Ménopause : le vrai du faux sur un phénomène encore trop tabou

Publié le 24 novembre 2023 à 17h00

Source : Sujet TF1 Info

Entre méconnaissance et tabou, la ménopause, étape naturelle de la vie des femmes, est souvent laissée de côté.
Une spécialiste nous éclaire pour démêler le vrai du faux sur ce phénomène.

La ménopause est encore taboue : 39% des Français disaient ne jamais en parler dans une enquête de l'institut Kantar parue en 2020, tandis que seule une femme sur deux confiait l’avoir évoquée avec son conjoint.

Pourtant, ce sujet trop souvent réduit au silence est complexe, et reste une étape naturelle de la vie des femmes. Mais nombreuses sont les idées reçues à son propos. Il y a trois ans, nous avions interrogé Florence Trémollières, présidente du groupe d’étude sur la ménopause et le vieillissement hormonal, professeur de gynécologie au CHU de Toulouse et directrice du seul centre de ménopause universitaire de France, pour démêler le vrai du faux. 

La ménopause n’intervient qu’après 50 ans

FAUX. "Il y a environ 10 à 15% de femmes qui font une insuffisance ovarienne prématurée, c’est-à-dire avant 40 ans. En France, l’âge moyen de la ménopause est de 51 ans. Il y a aussi des femmes qui font une ménopause tardive, après l’âge de 55 ans, mais ce n’est pas très fréquent, cela concerne moins de 5% des femmes."

La ménopause est une maladie

FAUX. "C’est une étape physiologique de la femme, sous réserve qu’elle survienne à l’âge habituel de la ménopause, c’est-à-dire autour de la cinquantaine. Si cela survient avant, et plus particulièrement avant 40 ans, alors c’est effectivement une maladie."

La ménopause est un sujet tabou

VRAI. "Dans certains milieux sociologiques, c’est encore un tabou. La ménopause est souvent considérée par beaucoup de monde comme un marqueur de la vieillesse des femmes. Au-delà de la perte de la possibilité de se reproduire, elle est souvent assimilée à la perte de la féminité, avec la perte des hormones. C’est en train de changer, mais c’est ce qui a souvent prévalu pour expliquer pourquoi cela reste un sujet tabou."

La ménopause entraîne une prise de poids

FAUX. "La prise de poids débute bien avant la ménopause, entre 40 et 45 ans. Elle ne s’accentue pas forcément avec la ménopause, même si elle entraîne une modification de la composition corporelle, c’est-à-dire une accumulation de graisse au niveau abdominal. Il y a clairement une augmentation du tour de taille, même si le poids ne se modifie pas beaucoup ou pas du tout chez certaines femmes lors de la ménopause."

La ménopause entraîne des troubles de l’humeur

VRAI. "Cela s’explique par la carence en œstrogène, qui va jouer sur un certain nombre de neuromédiateurs cérébraux et qui vont être responsables de troubles de l’humeur. Ils sont néanmoins très variables et prennent une expression très différente d’une femme à l’autre. Ces troubles sont assez fréquents. En 2013, nous avions fait une enquête à cet égard dans le cadre de la société de ménopause française : entre 30 et 40% des femmes âgées de 51 à 55 ans étaient concernées par des changements d’humeur."

Il existe des traitements contre les symptômes de la ménopause

VRAI. "Le traitement hormonal de la ménopause consiste à redonner les hormones que produisait au préalable l’ovaire quand il fonctionnait, c’est-à-dire l’œstradiol et la progestérone, et permet de corriger la totalité des troubles. Tant que le traitement est pris, il n’y a plus de trouble. Il est complètement efficace sur ceux en relation directe avec la carence hormonale : bouffées de chaleur, sueurs nocturnes, troubles du sommeil, douleurs ostéo-articulaires, et tout ce qui est en rapport avec la sphère génito-urinaire, tels que les sécheresses vaginales, les troubles sexuels et les troubles urinaires."

Avoir des rapports sexuels fréquents permet de retarder la ménopause

FAUX. "Cela n’a aucun rapport. Le seul lien qu’il peut y avoir concerne la sécheresse vaginale, qui est l’une des principales conséquences de la carence hormonale. Cette sécheresse est pour partie limitée chez les femmes qui gardent une activité sexuelle régulière. Mais ce sont des conséquences fonctionnelles de la ménopause, cela n’a rien à voir avec la ménopause en tant que telle."


Idèr NABILI

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