Opioïdes : l’Agence du médicament réduit la durée de prescription du Tramadol

Publié le 16 janvier 2020 à 13h26
Opioïdes : l’Agence du médicament réduit la durée de prescription du Tramadol
Source : iStock

ANTI-DOULEUR – L’Agence du médicament a décidé que la durée de prescription du Tramadol ne serait plus que de 3 mois au lieu d’un an, pour limiter les mauvais usages et le risque de dépendance à cet opioïde. Une décision qui prendra effet le 15 avril.

Le Tramadol ne pourra bientôt plus être prescrit que pour une durée maximum de 3 mois au lieu d’un an auparavant. L’Agence du médicament (ANSM), en annonçant cette décision, explique vouloir ainsi limiter les risques de mauvais usage de ce médicament de la famille des opioïdes. Cette mesure entrera en vigueur le 15 avril, précise l’agence sanitaire. Elle reste vigilante sur ces produits, même si en France la situation est sans commune mesure avec la catastrophe sanitaire que connaissent les États-Unis , où les opioïdes obtenus sur ordonnance ont causé 17.087 décès en 2016.

Au-delà de 3 mois, la poursuite du traitement par Tramadol (voie orale), seul ou associé à d’autres molécules (paracétamol dans Ixprim par exemple), nécessitera une nouvelle ordonnance, indique l’ANSM. "Pour renouveler l’ordonnance, le patient devra revenir chez le médecin, cela permettra de réévaluer la douleur, s’il n’en prend pas trop et risque de devenir dépendant", explique l’AFP Nathalie Richard, directrice adjointe des médicaments antalgiques et des stupéfiants. "Il y a encore des médecins et des pharmaciens qui ne savent pas ce qu’est un opioïde", déplore-t-elle.

Un médicament qui peut entraîner une dépendance

Contrairement aux autres anti-douleurs (paracétamol, aspirine…), les opioïdes, qui regroupent les médicaments qui présentent les mêmes propriétés que l’opium, peuvent entraîner une forte dépendance. Ils exposent donc à un risque de dépendance, de surdosage et de dépression respiratoire pouvant conduire au décès. Des problèmes en hausse en France ces dernières années.

Le nombre d’hospitalisations liées à la consommation des médicaments opioïdes a presque triplé (+167%) entre 2000 et 2017, tandis que le nombre de décès a bondi de 146% entre 2000 et 2015, avec "au moins quatre décès par semaine", selon un rapport de l’ANSM rendu public en février 2019. De plus, les enquêteurs du réseau addictovigilance montrent un "mésusage croissant" du Tramadol.

C’est ainsi le premier antalgique opioïde cité dans une enquête de 2018 sur les usages problématiques, à la fois chez les usagers de drogue, mais également dans la population générale pour les traitements de la douleur. On observe une dépendance avec des signes de sevrage survenant même lors de prises à doses recommandées et sur une courte période, entraînant une prise persistante par des patients qui ne présentent plus de douleur.

La dépendance aux opioïdes ravage les États-UnisSource : JT 20h WE

"Pas le plus puissant des opioïdes"

Le Tramadol est le premier antalgique impliqué dans les décès liés à la prise d’antalgiques, devant la morphine (enquête DTA données 2017), et le deuxième le plus fréquemment retrouvé sur les ordonnances falsifiées présentées en pharmacie, derrière la codéine (enquête OSIAP données 2018). Il expose en outre à un risque de convulsions.

"Le Tramadol n’est pas le plus puissant des opioïdes, mais les risques de dépendance sont les mêmes quel que soit l’opioïde (dont la codéine)", assure Nathalie Richard auprès l’AFP. En même temps, poursuit-elle, il faut continuer à traiter la douleur et l’on a toujours un rapport bénéfice/risque favorable pour le Tramadol, sous réserve d’un bon usage. Le Tramadol comme la codéine sont des opioïdes faibles, sur ordonnance depuis juillet 2017. La morphine, l’oxycodone et le fentanyl sont des opioïdes forts, classés comme stupéfiants, délivrés sur ordonnances sécurisées.

En dehors des usagers de drogue, les personnes qui prennent des opioïdes faibles sont plutôt des femmes, d’âge médian de 62 ans.


La rédaction de TF1info

Tout
TF1 Info