, capable de le propager à plusieurs dizaines d’individus autour de lui. À ce jour, le record connu est de 29 personnes contaminées par un seul "super-spreader".

Peut-on reconnaître un "super-spreader" ?

Si cette faculté à transmettre facilement le virus reste  donc "un mystère", est-ce cependant possible de reconnaître les ‘super-spreaders’ ? "Oui, mais seulement a posteriori", répond la chercheuse du CNRS. Lorsque un patient est contaminé, "nous regardons au sein des personnes avec qui il a été en contact celles qui sont également infectées. Nous supposons alors par qui il a été contaminé", détaille la chercheuse. Reconnaître un "super-spreader" est donc "rétrospectif : il faut remonter la chaîne de transmission". 

Impossible donc de savoir si vous bénéficiez de cette "force" de contamination avant d’être infecté...


Idèr NABILI

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