La durée d'incubation du coronavirus en fait beaucoup plus longue ? Pourquoi il ne faut pas s'en inquiéter

Publié le 12 février 2020 à 15h53, mis à jour le 12 février 2020 à 15h59

Source : JT 20h Semaine

ZOOM – Selon une étude chinoise, la durée d’incubation du coronavirus, c’est-à-dire le temps écoulé entre le moment de l’infection et l’apparition des symptômes, pourrait être de 24 jours, et non de 14 comme initialement estimé. Des chercheurs du CNRS nous expliquent pourquoi il ne faut pas s’inquiéter pour autant.

À première vue, c’est une étude qui a de quoi effrayer. Selon des chercheurs chinois qui ont analysé les données de 1.099 patients atteints du Covid-19 et hospitalisés en Chine, la durée d’incubation du coronavirus serait plus longue que nous le pensions initialement. Cet indicateur correspond au temps qui s’écoule entre le moment de l’infection du virus dans le corps et l’apparition des symptômes. Pour limiter la contamination, une mise en quarantaine de 14 jours est régulièrement effectuée chez les personnes potentiellement touchées par le coronavirus. Pourtant, selon cette étude dont les chercheurs ont diffusé les résultats avant même sa publication, la durée d’incubation pourrait être de... 24 jours ! Des chercheurs du CNRS expliquent à LCI pourquoi il est trop tôt pour s’inquiéter.

"Pour l’instant, la durée maximale d’incubation était évaluée à 14 jours et effectivement, dans l’étude clinique, des cas où la période d’incubation était de 24 jours ont été trouvés", indique François Buton, sociologue spécialiste de l’épidémiologie. "Mais pour le moment, nous n’avons pas de données plus précises, nous savons uniquement que la durée d’incubation se situe entre 0 et 24 jours, et que la médiane est de 3 jours. Cela signifie que parmi les cas hospitalisés dans la région de Wuhan, 50% ont eu une durée d’incubation de moins de 3 jours et 50% de plus de 3 jours."

"Ce sont des cas rares"

Cette médiane de 3 jours est d’ailleurs très rassurante. "Nous pouvons penser que cela suit une loi d’évolution normale, et que les cas d’incubation mesurés entre 14 et 24 jours sont assez rares", analyse François Buton. "L’intervalle de temps de 0 à 24 signifie juste que le temps le plus long est de 24 jours. Mais peut-être est-ce une observation pour une seule personne et que l’ensemble des autres patients se situent entre 0 et 10 jours", continue de son côté Sandrine Belouzard, chercheuse du CNRS au centre d’infection et d’immunité de Lille, qui regrette le manque de données à propos de cette étude.

Pour mieux comprendre cet intervalle, François Buton compare cette situation aux accidents de vélo. "Le chiffre de 24 jours fait un peu peur, mais c’est un peu comme si nous disions que les accidents de vélo à Paris vont de l’âge de 5 ans à 95 ans", explique-t-il. "Oui, il y a eu une personne de 95 ans qui a eu un accident de vélo, mais on sait que la probabilité qu’une personne de 95 ans fasse du vélo est assez faible."

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Le délai de quarantaine repoussé ?

Toutefois, alors que le délai de mise en quarantaine est actuellement de 14 jours, cette nouvelle étude pose question. Les personnes ayant été relâchées après deux semaines de confinement pourraient-elles avoir transmis le virus dans les 10 jours qui ont suivi leur libération ? "Par définition, il y a toujours un risque, mais il est sans doute très faible", répond François Buton. 

Un risque suffisant pour étendre la durée de mise en quarantaine jusqu’à 24 jours ? "Juste avec cette étude, nous ne pouvons pas tirer de conclusions sur la durée de la mise en quarantaine", répond Sandrine Belouzard. "Quand nous aurons des données plus précises, peut-être que la quarantaine sera repoussée de 14 jours à 17 ou à 20. Mais une médiane de 3 jours laisse penser que, par exemple, 95% des cas sont entre 0 et 14 jours", et qu’un allongement de la durée de quarantaine ne semblerait alors pas justifié, explique de son côté François Buton.

D’autant que rien n’indique pour l’heure que les personnes atteintes par le coronavirus puissent le transmettre autant de temps après l’infection. "Nous ne connaissons pas encore le lien entre incubation et contamination", raconte le chercheur. "Est-ce qu’avec une incubation lente, le système immunitaire se défend mieux et la contamination est moindre ? Nous ne le savons pas."


Idèr NABILI

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